En décembre 1972, avec le lancement de la sonde Apollo 17, la Nasa mettait un terme à son programme d’exploration de la Lune. Lorsque cette même année et la suivante, elle envoya Voyager 1 puis Voyager 2 à destination de Jupiter, Uranus, Saturne et Neptune, l’astrophysicien Carl Sagan demanda de fixer sur les sondes une plaque aux dimensions réduites et très légère, qui a atteint la postérité sous le nom de Golden Record. Pour ce « message à destination de possibles civilisations extra-terrestres », Sagan et son équipe choisirent cent dix-huit photographies « de notre planète, de nous-mêmes et de notre civilisation », qu’accompagnaient encore « 90 minutes de la meilleure musique au monde, un essai audio sur l’évolution intitulé The Sounds of Earth, ainsi que des salutations dans une soixantaine de langages humains (et en langage baleine) ».Imaginons.Imaginons que l’occasion soit donnée à une anthropologue de rejouer ce geste. Que choisirions-nous d’envoyer dans l’espace ? Quel serait notre message ? Comment nous accorderions-nous sur son contenu ? Qu’est-ce qui, au regard de l’horizon qui est le nôtre aujourd’hui, mériterait d’être sélectionné, transmis ?
Pour les étrangers en situation irrégulière vivant en France, échapper à l’expulsion du territoire nécessite d’adapter son comportement quotidien à cette menace. Comme elle est avant tout question de perception personnelle, la menace fait planer un doute incessant sur l’apparence des choses. Les étrangers en situation irrégulière font l’expérience quotidienne de frontières aux contours mouvants, la menace se révèle alors être un instrument de gouvernement exerçant un contrôle protéiforme sur une population difficilement saisissable autrement.
Le renforcement des politiques de contrôle des migrations en Europe a eu pour effet le développement de poches d’attente tout au long du parcours des aspirants à cette migration. Parallèlement, la restriction des conditions d’obtention d’un titre de séjour a retardé l’accès à un statut régulier pour les étrangers déjà présents sur le territoire. En attendant ces « papiers » tant espérés, les étrangers en situation irrégulière sont contraints à vivre dans un éternel présent fait de multiples recommencements. Si l’obtention des « papiers » ouvre une nouvelle temporalité, un temps devenu profitable, les étrangers régularisés découvrent vite les contradictions temporelles de la vie de migrant.
In order to do my PhD fieldwork among undocumented migrants in a detention centre, I had to become a volunteer for an NGO providing legal assistance. In this paper I examine the effect of this double commitment through the study of two figures: a ‘liar’ and a ‘madman’. I question the grounds upon which field anthropological practice is based, namely, the ideas of long-term fieldwork and serendipity. I hypothesise that anthropological knowledge is constructed in the successive oscillations between various positions and points of view on the field and not in the quest for the right distance from the subject under scrutiny.
La Goutte d’Or, à Paris, s’est constituée comme centralité immigrée et commerçante, faisant de ce quartier un lieu de rencontre et de coprésence d’une grande hétérogénéité urbaine. Par la sociabilité inclusive qu’il produit, le rire, omniprésent, participe de l’entrée en relation permettant à chacun de prendre part aux échanges qui s’instaurent. Se discutent alors la place et la légitimité de chacun à occuper les espaces publics pluralistes. L’humour, en permettant un usage apaisé et labile de stéréotypes multiples, participe à la recherche de la bonne distance dans la relation à autrui, et permet de renégocier en situation les catégories identitaires assignées à chacun.
La 4e de couv. indique : "Ecrire les migrations, les errances et les exils, c'est se tourner vers les problématiques des déplacements et des passages. Se pose alors la question de la définition de l'écriture migrante, définition nécessairement mouvante selon que l'on s'intéresse aux artistes qui choisissent la problématique de l'exil pour mettre en scène un questionnement identitaire ontologique ou à ceux qui, ayant eux-mêmes subi ou choisi l'exil, transforment leur propre exil en un exercice d'espoir dans un double mouvement mnémonique et didactique. Qu'il s'agisse d'une littérature de migrants ou sur les migrants, d'exils politiques ou d'exils imaginaires, l'esthétique de la migrance se construit dans la fracture et dans la perte pour réaffirmer le droit à la vie à travers une nouvelle éducation du regard : celui du sujet sur lui-même et sur l'autre, celui de l'autre sur l'étranger. Dès lors l'exil ne saurait se concevoir simplement comme une expérience purement physique et accidentelle, mais devient la condition même de notre relation à autrui, bouleversant les frontières commodes entre le dedans et le dehors. L'expérience de l'exil conduit ainsi le sujet à hanter les marges du langage, à s'ouvrir à d'autres langues, pour devenir cet "hôte [...] dont le métier est de demeurer vulnérable à de multiples présences étranges, qui doit garder ouvertes à tous les vents les portes de son logis du moment"."