L’"âge d’or de la radio" a joué un rôle central dans la consécration de la samba comme musique nationale et sa valorisation esthétique au Brésil. Le déclin de ce monde de l’art dans les années 1950 et la reconfiguration progressive de l’industrie musicale autour du disque et de la télévision a eu des effets directs sur les aspirations et les stratégies professionnelles et esthétiques des artistes. Afin de restituer cette recomposition de l’espace musical et d’analyser les dynamiques de création qu’elle a suscité, nous présenterons de façon comparée les trajectoires biographiques et deux oeuvres emblématiques de Tom Jobim et Moacir Santos. Ces artistes ont incarné, parmi d’autres, deux propositions concurrentes de modernisation de la samba au succès inégal : la bossa-nova et le samba-jazz.
À travers l’analyse d’un matériel diversifié (enregistrements, iconographie, témoignages, critiques, statistiques, ...) on se propose de mieux comprendre les injonctions à moderniser la samba qui sont liées à cette reconfiguration et d’analyser les stratégies de réinvestissement des traditions musicales et d’innovation effectuées par ces deux compositeurs aux propriétés sociales à la fois très comparables et diamétralement opposées. Ce matériel permet d'articuler l’analyse des trajectoires et des œuvres proprement dites, à celle de la reconfiguration de l’espace de l’industrie musicale (nouveaux publics, acteurs, techniques et mécanismes de consécration), tout en prenant en compte les effets de médiation (critique musicale, analyse de supports), les mutations des pratiques et ressources de production (nouveaux micros, multi-pistes, format album/LP, illustration des couvertures), ainsi que l’invention corrélatives de nouvelles postures d’écoute musicale (hi-fi et stéréo).
Vassili Rivron est maître de conférences à l’Université de Caen en détachement à l'INRIA
Gabriel Improta est professor substituto à l'université de Rio de Janeiro, UNIRIO/UFRJ
The CREM (Centre for Research in Ethnomusicology) seminar takes place on two Mondays per month, from 10:00 to 12:00. Members of the CREM (doctoral students included) and invited researchers present their ongoing work. The presentations last 50 minutes, and are followed by a coffee break and discussion hour.
Occasionally, the seminar takes the form of a workshop which brings together several researchers around a common theme. In these cases, the seminar takes place over an afternoon, or sometimes an entire day.
Participation in the seminar is open to everyone. It is also integrated into the Master’s degree in ethnomusicology at the Universities of Paris Nanterre and Paris Saint-Denis.