Nouvelle séance de l'atelier d'anthropologie africaniste, avec Giuliano Buzzao
La pandémie du Covid 19 a (re)ouvert de nombreuses discussions sur la question de la crise en anthropologie. Qu’advient-il quand un terrain de recherche devient inaccessible en raison d’une crise ?
Mon projet de thèse se concentrait sur les programmes de santé mentale globale en Haïti après le tremblement de terre de 2010 et voulait y étudier les interactions complexes entre les personnes en détresse psychique, les acteurs religieux et les projets humanitaires dans un contexte de crise systémique. J'imaginais ce sujet, dans le cadre d’une plus vaste réflexion sur le trauma, l’autonomie, le futur du malade et la résilience. Mais, la situation économique, politique et sécuritaire haïtienne a rendu l’accès à ce terrain impossible. C’est alors que les Antilles françaises - avec la présence de la diaspora et de réfugiés haïtiens - se sont imposées. Ainsi, la redéfinition du projet a amené à la découverte de toute une série d’enjeux contemporains concernant les Antilles et à la constatation de l’existence d’autres crises, les unes emboîtées dans les autres, dans leur chaîne de cause-conséquence : crise migratoire, crise sanitaire (Covid-19, la vaccination obligatoire, crise environnementale liée au Chlordécone) et crise climatique (cyclones). Cette liste crises se dresse dans le contexte d’une société postcoloniale et post-esclavagiste, où les relations avec la métropole restent difficiles et le traumatisme de l’esclavage toujours présent et représenté. Cette société en crise a été décrite par de nombreux observateurs, dont certains ont recours à un vocabulaire pathologisant.
Dans ce contexte, qu’est-ce que signifie travailler sur la maladie mentale, le trauma, la résilience ? Quel terrain ethnographique concret possible sur ces enjeux dans les Antilles ?
L’Atelier d’anthropologie africaniste est un espace de discussion constructive de travaux en cours : présentation de matériaux de terrain, recherches en cours d’élaboration ou tout juste finalisées.
Il est organisé par des chercheuses et chercheurs du laboratoire sans distinction de statut.
L’atelier est ouvert à toute personne intéressée.