[English version below]
Le livre, ses producteurs et ses usagers sont au centre de ses recherches. Principalement menées au Maroc, celles-ci portent leur attention au livre de trois façons complémentaires : en tant que révélateur actif des rapports à la norme qu’impliquent diverses représentations de la langue ; en tant que processus de création et dispositif d’interactions ; enfin, comme vecteur de transformations sociales, surtout religieuses. À la croisée d’une anthropologie des savoirs et d’une anthropologie du religieux, Anouk Cohen envisage le livre comme un champ d’actions et d’expériences impliquant des acteurs, des pratiques, des techniques et des savoir-faire. Après avoir étudié la fabrication (de l’auteur reconnu au vendeur de rue anonyme) des livres littéraires, pratiques, religieux, toutes catégories confondues, elle a souhaité resserrer l’analyse autour d’un seul livre : le Coran. À partir d’une approche ethnographique du livre « en train de se faire », ses recherches actuelles examinent comment la multiplication et la diversification du livre du Coran placé au coeur des pratiques musulmanes s’articulent avec une modification du rapport des fidèles au texte, à sa transmission et plus globalement à l’islam. Anouk Cohen explore le Coran du point de vue des opérations et des individus qui le construisent en tant qu'objet plutôt qu’à travers son contenu auquel on l'identifie le plus souvent. Cette étude amène Anouk Cohen à proposer une réflexion sur la matérialité et la sensorialité de l'écrit, leur efficacité pragmatique et leur implication religieuse, sociale, économique et politique.
The book, its producers, and its users are the centre of Cohen's research. Mainly led in Morocco, her research focuses on three complementary dimensions of the book: as an active indicator of relations to the norm implied by diverse representations of language; as a process of creation and device for interaction; lastly, as a vector of social transformations, above all religious transformations. At the crossroads of an anthropology of knowledge and an anthropology of religions, Anouk Cohen envisions the book as a field of actions and experiences involving actors, practices, techniques, and savoir-faire. After having the studied the fabrication (from renowned author to anonymous street vender) or literary, practical, and religious books, categories often mixed together, she strives to strengthen the analysis aorund a single book: the Quran. Based on an ethnographic approach of the book "in the making," her current research examines how the multiplication and diversification of this text, at the heart of Muslim practices, connects and interacts with a change of relationship between the faithful and the Quran, with its transmission and more largely with Islam. Anouk Cohen explores the Quran from the point of view of the operations and individuals who construct the text as an object rather than from the point of view of its content, to which one most often attaches its meaning. This study has led Anouk Cohen to propose a reflection on the materiality and sensoriality of writing, its pragmatic effectiveness, and its religious, social, economic, and political implications.
2022-2026 : Directrice du centre Jacques-Berque, Rabat, Maroc (UAR 3136)
Membre du comité scientifique des "Journées de l'Histoire de l'Institut du monde arabe"
Membre du conseil scientifique du Gis Moyen-Orient et Mondes Musulmans
Membre du conseil scientifique du Gis Afrique
Membre du jury du prix de thèse du GISMOM (2021-2022)
Membre du comité de rédaction de la Revue africaine des sciences humaines et sociales (RASH)
Membre du comité de rédaction de la revue L'Année du Maghreb
2022-jusqu'à aujourd'hui : membre de l'équipe pédagogique du diplôme de civilisation d'islamologie, INALCO
2022 - jusqu'à aujourd'hui : Co-organisatrice avec Mohamed Sighr Janjar (Académie du Royaume du Maroc) et Bachir Tamer (Académie du Royaume du Maroc) avec le soutien de Hiba Abid (NY Public Library) et Ismail Warscheid (IRIST/CNRS) du séminaire de recherche « Histoire du livre du Maghreb à l'Afrique de l'Ouest (XVIe siècle- XXIe siècle) »
2022- jusqu'à aujourd'hui : Co-organisatrice avec Mohamed Aderghal (Université Mohamed V) et Clémentine Gutron (CJB/CNRS) du séminaire de recherche « Terrains marocains ».
2022 Co-organisatrice avec Katia Boissebvain (IRMC) et Oissila Saadia (univ. Lyon Lumière 2) de « Concurrences et cohabitations des religiosités au Maghreb et en Afrique de l'Ouest : des terrains de comparaisons ? », 23-27 mai 2022, Tunis (IRMC)
2021 : Co-organisatrice avec Katia Boissevain (IRMC) et Oissila Saadia (univ. Lyon Lumière 2) de l'atelier doctoral, « Les usages du Coran dans les sociétés musulmanes contemoporaines », 8-12 novembre, Tunis (IRMC)
2021 : Co-responsable avec Mouhamed Ly (URICA/UCAD), du séminaire de formation à la recherche « Enquête sur les publics du livre à Dakar », URICA/UCAD (Dakar)
2019-2020 : Co-responsable avec Hiba Abid (EHESS/Césor), Léon Buskens (Nimar) et Adrien Delmas (CJB) du séminaire « L'écrit par sa matérialité : approches pluridisciplinaires », CJB/Nimar (Rabat)
2018-2020 : Co-responsable avec Raphaëlle Guibert (IRD, INAU) et Loubna Oubaali (CJB), du « Séminaire Jeunes Chercheurs », CJB/INAU/HEM (Rabat)
2019 : Encadrante de l’atelier doctorale « Mobilité et religions en Afrique méditerranéenne (Antiquité-Temps présent) », coordonnée par Sophie Bava (IRD) et Stéphanie Guédon (Université de Limoges), 10-13 juin, Centre Jacques Berque (Rabat)
2018-2019 : Co-animation avec Fadma Aït Mous (Faculté d'Aïn Chock) des « Ateliers d'anthropologie urbaine », Faculté d'Aïn Chock (Casablanca)/Centre Jacques Berque (Rabat)
2016-2017 : Co-animation avec Zakaria Kadriri (Chair Paul Pascon), Sabrina Mervin (Centre Jacques Berque) et Hassan Rachik (Faculté d'Aïn Chock) des « Ateliers de recherches doctorales », Chair Paul Pascon (Rabat)/Centre Jacques Berque (Rabat)
2012 : Visiting lecturer, « Literacy in the Arab world », University of Chicago, Anthropology department
2010-2012 : ATER, université Paris Ouest Nanterre la Défense
2023 - aujourd'hui : Penser l'islam depuis le Maroc, le Sénégal et la France. Approches comparatistes et pluridisciplinaires, programme financé par l'IFI, dirigé par Anouk Cohen (CJB), Youssouf Sangaré (Inalco), Seydi Diamil Niane (Ifan/UCAD), Farid El Asri (IUR)
2021-2025 : RIMA - Inégalités, radicalités et citoyennetés féminines, programme financé par l'ANR, dirigé par F. Samson (IRD/IMAF)
depuis 2021 : chercheur associé au Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales Lartes - IFAN / Ucad
2021 : lauréate SMI (Sénégal), en accueil au Lartes - IFAN / UCAD, dirigé par A. Salam Fall
2020-2021 : Task Force : Rôle des acteurs religieux dans la prévention et la lutte contre le Covid au Sénégal (UCAD/LARTES). Programme financé par le Fonds de recherche et d'interventions rapides contre la Covid-19, dirigé par A. Salam Fall
depuis 2021 : chercheur associé au Laboratoire de recherche sur les différenciations socio-anthropologiques et les identités sociales (LADSIS) - Hassan II, Université de Casablanca
2017-2021 : PROPHET in early modern and modern islam. Programme financé par l'ANR-Dfg, dirigé par Rachida Chih, Nelly Amri et Denis Gril
2016-2020 : ILM-Enseignement de l'islam au Maroc. Programme financé par l'ANR, dirigé par Sabrina Mervin
2014-2018 : Open Jerusalem. Opening Jerusalem Archives : for a connected history of « Citadinité » in the Holy city (1840-1940). Programme financé par l'ERC, dirigé par Vincent Lemire
2014-2016 : Co-responsable du programme de recherches « Texts in Practice » à l’Université Johns Hopkins, département d’anthropologie (Baltimore), avec Andrew Brandel (Harvard University)
Au Sénégal, les livres islamiques soufis connaissent une amplification et une reconfiguration des pratiques qui leur sont associés aussi bien sur le plan de leur usage ordinaire et subjectif que de leur usage savant et scientifique. Que signifie cette effervescence du livre religieux ? Va-t-elle de pair avec la formation d’une « épistémè » islamique ? Cet article propose une analyse des transformations actuelles du « monde du livre islamique » au Sénégal, ainsi que la signification de son dynamisme pour ses différents acteurs.
The Dalā’il al-Khayrāt wa Shawāriq al-anwār fī dhikr al-ṣalāt ‘alā al-Nabiy al-mukhṭār (Dalā’il al-Khayrāt) is a book of prayers and invocations about the Prophet Muhammad, written around 857/1453 by the Moroccan mystic Muḥammad b. Sulaymān al-Jazūlī (d. 869/1465), founder of a new Sufi path, the Jazūliyya, considered as a branch of the Shādhiliyya, and whose popularity very quickly won over the entire kingdom. The figure of al-Jazūlī emerged in a context marked by deep political, social and religious agitation in Morocco, the causes of which go back to the beginning of the 9th/15th century. Al-Jazūlī bases his legitimacy on two concepts: on the one hand, his spiritual lineage (cherifism) through his genealogy, which he traces back to the Prophet, and, on the other hand, his spiritual saintliness (silsila), the chain of martyrs who initiated him into the mystical tradition, themselves the descendants of the Prophet. The Dalā’il al-Khayrāt is part of a well-known tradition of devotional literature in Morocco, available in various genres devoted to the Prophet, such as poetry or collections of prayers and invocations. In these texts, drawn essentially from the Hadiths, prayer for the Prophet is presented as the means par excellence for the one praying to invoke the presence of Muhammad, and to benefit from his power of protection and, above all, his function of intercession on the day of the Last Judgement. This is why the Dalā’il quickly became one of the most popular devotional books in the Sunni Muslim world, and particularly in Morocco. This success is not foreign to the exhortation of al-Jazūlī, to the recitation of prayers for the "Messenger of God", which would be, according to him, the "road that leads to God". At the same time, the material and aesthetic forms of the manuscripts of the Dalā’il were progressively adapted to frequent uses. The miniaturisation of manuscripts allows them to be recited at any moment of the day or week and in all situations. Their abundant illumination aims to facilitate the memorisation of the prayers while accompanying each division of the text. For believers, the book object was a privileged medium for uniting with the Prophet. Today, the Dalā’il continues to be the subject of great fervour in the Muslim world, in particular in the Maghreb. In Morocco, where the survey was conducted, we find examples of printed books in the bookshops and "roadworks" of the large cities. The text circulates above all in the zawiyas, where the prayers of the Dalā’il are collectively recited once a week. Just like the manuscripts produced in the past, many formats of the printed book are available to the reader – large, medium or miniature – thus adapting to their uses and needs. Aside from printed books, readers of the Dalā’il may choose, or prefer, the digital version of the text, via applications downloaded to mobile phone. This kind of medium led us to explore how the physical changes of the book went hand in hand with a modification of the relationships of the faithful to the text of the Dalā’il, to its transmission and, more broadly, to their way of uniting with the Prophet. To bring this study to a successful conclusion, we examined the present practices and representations of the book of the Dalā’il, little explored to date. To this end, the article draws on codicological and anthropological approaches to the book to examine how the materiality of the object informs the cultural practices that are attached to it, and the material and aesthetic experience that it supports, in order to unite with the Prophet, and also reconfigures these.
Dans les expressions multiformes de l’islam et des religiosités islamiques au sein des espaces publics et privés au Sénégal, un secteur pourtant dynamique semble quelque peu négligé dans les approches : celui de la production écrite en islam et sur l’islam : production des grandes figures religieuses, des érudits et lettrés musulmans locaux, mais également et sans doute plus originalement celle d’acteurs singuliers dont la formation s’est essentiellement réalisée au cœur de l’école dite « française » ou « occidentale », issue et héritière de l’école coloniale française. En s’intéressant aux arcanes de l’édition islamique locale et aux conditions de sa structuration et de son développement, aux trajectoires sociales, commerciales, institutionnelles et techniques des « livres islamiques » et de leurs auteurs, cet article interroge un phénomène transversal. Il questionne les modalités, les logiques et les enjeux de production en français de discours islamiques et s’interroge sur les normativités religieuses anciennes ou nouvelles qui y seraient à l’œuvre.
La mémorisation du Coran occupe une place fondamentale dans la transmission musulmane. Au Maroc, l’apprentissage par cœur de l’intégralité du texte reste une étape obligatoire dans la formation du personnel religieux. Dans le kuttāb où le Coran est mémorisé durant plusieurs années, la traditionnelle planchette en bois (lūḥ) est encore considérée comme l’outil mnémonique le plus efficace. Support d’écritures éphémères, à la fois intime et relationnel, le lūḥ est au centre de l’activité du kuttāb. Il est le lieu d’un lien intense entre l’élève et le Coran, médié par une palette de signes, exergues et gribouillis que le maître y inscrit. Parce que la mémorisation ne se fait qu’à haute voix, cette forme graphique est indissociable de la forme vocale du Coran. Cela génère dans le kuttāb une texture sonore particulière qui ne stimule pas moins l’effort de la mémorisation, soutenu par le corps en mouvement incessant. Cet article restitue une ethnographie de la mémorisation du Coran dans un kuttāb à Salé, à travers l’analyse des dispositifs mnémotechniques à l’œuvre et de leur fonctionnement.
L’auteur focalise l’analyse sur la façon dont ses fidèles catholiques et musulmans pratiquent « le cumul religieux ». À cette question, Fabienne Samson s’attache à répondre en examinant les pratiques religieuses privées. Par exemple lorsqu’une jeune fille voilée, venant à l’église, déclare : « Moi je porte le voile parce que ça me plaît, je trouve ça joli, ça donne un style. Ça ne m’empêche pas de m’habiller, de porter des vêtements serrés, de me maquiller. Mais ça montre que je suis musulmane. Les gens te considèrent différemment quand tu portes le voile. Tu es respectée.
This article engages with the relationship between Islamic authority, the materiality of the Qur’an and the commodification of the qur’anic text in Morocco. It situates this relationship within a broader context of changing text production, the liberalization of religious commodities, and the development of new information and communication technologies which, in turn, propagate multiple and heterogeneous means for Muslims to unify with the Word of God in a country where the monarch has been constitutionally defined as the commander of the believers. From the study of the creation in 2010 of a Moroccan edition of the Qur’an, which differs from others in its recitation method (warš), calligraphic style (maġribī) and the foliage compositions surrounding the text, this article aims to examine how aesthetic, political and religious norms inflect economic action, and vice versa. To this end, it considers Qur’an commodification, free market and Islamic authority as a set of concrete practices explored through the production of the book-object.
Les lacunes de l'implication des pouvoirs publics dans le secteur du livre et de l'écrit par Anouk Cohen (France et Maroc), CNRS et Kenza Sefrioui, docteure en Littérature comparée, critique littéraire et éditrice (Maroc).
À Rabat et à Casablanca, capitales administratives et économiques du Maroc, une grande partie de la production éditoriale, des journaux et des magazines est écoulée directement dans la rue, sur les trottoirs et dans les kiosques. Le nombre élevé de kiosquiers, terrassiers et bouquinistes (suivant la terminologie employée localement) indique que leurs commerces ne constituent pas un mode de diffusion marginal contrairement à ce que leur aspect précaire pourrait laisser croire. Le but de cet article est de mieux cerner le rôle crucial que ces marchands de rue, souvent analphabètes ou illettrés, jouent dans la circulation de l’écrit dans ces villes marocaines
Many of the books, newspapers, and magazines sold in Rabat and Casablanca are distributed directly by informal vendors in kiosks, on sidewalks, and in small bookshops. The growing number of kiosquiers, terrassiers, and bouquinistes (as they are called locally) suggests that they are not as marginal as their appearance might suggest. This article discusses the critical role of street traders in these two Moroccan cities, many either semi-literate or non-literate, in the circulation of the printed word—and of knowledge.
Au Maroc, comme ailleurs, l’éditeur à succès est celui qui sait adapter sa production à ses publics. Ceux-ci sont caractérisés, à Rabat et à Casablanca, les capitales économique et politique du pays où l’enquête a été menée, par un faible pouvoir d’achat. Ainsi, le prix du livre, que les éditeurs tentent de réduire au maximum en s’efforçant de baisser les coûts de fabrication, est le nœud gordien du secteur. Mais jusqu’où l’Écriture divine peut-elle être matériellement transformée en vue d’être commercialisée au meilleur prix ? Cette interrogation est placée au cœur de cet article, axé sur les rapports entre Coran en tant que livre, marchandisation et authentification dans le Maroc contemporain.
L’Instance équité et réconciliation (IER), créée au Maroc en 2006, vise à « établir la vérité sur plusieurs faits de l’histoire » (de la date de l’indépendance du Maroc, 1956, à la fin du règne de Hassan II, 1999). Devant l’absence d’archives officielles, l’IER a procédé à l’archivage des livres carcéraux récemment publiés au Maroc. Cela pose un certain nombre de questions : comment les récits carcéraux sont-ils passés du statut d’écrits littéraires à celui d’archives ? De quelles manières l’articulation des notions de « témoignages », de « récits » et d’« archives » est-elle conçue et opérée par les acteurs qui les mobilisent (IER, auteurs, éditeurs, lecteurs) et pourquoi leur attribuent-ils cette terminologie ? Autant d’interrogations qui seront au cœur de cette réflexion axée sur les procédés à l’origine de la mutation des livres carcéraux en archives.
Le Coran se décline en une pluralité de formes. À Casablanca, dans le quartier des librairies arabes, on en trouve de différentes tailles – le grand, les moyens, le petit et le miniature –, reliés ou non, avec ou sans étui, étui en velours ou en cuir, incluant dans certains cas une fermeture éclair. Quels usages sont attachés à ces différents modèles du Coran ? Quels rôles leur font jouer les acteurs (aussi bien usagers, éditeurs que gouvernants) ? Deux interrogations au cœur de la réflexion axée sur la forme prise par le Coran – celle du livre – et sur l’analyse des matériaux à partir desquels il est confectionné, dans le but d’étudier les effets que l’apparence physique du Coran produit sur les appropriations de la parole divine.
Cet ouvrage jette les bases d'une réflexion sur l'histoire récente de l'édition et de la lecture dans les pays arabes, du Liban à l'Égypte, en passant par l'Irak, les pays du Golfe et le Yémen, avec une incursion au Maroc. Les contours des champs éditoriaux sont souvent différents d'un pays à l'autre, liés à l'ancienneté des traditions (au Liban ou en Égypte, par exemple) ou à leur caractère extrêmement récent (dans les pays du Golfe), mais aussi au développement économique accéléré par endroitsn(toujours dans les pays du Golfe) ou ralenti à cause des crises politiques et des guerres (Irak, Syrie, Yémen, Libye). Plusieurs contributions traitent ainsi du développement de l'édition dans ces différents contextes, d'autres abordent la question des pratiques de lecture, particulièrement au Liban, en Syrie et en Jordanie. Si les problèmes de distribution et la vigilance d'une censure sourcilleuse sont des entraves à l'édition et à la diffusion, le livre conserve cependant une forte valeur symbolique, à la fois comme vecteur de subversion et comme enjeu de politiques culturelles. Dans le domaine du livre arabe, les études transnationales s'imposent du fait de l'existence d'un marché du livre panarabe et de l'importance commerciale des foires du livre organisées dans les capitales arabes. Il faut ainsi relever le rôle de certains pays de la péninsule arabique dans la promotion de la littérature arabe ou le développement de programmes de traduction. La profusion littéraire actuelle, notamment dans le domaine du roman, et l'irruption de nouveaux acteurs dans les mondes de l'édition, attachés à diffuser une pensée critique et novatrice, sont deux notes d'espoir dans ce temps d'incertitude qui caractérise la région arabe. (4ème de couverture)
Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, le Publictionnaire vise à clarifier leur terminologie et le profit heuristique des concepts et méthodes d'analyse qui leur sont liés.
Plus de dix ans après avoir soutenu sa thèse, Sophie Bava a fait l’effort de revenir sur ce travail pour restituer les résultats d’une recherche alors innovante sur la manière dynamique et réciproque dont les expériences migratoires reconfigurent les expériences religieuses. À partir d’une méthode d’enquête multi-localisée entre Touba, la ville sainte mouride, et Marseille, enrichie par une lecture remarquablement maitrisée de la littérature confrérique, son ouvrage examine comment se recompo...
Les documents administratifs, leurs formes matérielles et les usages qui y sont associés sont au cœur de l’ouvrage de Matthew S. Hull. L’auteur y examine le rôle que les pétitions, les lettres, les dossiers, les listes et la carte jouent dans l’établissement simultané de l’ordre et du désordre urbains à Islamabad. À partir d’une enquête ethnographique menée dans les années 1990 dans les bureaux de la Capital Development Authority (CDA) — chargée des opérations de développement urbain et de la...
La « Leçon d’écriture » de Claude Lévi-Strauss constitue le point de départ de cet ouvrage qui réexamine le triangle idéologique écriture/état/science à partir d’une lecture détaillée, nuancée et complexe de cet extrait fameux de Tristes tropiques, tiré d’une anecdote chez les indiens Nambikwara du Brésil central. En complément de nombreux travaux consacrés à une remise en cause profonde des liens unissant l’écriture à la rationalité et au pouvoir politique, l’auteur approfondit ici l’analyse...
Suivant le fil d’une ethnographie marocaine jusqu’au Sénégal, Anouk Cohen décrit avec finesse l’intime dans la relation au Coran.
Le laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc–UMR 7186, CNRS/Université Paris Nanterre), propose un dispositif de soutien aux candidat.es au concours 2025 au poste de chargé.es de recherche au CNRS se reconnaissant dans les perspectives scientifiques du laboratoire et souhaitant leur rattachement au Lesc en cas de recrutement. Plus d'informations ici