Cette rubrique donne un aperçu des publications récentes des chercheurs du LESC. Des listes plus exhaustives peuvent êtres trouvées sur les pages individuelles des membres.

 

Éric de Dampierre: Social Scientist and Discreet Builder of French Ethnology

L’auteure, une de ses anciennes étudiantes, retrace les activités et les contributions académiques, éditoriales et intellectuelles d’Éric de Dampierre (1928-1998). En s’appuyant sur des documents publiés et inédits, ainsi que sur des conversations personnelles, elle évoque le début de sa carrière, sa direction du département d’ethnologie et de son institution sœur, le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative, tous deux à l’université de Paris X-Nanterre ; son rôle dans l’édition ; son travail de terrain chez les Nzakara (Zande) dans l’est de la République centrafricaine ; et les principaux thèmes de ses recherches. Du fait de son travail de terrain méticuleux de longue haleine, adossé à de nombreuses lectures, Dampierre avait une compréhension inégalée des peuples Zande-Nzakara et de leurs voisins au cœur de l’Afrique. Malgré son rôle de mentor auprès de générations d’étudiants et de jeunes collègues, ses projets de publication et son habileté à manœuvrer dans les cénacles administratifs, il est un acteur souvent négligé des sciences sociales françaises, en particulier de l’ethnologie.

Sensibles ethnographies. Décalages sensoriels et attentionnels dans la recherche anthropologique

« Sensibles ethnographies ». Un ouvrage collectif qui entend rendre compte de la transversalité de l’approche sensible dans les processus de recherches en anthropologie. Ce livre s’inscrit dans une réflexion épistémologique qui conçoit l’ethnographie, et par suite l’anthropologie, comme une démarche intrinsèquement sensible, au sens large d’un vécu à la fois corporel, sensoriel et émotionnel. Dans ce volume, une nouvelle génération d’« anthropologues du sensoriel », pour reprendre l’élégante formule de David Howes, propose un panel d’études ethnographiques qui témoignent de la diversité de situations pouvant être analysées selon une approche sensible. Croisant cette dernière avec les perspectives de la biologie, de la psychologie ou de la géographie, les chapitres traitent tour à tour de recouvrer la vue, de danser en pleine conscience, d’appréhender les couleurs, mais aussi de sujets aussi variés que l’autisme, la migration, l’habitat, les danses cérémonielles ou les manières de ressentir la musique. Cet ouvrage propose d’interroger les façons dont corps, sens et ressentis s’entremêlent dans le social et permettent de façonner des outils d’analyse et des méthodes d’enquête créatifs et féconds, afin d’étudier l’articulation entre l’individuel et le social dans différents contextes socio-culturels.

Anthropologie de la parenté : le débat des avatars

Peut-on penser la parenté sans faire référence à la procréation? La question est au cœur d'une des plus anciennes querelles de l'anthropologie. Lourdement chargée d'implications épistémologiques, philosophiques et politiques, cette querelle sur la parenté a divisé chaque génération d'anthropologues et suscité des antagonismes extrêmes et des polémiques virulentes.

Si la parenté reste un domaine de phénomènes fascinants, à la fois systématiques et étranges, les lecteurs et lectrices sont souvent effrayés par les ouvrages qui en traitent: monumentaux comme des statues, emplis de schémas complexes étendus comme des toiles d'araignées et de noms plus exotiques les uns que les autres.

Ce livre expérimental, qui rassemble vingt-six anthropologues, propose une approche nouvelle. Afin de libérer pleinement la controverse en tant que technique de réflexion et de publication collective, les protagonistes du débat ne sont plus des auteurs humains, mais huit avatars. Chacun incarne une perspective théorique originale et complémentaire de celles des autres, avec lesquelles il entre en débat. L’ensemble est introduit par le texte d’un avatar neutre et bienveillant qui éclaircit avec douceur un demi-siècle de débats au sein de l’anthropologie de la parenté.

Issu d’un travail collectif de longue durée, abordant des thèmes variés comme la sexualité, l’inceste, l’affect(ion), le genre, la filiation, la génération, le sang, tout ce qui fait et défait les relations humaines, cet ouvrage restitue au débat sur la parenté toute la complexité qui le rend passionnant et fécond. Déployant de manière didactique la pluralité de perspectives nécessaire pour penser la parenté, il permet de saisir les ressorts d’une question anthropologique centrale et d’un débat de société parmi les plus vifs.

L'ouvrage réunit des travaux publiés en ligne sur le site de la revue Terrain, dans la rubrique « Lectures et débats » : https://journals.openedition.org/terrain/22988

La maison urbaine, cadre de production du statut et du genre à Anjouan (Comores), XVIIe-XIXe siècles

Au sein des mondes swahili, les sociétés insulaires des Comores ont conservé, malgré l’adoption de l’islam, une règle de résidence conjugale matrilocale et même, pour deux d’entre elles, des groupes de filiation matrilinéaires. Ce n’est pas le cas à Anjouan où la filiation est indifférenciée. Dans cette île, l’intégration régulière dans les familles dominantes de marchands lettrés, membres des réseaux commerciaux maritimes de l’océan Indien, notamment de chérifs Bā ʿAlawī, a contribué à la formation d’une catégorie urbaine spécifique, les makabaila. La maison de pierre, emblématique de la culture urbaine swahili, a joué à Anjouan un rôle central dans les processus de distinction des makabaila et l’on peut suivre son évolution grâce à des sources européennes remontant au xviie siècle, croisées à l’histoire orale et à l’ethnographie. Les transformations de la maison éclairent l’historicité du travail de construction hiérarchique, dont l’un des instruments était la clôture croissante des femmes. Forme concrète de la relation conjugale, la maison appartient à la femme mais le mari en est le maître. Elle révèle l’articulation de deux perspectives alternes sur l’organisation sociale : une conception autochtone cognatique centrée sur le groupe de descendance, versus une conception patrilinéaire en réseau. Elle apparait donc comme le lieu de production conjointe du statut et du genre à Anjouan.

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