Les missionnaires jésuites dépeignent les sociétés autochtones des Llanos de Moxos (actuellement en Bolivie) comme des exemples typiques de sociétés “contre l’État”, au sein desquelles se pratiquaient “la guerre de tous contre tous”. Dans ces conditions, comment est-il possible que quelques religieux européens aient pu transformer ces guerriers nombreux et aguerris en néophytes dociles et obéissants ? Selon les jésuites, le succès de leur entreprise évangélisatrice est à mettre au compte de la Providence divine qui rend connexes les extrêmes: les autochtones acceptèrent volontiers la “paix jésuite” parce qu’ils en avaient assez de la guerre. Dans cet exposé, on proposera toutefois une hypothèse différente. En intégrant les missions, les guerriers autochtones ne déposèrent pas leurs arcs et leurs flèches, mais devinrent des soldats du Christ et continuèrent de faire la guerre aux groupes voisins. Les néophytes prenaient d’assaut par surprise les villages des “infidèles”, capturaient autant de femmes et d’enfants qu’ils pouvaient, les ramenaient à leur mission ; ils logeaient leurs captifs dans leurs propres maisons et les plaçaient sous leur protection. On argumentera donc que, loin de disparaître sous le régime jésuite, la guerre autochtone s’y est maintenue et a même joué un rôle moteur dans l’expansion missionnaire.
La présentation sera réalisée en espagnol.
Cliché : Néophyte autochtone avec arc et flèches, gravure, in Francisco Xavier Eder, Descriptio provinciae moxitarum in regno peruano, Budapest, 1791.
La guerra indígena y la expansión jesuita: misiones de Moxos (siglos XVII-XVIII)
En los testimonios de los misioneros de la Compañía de Jesús, las sociedades nativas de los Llanos de Moxos (actual Bolivia) aparecen como típicos ejemplos de “sociedades contra el Estado” donde se hacía una “guerra de todos contra todos”. ¿Cómo es posible, entonces, que un pequeño número de religiosos europeos pudiera domar a una gran población de guerreros valientes y transformarlos en neófitos dóciles y obedientes? Según los jesuitas, el éxito de su empresa evangelizadora se debió a la providencia divina que hacía que los extremos se tocaran: cansados de vivir en un estado constante de guerra, los indígenas aceptaron gustosamente la “pax jesuitica”. En esta conferencia, sin embargo, propongo una hipótesis diferente: al entrar en las misiones, los guerreros indígenas no depusieron sus arcos y flechas sino se hicieron soldados de Cristo y continuaron la guerra a los grupos circunvecinos. En esta guerra, los neófitos asaltaban por sorpresa a los pueblos de infieles, cautivaban cuantos mujeres y niños podían y los conducían a su reducción. Los cautivadores alojaban a los cautivos en sus casas particulares y los ponían bajo su protección. Argüyo que, lejos de desaparecer bajo el régimen jesuítico, la guerra indígena se mantuvo como una fuerza motora de la expansión misional.
Le séminaire de l’EREA (Enseignement et recherche en ethnologie amérindienne) est un espace de discussion, ouvert à tout public, flexible et modulable, qui a pour vocation de stimuler les échanges entre la formation américaniste du département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre et les chercheurs du Centre ainsi que des invités extérieurs. Tout en étant un foyer de réflexion sur les recherches américanistes en cours, il sert également de plate-forme pour la divulgation des travaux des doctorants, post-doctorants et chercheurs associés.
Sous forme de présentations individuelles, de cycles thématiques ou de demi-journées d’étude, il apporte ainsi un espace de recherche complémentaire aux réunions du Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) et au Groupe d’enseignement et de recherche sur les Mayas et la Mésoamérique (GERM).
Certaines séances sont disponibles en replay sur la chaîne Erea de Canal U.
Organisation : Valentina Vapnarsky, Aline Hémond, Philippe Erikson et Vincent Hirtzel
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.