Il est communément admis dans le monde arabo-musulman que les djinns, êtres invisibles crées par Dieu avant les hommes, habitent sur terres tout comme les humains. En optant pour une approche ordinaire de la religion et une méthodologie attentive aux détails et à l’échelle individuelle, je propose de saisir la pluralité des points de vue individuels pour restituer les niveaux et les modalités de présence différenciés des djinns tel qu’ils se manifestent dans des situations quotidiennes. À partir d’une ethnographie réalisée en terrain marocain, je décrirai la diversité des facettes par lesquelles les djinns sont rendus présents au quotidien, soit dans la vie d’individus « ordinaires » non spécialistes et en dehors des moments formellement ritualisés. Sous couvert d’une existence parfois individuelle, parfois collective, les djinns ne sont pas toujours pensés comme des individualités, s’ils sont parfois dotés d’une singularité qui leur est propre, ils sont aussi, si ce n’est le plus souvent, de simples référents, des êtres désincarnés ayant une place dans la vie sociale des humains, notamment en ce qu’ils servent de référents dans l’éducation des enfants.