Dans cette intervention, Catherine Remy souhaite revenir sur une enquête ethnographique qu'elle a menée il y a quelques années dans des laboratoires où des chercheurs tentent de mettre au point des xénogreffes. Cette pratique qui vise à transplanter des organes d'animaux sur des patients humains est encore expérimentale: les chercheurs travaillent en laboratoire sur des cochons « humanisés », c'est-à-dire génétiquement modifiés, et des babouins qui sont substitués aux patients humains. Après avoir rappelé les raisons qui l'ont poussée à étudier cet objet, elle évoquera la réalisation de cette enquête difficile: au cours de celle-ci, les acteurs vont s'engager avec elle dans un jeu d'inclusion/exclusion.
Si elle réussit à observer des xénogreffes et à participer à des réunions ou des conférences, de nombreux pans de la pratique resteront obscurs ou inobservables. Dans un premier, elle vivra cette difficulté comme un échec de l'enquête elle-même. Dans un second temps, elle se rendra compte que cette résistance des acteurs à ma présence et mon regard est en réalité le résultat majeur de cette recherche. Elle est un révélateur du secret qui entoure l'expérimentation animale, mais aussi des limites du tolérable pour ceux qui aujourd'hui réalisent des expériences «dures» sur des êtres sensibles.
« Anthropologie à Nanterre » est un séminaire d’anthropologie généraliste, organisé par le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative et le Département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre. Le séminaire a lieu un mardi sur deux de 14h à 16h à la MSH Mondes, bâtiment René-Ginouvès, salle 308F (3e étage).
Le programme : semestre 2
Les séances sont ouvertes à toutes et tous.
Organisation : Estelle Amy de la Bretèque, Emmanuel de Vienne (semestre 1) ; Pascale Dollfus, Anne Yvonne Guillou (semestre 2)