Comment les Kulina (peuple indigène de langue arawa de l’ouest amazonien) conceptualisent-ils le changement ? Cette présentation essayera de répondre à cette question à partir de l’exposition des premiers résultats d’une enquête de terrain réalisée dans ce groupe sur le rio Purus. Le matériau ethnographique recueilli semble indiquer que les Kulina établissent des liens étroits entre leurs pratiques chamaniques et certains changements sociaux. Ces pratiques chamaniques reposent en particulier sur l’usage de « pierres » (d’origine minérale mais aussi végétale) appelées dori dont diverses variétés sont constamment découvertes, acquises, échangées, perdues, mais également nouvellement crées. Pour les Kulina, le dori est non seulement une matière multiple et dynamique mais une matière qui permet à certaines choses de se produire d’une certaine manière à un certain moment. Pour cette raison, certains changements sociaux lui sont attribués : abandon des rituels « traditionnels », présence de nouvelles maladies, absence d’animaux dans la forêt, modification du destin de l’âme des morts. Trois questions principales seront abordées : i) quels sont les changements sociaux associés au dori ? ; ii) pourquoi ces changements lui sont-ils attribués; et iii) pourquoi les dori prolifèrent-ils aujourd’hui ? Ces deux dernières questions révéleront l’importance du complexe de maîtrise-possession et des relations avec l’altérité au sein du chamanisme kulina.
Cliché : Pierre chamanique dori, résine d’origine végétale / © Andrea Zuppi 2019.Le séminaire de l’EREA (Enseignement et recherche en ethnologie amérindienne) est un espace de discussion, ouvert à tout public, flexible et modulable, qui a pour vocation de stimuler les échanges entre la formation américaniste du département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre et les chercheurs du Centre ainsi que des invités extérieurs. Tout en étant un foyer de réflexion sur les recherches américanistes en cours, il sert également de plate-forme pour la divulgation des travaux des doctorants, post-doctorants et chercheurs associés.
Sous forme de présentations individuelles, de cycles thématiques ou de demi-journées d’étude, il apporte ainsi un espace de recherche complémentaire aux réunions du Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) et au Groupe d’enseignement et de recherche sur les Mayas et la Mésoamérique (GERM).
Certaines séances sont disponibles en replay sur la chaîne Erea de Canal U.
Organisation : Valentina Vapnarsky, Aline Hémond, Philippe Erikson et Vincent Hirtzel
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