Avec Siv B. Lie (doctorante en ethnomusicologie à l'univerisité de New York, rattachée au CREM pour l'année 2013-2014) et Gigi Loeffler (musicien manouche)
En France, les Manouches sont vus tantôt en parias, tantôt en héros culturels. Certains Manouches utilisent leur capital culturel en tant qu’artistes pour critiquer ce qu'ils perçoivent comme une hypocrisie, tout en valorisant les qualités musicales et non-musicales de leurs communautés. Cette présentation commence par définir le genre du jazz manouche, avant d’envisager les possibilités et les limitations de la performance du jazz manouche comme un moyen d’activisme culturel pour les communautés manouches en France.
Le jazz manouche est basé sur l’œuvre du guitariste manouche Django Reinhardt dans les années 30-50, un œuvre qui a été adoptée par certaines communautés manouches comme une pratique culturelle et un emblème de leur ethnie. Le jazz manouche se joue sur scène et en famille, est transmis de façon orale, et lie les unes aux autres des générations de Manouches. Cette musique représente aussi un pont entre des mondes manouches et non-manouches. Par la musique elle-même et par d’autres supports, des musiciens manouches montrent une volonté à déterminer pour eux-mêmes leurs représentations publiques. Cette présentation aborde la question de l’efficacité de l’activisme. Il s'agira de déterminer entre autres si, surtout en ce qui concerne les pratiques expressives non verbales, les performances qui ne sont pas ouvertement formulées comme des interventions politiques peuvent être considérées comme de l’activisme culturel.
Siv B. Lie, née aux Etats-Unis, est doctorante en ethnomusicologie à New York University. Elle fait actuellement son travail du terrain pour sa thèse sur la politique culturelle du jazz manouche en France. Siv est également coordinatrice de l’Initiative for Romani Music à New York University, et ancienne directrice de Raklorom, le premier ensemble de musique romanès de son université.
Gigi Loeffler est musicien, auteur, compositeur, et interprète de la musique de Django Reinhardt. Il est issu du milieu manouche en Alsace, et s’associe régulièrement à des projets destinés à faire rayonner le jazz de sa famille et de sa région. Il est créateur, organisateur et professeur de l’école jazz Swing and Feelings, qui existe depuis 2007.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.