Organisation : Sophie Houdart, Christine Jungen et Vanessa Manceron
Il s’agit, dans cet atelier, d’envisager l’échelle des êtres comme un paramètre pertinent de description, d’analyse et de compréhension des pratiques de savoir. L’entreprise procède d’un constat : des développements scientifiques et techniques majeurs, à l’ère moderne, ont donné naissance ou ont permis la reconnaissance de petits êtres, des êtres si petits – invisibles parfois – qu’ils requièrent souvent la conception de dispositifs particuliers (comme le microscope) pour les rendre visibles. En sus de la difficulté à les voir ou attester de leur présence, les petits êtres sont intéressants pour l’anthropologie en ce que leurs propriétés sont souvent instables (c’est le cas des nanoparticules, par exemple) et que, souvent groupés en tas, en masse, ou ayant tendance à proliférer, ils peinent à être reconnus comme des individualités. Plutôt que de les considérer comme des unités ne servant le plus souvent qu’à donner la mesure d’autre chose, nous aimerions comprendre jusqu’à quel point les petits êtres sont ainsi pensables en eux-mêmes, et non pas seulement dans ce qu’ils contribuent, avec d’autres, à former. Pour toutes ces raisons, les petits êtres, qu’ils soient animés ou inanimés, semblent offrir une prise inédite pour capter des dynamiques d’ontologisation – dynamiques par lesquelles certains éléments se voient attribuer ou reconnaître, parfois provisoirement, des capacités d’existence et d’action autonome.
Nous partirons donc de l’hypothèse de travail suivant laquelle ces êtres, parce que trop petits pour être immédiatement ou facilement saisissables à l’échelle du corps humain, ont une ontologie propre qui entre pour une part active dans les processus d’innovation et de création. L’atelier se concentrera ainsi sur des opérations que nous supposons comparables : opérations de définition, d’individualisation, d’amplification ou de réduction, de rapprochement ou d’éloignement (de zoomage et dézoomage), etc.