Peut-on rompre totalement avec la famille, institution au cœur de l’ordre social ? On a bien souvent en Occident une vision des moines et des moniales marquée par l’idéal chrétien de la clôture et d’une sortie radicale du monde. Pourtant la séparation entre les laïcs et les moines prend des contours très différents de par le monde et les figures de renonçants sont très variées d’une religion à l’autre. La plupart ont en commun le partage d’une forme de vie extrême leur demandant de quitter le monde au sens religieux du terme pour mieux s’y consacrer. Quel modèle de sociabilité le monachisme propose-t-il alors ? Cet ouvrage est la première étude d’ensemble de la vie monastique dans des traditions religieuses et sociales contrastées : moines et moniales en Europe, au Proche-Orient, en Asie, chrétiens d’Occident ou d’Orient, hindous ou Jain, bouddhistes du Theravada, du Mahayana ou du Tantrisme, taoïstes et même Esséniens ou musulmans soufis ou druzes. Ethnologues et historiens réunis ici révèlent que ces religieux pourraient incarner une forme de contestation de la parenté tout en partageant une manière singulière de la réinventer presque à l’infini, voire de créer une sorte de « parenté monastique ». Une utopie ?
Au début des années 1990, catalogues de collectionneurs et expositions ont institué un nouveau genre esthétique, l’art primitif himalayen. L’étude du marché local de Katmandou, lieu de naissance de ces objets dans les années 1970, permet de dégager le contexte marchand où ils ont été sélectionnés, échangés puis classés, dégageant le rôle du tourisme et des voyageurs hippies dans leur circulation. Le marché est un lieu de négociation mais aussi une « constellation culturelle ». L’article s’attache aux conditions de production des narrations qui ont transformé ces artefacts en « objets d’art » et les ont déshabillés des conditions marchandes de leur découverte. Il étudie les supports de ces narrations, les expositions, les catalogues de vente et de collectionneurs qui ont construit les récits d’origine de ces objets, et l’« aura » propice à leur reconnaissance sur le marché de l’art primitif. Entre transcendance bouddhique et chamanisme primordial, ce mythe d’origine dessine un paysage d’utopie, médiatisé par les objets d’art. Ce voyage à rebours vers le lieu où ces objets ont été négociés montre comment les reconfigurations classificatoires se sont opérées, sur le marché local d’abord puis dans les galeries occidentales, et le rôle des marchands puis des collectionneurs dans la naissance d’un art primitif himalayen.
Inaugurée par Kopytoff (1986), l’intérêt pour la biographie culturelle des objets a montré son potentiel heuristique et inspiré de nombreux travaux, plaçant leur changement de statut, voire leur pouvoir d’action, au cœur de la réflexion, ce dans des champs aussi variés que l’étude des collections ou des systèmes techniques. Ce changement de focale interroge ce qui constitue l’objet par-delà sa matérialité et son usage (Thomas, 1991). Les objets circulent en effet au travers de différents syst...
Pioneered by Kopytoff (1986), "the cultural biography of objects" has shown its heuristic potential and inspired numerous works that place the object’s change of status, indeed its empowerment, at the centre of their thinking, in fields as varied as the study of collections or of technical systems1. This change of focus shifts attention to what constitutes the object beyond its materiality and usage (Thomas, 1991). Objects circulate through different value systems...
On a trop souvent enfermé « le dieu du sol » dans le statut de dernier témoin d’un monde révolu, l’essentialisant en même temps que le groupe « tribal » qui le vénérait. Tous les rituels aux divinités du territoire décrits dans ce recueil révèlent une puissance évanescente, ambiguë, dédoublée, démultipliée. Ils mettent en scène le lien entre dedans et dehors, la nécessité des échanges avec l’extérieur, le jeu du « double pouvoir » entre les puissances de la terre « déjà là », et le pouvoir « venu du dehors » qu’il faut se concilier pour assurer la fertilité, dans le contexte spécifique des communautés périphériques des « systèmes galactiques » de l’Himalaya et de l’Asie du Sud et du Sud-Est. Cette postface reprend à son compte l’analyse que fait Marshall Sahlins du thème du « roi venu de l’extérieur », extrêmement répandu dans les récits de fondation, comme une « forme élémentaire de la vie politique » : tous les rituels adressés aux divinités du territoire dévoilent sous diverses modalités liées au contexte politique, ce rapport conflictuel mais vital à l’autre et la nécessaire incorporation de la « puissance de l’altérité » pour fonder une communauté et légitimer l’autorité sur un territoire.
A pioneering figure in Himalayan Studies passed away on 5th February 2018. Born in Scotland in 1923, Alexander William Macdonald enlisted in the army at the age of 17 and discovered Asia during the...