Par cette recherche Mahault Mandonnaud vise à ethnographier les manifestations parisiennes de Gilets jaunes, ainsi que la participation des Gilets jaunes à d’autres manifestations dans le cadre des mouvements sociaux. Depuis l’automne 2019, elles prennent la forme de manifestations hebdomadaires déclarées en préfecture et constituent un espace de sociabilité et de lutte politique où se forge une sensibilité propre. Lors de sa recherche de master elle a été frappée par l’emprunt de formes carnavalesques et par la manière dont les manifestants occupent l’espace et mettent en scène leur lutte de façon comique et truculente. Alors même que le durcissement des techniques de maintien de l’ordre et de répression des manifestations en France produit un espace physiquement de plus en plus violent.   

Afin d’analyser la formation de cette sensibilité politique et les ressorts de cette politisation sensible, il faut s’intéresser aux expériences et aux vécus des individus rassemblés dans l’espace urbain, et à la manière dont la performativité des expressions manifestantes participe à un processus subjectivation politique. Les outils de l’anthropologie de la musique et de la danse sont utilisés pour développer une approche centrée sur les ambiances sonores et la multi-sensorialité. Il s’agit de porter un intérêt particulier aux mouvements, aux corps et aux performances musicales et verbales -slogans, cris, batudaca, discours et chansons improvisées- dans leur rapport à l’espace urbain. Ce travail propose la description des savoirs et savoir-faire des manifestants ainsi que la manière dont ils expérimentent les situations, enfin il analyse la place de l’esprit carnavalesque et du rire au sein des manifestations.