Avec Denis-Constant Martin
Dans le cadre du New Deal destiné à combattre les effets de la crise de 1929 aux États-Unis, le gouvernement du président Roosevelt lança un programme destiné à fournir du travail à des écrivains (Federal Writers' Proghramme); dans ce cadre fut constitué une Collection de récits d'esclaves (Slave Narratives Collection). En dépit des problèmes méthodologiques posés par les conditions du recueil de ces récits, on y trouve une grande quantité d'informations sur les pratiques musicales et chorégraphiques des esclaves durant la dernière période de l'esclavage (des années 1840 aux années 1860). Ces informations, peu utilisées par les historiens des musiques noires des États-Unis, permettent d'enrichir l'analyse en termes de créolisation de la genèse des musiques noires de ce pays telles qu'elles apparaîtront au début du 20ème siècle (sous les étiquettes jazz, blues et gospel). Cette présentation introduira d'abord la problématique de la créolisation appliquée à ces musiques pour, ensuite, synthétiser les apports des récits d'anciens esclaves.
Denis-Constant MARTIN, directeur de recherches à la Fondation nationale des sciences politiques (à la retraite mais n’ayant pas souhaité être « émérite »), chercheur associé à LAM (Les Afriques dans le Monde, Sciences Po Bordeaux) a commencé par travailler sur l’analyse de régimes politiques en Afrique de l’Est puis dans les Caraïbes. Plus généralement, il a animé et produit des recherches sur les "identités" en politique, ainsi que sur les musiques et les fêtes populaires (carnavals notamment). Son intérêt pour la musique l’a poussé à développer des recherches en sociologie (politique) de la musique. Dans cette perspective, il a travaillé sur les musiques noires des Caraïbes de colonisation britannique (Jamaïque, Trinidad et Tobago) et des États-Unis, ainsi que sur les "musiques du monde". Après plusieurs années d’enquêtes de terrain en Afrique du Sud, il a publié divers travaux sur le jazz et les musiques populaires sud-africaines, ainsi que sur les pratiques festives et musicales spécifiques au Cap. Il a publié deux volumes sur ces sujets : Sounding the Cape, Music, Identity and Politics in South Africa, Somerset West, African Minds, 2013 (version électronique librement accessible à : https://www.africanminds.co.za/sounding-the-cape-music-identity-and-politics-in-south-africa/) et Cape Town Harmonies, Memory, Humour and Resilience, Somerset West, African Minds, 2017 (avec Armelle Gaulier; version électronique librement accessible à : https://www.africanminds.co.za/cape-town-harmonies/). Il a présenté un bilan de ses travaux en sociologie des musiques populaires dans : Plus que de la musique, Musiques, sociétés et politique, Caraïbes, États-Unis, Afrique du Sud, Paris, Mélanie Séteun, 2020.
Le séminaire du CREM (Centre de recherche en ethnomusicologie) a lieu deux lundis par mois, de 10h à 12h. Les chercheurs (doctorants compris) membres du CREM ou invités de passage y présentent leurs travaux en cours. Les présentations durent 50 minutes, et sont suivies d’une pause café et d’une heure de discussion.
Occasionnellement, le séminaire prend la forme d’un atelier rassemblant plusieurs chercheurs autour d’un thème commun. Il dure alors un après-midi ou bien une journée complète.
La participation au séminaire est ouverte à tous. Il fait par ailleurs partie du cursus des Master d’ethnomusicologie des universités Paris Nanterre et Paris 8 Saint-Denis.