En raison des conditions sanitaires, le séminaire se tiendra en visioconférence
Discutant : Olivier Allard (EHESS, LAS)
« Avant les femmes souffraient beaucoup. C’est parce que mes aïeux ne connaissaient pas encore l’amour, à cette époque ils ne savaient pas comment tomber amoureux ». Cette affirmation d’une interlocutrice approchant la soixantaine servira de point de départ pour aborder les rapports d’amour et les affects parmi les Kakataibo d’Amazonie péruvienne. L’amour romantique n’est pas un objet d’étude nouveau pour les sciences sociales et plusieurs chercheurs se sont penchés sur les relations amoureuses et leurs différentes formes d’expressions, ainsi que sur les symboles et les imaginaires qui les sous-tendent dans différents contextes culturels. Considéré habituellement comme un dérivé de la modernité lié à la montée de l’individualisme, et au déclin de l’importance des liens de parenté et des obligations sociales, l’amour romantique est devenu une grille de lecture féconde des transformations culturelles, politiques et économiques. Pour intéressantes que soient ces perspectives, elles laissent finalement peu de place à la réflexion sur l’affect lui-même, considéré comme universel et donc allant de soi. C’est précisément cet angle mort des écrits anthropologiques sur l’amour qu’il s’agira d’explorer à partir de l’ethnographie amazonienne. Qu’est-ce que l’amour pour les Amérindiens ? Comment est-il mis en récit ? Quelle forme d’attachement et d’expérience désigne-t-il ? Comment apprend-on à tomber amoureux ? Peut-on le contrôler ? À la charnière entre l’anthropologie des affects, du genre, les études féministes et l’ethnographie du sensible, cette présentation tentera de répondre à ces questions en mettant en lumière les différents aspects de « l’imaginaire affectif » (Navaro 2017) amérindien.
Cliché : © Magda Helena Dziubinska
Le Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) propose une réflexion sur les débats contemporains de l’anthropologie américaniste, en croisant les perspectives de l’histoire, de la politique, de la linguistique ou de l’ethnomusicologie. Alternant des aires géographiques et des contextes culturels diversifiés, il ouvre un espace de discussion entre enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants autour de recherches en cours. Sont ainsi exposées dans ce séminaire des thématiques variées touchant au rituel, à l’organisation sociale, aux changements sociaux et religieux, aux politiques publiques, aux processus de transformation des sociétés et de construction des savoirs.
Ce séminaire est organisé par :
Coordinateurs : Olivier Allard (EHESS, LAS), Anath Ariel de Vidas (CNRS, CERMA-Mondes américains), Isabelle Daillant (CNRS, EREA-LESC)
Il a lieu le troisième vendredi du mois de 10h à 12h à la Maison Suger – 16-18, rue Suger – 75006 Paris
Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Cliché : © Anath Ariel de Vidas 1986