L’anthropologie contemporaine, dans ses développements récents, a considérablement élargi ses objets d’interrogation et de considération ; dans son tournant « ontologique » elle invite à reconnaître le statut de sujet à des vivants non-humains, mais aussi à des non-vivants, en les dotant par exemple d’une intériorité, d’une capacité à signifier, ou d’une agency. Être pierre, être fleuve, être forêt, penser comme une bête, penser comme une ligne : autant des modes d’être désormais rassemblées sur une même scène ontologique ou politique, puisque c’est avec chacune de ces formes de vie que nous avons à nous lier, et qu’à chacune de ces choses (à son silence) il s’agit de prêter l’oreille.
Or je crois que la poésie a son mot à dire (et plus qu’un mot) dans cet élargissement, elle qui est l’élargissement même. Avant tout lorsqu’elle travaille à s’adresser, avec audace et sérieux, à ce qui ne pourra pas répondre, à ce qui n’entend pas, à ce qui parfois même n’existe pas, ou plus : un mort, un arbre, ma douleur, le temps lui-même — toutes « choses » que les poètes ne craignent ni d’interroger, ni de plaindre, ni même d’obliger, mais qu’ils se refusent la plupart du temps à faire parler, prenant justement acte du fait qu’elles ne parlent pas (ou pas comme ça), faisant preuve d’un tact dont d’autres discours, « chants sans scrupules », ne se montrent pas toujours capables.
« Anthropologie à Nanterre » est un séminaire d’anthropologie généraliste, organisé par le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative et le Département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre. Le séminaire a lieu un mardi sur deux de 14h à 16h à la MSH Mondes, bâtiment René-Ginouvès, salle 308F (3e étage).
Le programme : semestre 2
Les séances sont ouvertes à toutes et tous.
Organisation : Estelle Amy de la Bretèque, Emmanuel de Vienne (semestre 1) ; Pascale Dollfus, Anne Yvonne Guillou (semestre 2)