« Par la génération » ou « par la sympathie ». La relationalité en acte dans trois danses de l’Île de Luanda (Angola)
Thèse réalisée en cotutelle entre l'université de Lisbonne et l'université Paris Nanterre, sous la direction de Michael Houseman
Le jury est composé de :
Michael Houseman (directeur)
Georgiana Wierre-Gore (rapporteur)
Ramon Sarró (rapporteur)
Inês Ponte
Nuno Domingos
Résumé
Ma thèse porte sur les logiques relationnelles qui émergent de l’analyse de trois danses pratiquées sur l’Île de Luanda, un cordon littoral situé face à la ville du même nom, autrefois habité uniquement par des pêcheurs, aujourd’hui largement urbanisé. Dans le contexte local, le mot « danse » (« dança » en portugais ou « kizomba » en kimbundu) ne désigne pas une pratique propre au corps singulier, mais plutôt une configuration sociale. « Danse » signifie « groupe ». Cet usage local m’a conduite à appréhender la danse sur deux plans : celui de la représentation et celui de la participation. Deux des trois danses analysées sont des danses récréatives : la danse carnavalesque et la danse en cercle – rebita – à partir duquel des couples se forment. La troisième est une danse rituelle pratiquée lors des offrandes à la sirène, laquelle exprime son mécontentement par de violentes marées qui, au fil du temps, ont drastiquement réduit la surface émergée de l’île. L’analyse de ces trois danses révèle la prééminence axiologique du domaine de l’affinité, de la conjugalité et du couple. Ce domaine relationnel associé à la territorialité s’oppose à la généalogie – champ dont la transmission de maladies spirituelles vient traduire son caractère problématique. Le fait que ces trois groupes se chevauchent (les gens, et notamment les femmes, circulent entre l’un et l’autre) m’a amenée à aborder la contribution des pratiques dansées à la saturation relationnelle de l’île. Cette densité relationnelle implémentée, entre autres, par les pratiques dansées apporte alors une nouvelle perspective à la vexata quaestio de l’identité de la population de l’île et de sa spécificité dans le contexte luandais.
Mots-clefs : Luanda, danse, carnaval, rebita, rituel, xinguilamento, logiques relationnelles