Évènements

Les expéditions guerrières des Suruí du Rondônia se terminaient parfois par la consommation de parties du corps de la victime. Ces épilogues cannibales étaient extrêmement rares (probablement moins de cinq au cours de la première moitié du XX^e siècle) et surtout ce geste n’était accompli qu’avec une très grande réticence de la part des mangeurs, dont les liens parentaux, matrimoniaux ou politiques avec le tueur étaient toujours distants, voire tendus. En outre, à la différence de l’homicide, l’anthropophagie n’était nullement célébrée, et le souvenir de ce dernier acte guère transmis. En m’appuyant sur les récits recueillis au sujet de quelques occurrences de cette pratique et en les replaçant au sein de la dynamique des expéditions guerrières, j’essaierai de proposer une analyse du cannibalisme suruí en termes interactionnels et pragmatiques, ce qui permettra de le distinguer des modèles cosmologiques du cannibalisme développés à partir du rituel des Tupinamba du XVI^e siècle.

Cette séance fait partie du cycle thématique : Mises à mort ritualisées d’humains en Amériques indigènes.