En 1846, l’esclavagiste Julián de Zulueta y Amondo achète un petit moulin à sucre qu’il baptise Álava où il fait construire un baraquement pouvant détenir jusqu’à 700 esclaves. Certains d’entre eux « fondent » des santos parados, pierres consacrées aux divinités nommées orichas qu’ils enterrent dans divers lieux du baraquement ou conservent auprès d’eux. Le plus connu de ces esclaves se nomme Ta Jorge, « homme de confiance » du maître qui, lors de la traversée de l’Atlantique, a gardé avec lui le santo parado d’Elegguá et une figurine représentant l’oricha-enfant. Aujourd’hui, ces reliques sont au cœur de la ritualité d’une des quatre maisons de culte qui composent le champ religieux de ce batey, rebaptisé central Méjico depuis la Révolution de 1959. Grâce à une enquête ethnohistorique et ethnographique, je reviendrai sur un siècle et demi d’histoire de la santería en milieu rural afin de montrer comment celle-ci est objectivée par le culte des santos parados. Ces mémoires narratives performées par le rite sont au fondement de revendications micropolitiques propres au champ religieux local. Finalement, je questionnerai l’influence du contexte mémoriel national sur les représentations locales du passé serviles qui s’expriment notamment lors des rituels possessionnels.
Discutante : Emma Gobin (Université Paris 8)
Lien visio: https://meet.jit.si/Anthopologie%C3%A0Nanterre
« Anthropologie à Nanterre » est un séminaire d’anthropologie généraliste, organisé par le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative et le Département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre. Le séminaire a lieu un mardi sur deux de 14h à 16h à la MSH Mondes, bâtiment René-Ginouvès, salle 308F (3e étage).
Le programme : semestre 2
Les séances sont ouvertes à toutes et tous.
Organisation : Estelle Amy de la Bretèque, Emmanuel de Vienne (semestre 1) ; Pascale Dollfus, Anne Yvonne Guillou (semestre 2)