Pour tenter de comprendre les catégories à partir desquelles les Mbya-guarani du Paraguay pensent et défendent leurs droits, on ne peut faire l’impasse sur leur débats cosmopolitiques. Pour les Mbya-guarani, défendre leurs droits, c’est d’abord défendre leur « mode de vie » (t‑eko) mais le statut de ce mode de vie ne peut être abordé isolément, sans référence à celui qu’ils accordent à certains non-humains. Il en va ainsi car les Mbya-guarani mobilisent dans ce cadre des discours sur les « coutumes des non-humains » et mettent en avant l’exemple de certains animaux dont le mode de vie reste inchangé. D’autre part, ils insistent sur l’importance de ne pas adopter les coutumes des autres, comme celles de leurs tout proches voisins non-autochtones métis et guaranophones. Le risque encouru serait en effet de « changer d’espèce » ou de « devenir blanc », telle une souris qui deviendrait une chauve-souris, comme le dit une légende bien connue. Le problème redoutable que représente la transgression des frontières ontologiques, ne s’illustre pas seulement sur le plan de la défense des droits. Par exemple, la « possession affective » (jepota) par un esprit non-humain ou le « mariage avec les non-autochtones » peuvent en effet provoquer des maladies voire même la mort. Ces pathologies font ressortir le rôle de premier plan donné au « corps » dans les études guarani que l’on réexaminera ici dans cette problématique élargie. On illustrera ainsi les catégories au moyen desquelles les Mbya-guarani établissent les frontières ontologiques aussi bien avec les non-humains que les non-autochtones et on montrera comment, par ces catégories et cette frontière, ils défendent leurs droits.
Cliché : Porte unique de la maison rituelle, frontière symbolique face aux esprits maléfiques et aux non-autochtones, Caaguazu, Paraguay / © Joaquín Ruiz Zubizarreta 2019.
The EREA (Enseignement et recherche en ethnologie amérindienne) seminar is a flexible discussion space open to the public that aims to stimulate exchanges between Centre researchers, University of Paris Nanterre Department of Anthropology, and invitees from elsewhere. It serves as both a focal point for reflection on ongoing Americanist research and as a platform for doctoral students, post-docs, and associate researchers’ work.
Under the form of individual presentations, thematic cycles, or half-days of study, the seminar provides a complementay research space for meetings, namely the Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) and the Groupe d’enseignement et de recherche sur les Mayas et la Mésoamérique (GERM).
Some sessions are available in replay on Canal U's Erea channel.
Organisation : Valentina Vapnarsky, Philippe Erikson andVincent Hirtzel
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