[English version below]
Les recherches personnelles de Frédérique Fogel portent principalement sur la parenté et le genre en contexte de migration, successivement en Nubie égyptienne, auprès d’immigré·es d’Afrique de l’Ouest en banlieue parisienne, et d’étrangères et d’étrangers sans papiers à Paris.
En collaboration, elle mène plusieurs chantiers : Marciac Memories (recherche ethnographique et action patrimoniale sur les mémoires plurielles du festival de jazz), Appellatifs (recherche pluridisciplinaire sur les termes de parenté comme actes de langage), Du genre au musée (recherche sur les Women’s Museums).
Frédérique Fogel’s personal research mainly studies kinship and gender in the context of migration in Egyptian Nubia, West African immigrants in the Paris’ disadvantaged outskirts, and foreigners and undocumented foreigners in Paris.
In collaboration with other researchers, she leads several projects: Marciac Memoires (ethnographic research and patrimonial action on the plural memories of the jazz festival), Appellatifs (multidisciplinary research on kinship terms as acts of language), and Du Genre au Musée (research on women’s museums).
Simon et Julie, sénégalais, mariés, ont un fils au pays et deux enfants à Paris : sans papiers pendant huit ans, ils sont régularisés au motif de leur « vie privée et familiale ». Hortense vient des Philippines ; mère célibataire d’une fille née à Paris, elle vit durant huit ans sans papiers avant d’être régularisée pour « cinq ans de présence prouvée et un enfant scolarisé depuis au moins trois ans ». C’est en accompagnant au quotidien ces femmes et ces hommes qui, à un moment de leur vie, se trouvent en « situation administrative irrégulière », que Frédérique Fogel a enquêté. Pendant dix années, sous plusieurs régimes réglementaires et législatifs, elle a questionné les pratiques et les représentations des relations de parenté et des liens de famille de part et d’autre du guichet préfectoral : comment parler parenté et faire famille dans la situation d’une migration immobilisée ? Comment la condition sans papiers influence-t-elle les relations entre celles et ceux qui vivent en migration et leur famille au pays ? Comment le dispositif juridique infléchit-il la vie privée, imposant certaines manières d’être et de penser ? Cette recherche ethnographique et anthropologique interroge également la marginalité et la précarité juridiques des personnes étrangères, apportant un éclairage nouveau sur l’évolution des normes en usage sur le territoire français en matière de parentalité, de conjugalité et de genre. Parenté sans papiers forme ainsi une contribution importante à une anthropologie des migrantes et des migrants, permettant de comprendre l’écart entre la famille sans papiers, contrainte à la normativité, et la famille sociologique « française » qui, depuis les années 1970, n’en finit pas de dépasser les normes. [Prologue sur Hal]
Le présent volume propose une réflexion pratique et théorique sur l’enquête ethnographique comme méthode de production d’un corpus de données. Le terme « ethnographie » désigne à la fois la méthode d’enquête, l’expérience concrète du terrain et le corpus diversifié que la recherche façonne. Portée par le mouvement général de réévaluation de la vocation des sciences humaines à déterminer les lois du social, la critique du paradigme ethnographique a porté sur ces trois dimensions. Elle a profon...
Mélanges offerts à Raymond Jamous, ce numéro rassemble des interventions présentées lors du colloque organisé par le LESC (février 2007) pour réfléchir à l’ethnographie dans ses deux dimensions : celle de la relation ethnographique comme temps particulier du modus operandi de l’ethnologue, et celle des données ethnographiques comme condition de la construction des savoirs ethnologiques. Immédiate ou construite, l’altérité façonne toute relation ethnographique. Celle de l’ethnologue suscite une réaction de la société. Au-delà de l’anecdote et pour construire la comparaison, le chercheur s’interroge : Comment s’est passé le premier contact ? Quelle(s) place(s) et quel(s) rôle(s) la société lui a-t-elle assignés ? Dans quel registre (parenté, amitié, rituel, etc.) ? À quel moment et de quelle façon l’a-t-il perçu ? Et comment a-t-il « travaillé son rôle », en respectant ou en ignorant l’assignation ? Ce retour réflexif, pour certains, longtemps après les faits, met en évidence les conditions fluctuantes de l’expérience du terrain, ses réussites, ses échecs aussi. Il s’agit enfin d’analyser les modalités selon lesquelles la relation ethnographique conditionne le choix et le développement des perspectives problématiques.