Évènements

Journée d’études « Approches matérielles et processuelles de la création »

Journées d’étude

Mercredi 20 Juin 2018 09:00 - 18:00
EHESS – 105 bd Raspail
105 bd raspail, paris

Présentation

Cette journée s’inscrit dans le cadre du projet « Prendre le parti des choses. Publications hybrides sur les processus de création », dirigé à Ensadlab par Francesca Cozzolino (enseignante-chercheure, Ensadlab-Université PSL / LESC) avec la collaboration de Pierre-Olivier Dittmar (maître de conférences, EHESS, Techniques&Culture), et le soutien de l’Université PSL dans le cadre du projet IRIS « Création, cognition et société » et de la Chaire arts et sciences de l’École polytechnique, de l’EnsAD-PSL et de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Elle fait suite à une première journée d’études organisée le 29 mars 2018, intitulée : « Formes d’écriture et processus de création », dont les archives vidéo sont consultables en ligne.

EHESS | Salle 13
105 Bd Raspail 75005 Paris

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Comité d’organisation
Francesca Cozzolino (Ensadlab-Université PSL / LESC)
Pierre-Olivier Dittmar (EHESS)
Thomas Golsenne (Université de Lille)
Sophie Krier (UCR / Ensadlab-Université PSL)

Argumentaire
Cette journée intitulée « Approches matérielles et processuelles de la création » interroge la notion de « matérialité de la création » dans une perspective historique et anthropologique. 
Lematerial turn(« tournant matériel »), lorsqu’il émerge dans les années 1980, a rappelé qu’on a tout à gagner à prendre le parti des choses (Appadurai, 1986). Depuis la fin des années 1990, diverses voix se sont élevées pour plaider en faveur d’un renouveau des perspectives matérialistes (Bennet 2009, Daston 2004, Gell 1996, Ingold 2012, Lemonnier 2012, Miller 2005).
Le nouveau matérialisme, ou plutôt, les nouveaux matérialismes  adoptent une position post-cartésienne et posthumaniste. De manière générale, les travaux issus du material turn cherchent à dépasser le point de vue fonctionnel sur les objets et leur rôle dans la vie sociale : il ne s’agit plus (seulement) de comprendre à quoi servent les objets, mais de déterminer comment les objets jouent un rôle actif dans les processus sociaux, voire comment ils prennent part à l’action humaine, comment ils possèdent eux-mêmes une agentivité, c’est-à-dire une capacité d’action. 
Cherchant à transcender le dualisme traditionnel entre sujet et objet, cette approche met en avant l’idée que ces termes sont co-constitutifs, un positionnement qui n’est pas sans rappeler celui de Bruno Latour, qui parle parfois de « quasi-sujet » et de « quasi-objet » (Latour, 1991), ou encore la position de Fernando Domínguez Rubio défendant une approche écologique des « choses » (Domínguez, 2012 et 2016). Tim Ingold quant à lui invite à se passer de la notion d’objet, pour lui trop fermée, et de lui substituer celle de chose, dont la relative indétermination suggère l’ouverture sur ce qui l’environne (Ingold, 2013). Ainsi émerge l’idée que l’efficacité des objets, des choses et des matériaux ne réside pas dans la seule action humaine mais également dans leur agencement.
Nous proposons d’appliquer ces perspectives théoriques à l’étude de la création en posant la question : comment le material turn peut-il nourrir des nouvelles perspectives dans la recherche sur les formes de création ? Si l’histoire de l’art a renouvelé son approche de la matérialité, nous cherchons à élargir cette perspective théorique en prenant en compte les recherches historiques et anthropologiques sur la culture matérielle. Par conséquent, la création est ici comprise dans un sens large, anthropologique, que nous tirons de la théorie de l’art d’Alfred Gell : comme production de relations sociales à travers des artefacts. 
L’approche matérialiste que nous souhaitons promouvoir vise d’abord à comprendre dans quelles conditions pratiques sont accomplis les gestes artistiques et quel rôle joue la culture technique dans les processus de création. 
De plus, nous refusons ici de cloisonner les savoir-faire selon les découpages conventionnels et hiérarchiques : beaux-arts / artisanat, arts visuels / design, arts occidentaux / arts premiers. Cette approche implique une certaine modestie dans l’étude minutieuse des processus à l’œuvre dans la création, mais aussi la capacité d’envisager, d’un point de vue plus distant, comment les œuvres de création permettent d’élaborer de nouvelles formes de relation sociale. Nous souhaitons convier à cette journée des historien·ne·s et des ethnologues qui mènent leurs recherches selon cette double focale. 
Les premier.e.s contribuent à l’étude des images, des ouvrages d’art et des bâtiments du Moyen Âge à aujourd’hui, ici ou ailleurs, d’un point de vue matériel (les couleurs, les matériaux, les techniques) qui engage à remettre en cause la centralité de l’intention de(s) auteur(e.s) dans la formation du sens des artefacts. Les second.e.s travaillent à la croisée de la culture matérielle et de l’anthropologie des arts et des techniques afin d’appréhender des formes de création dans des contextes socio-culturels variés. 


Bibliographie citée
APPADURAI Arjun (ed.), The Social Life of Things: Commodities in Cultural Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1986.
BENNET Jane, Vibrant Matter: A Political Ecology of Things. Durham, NC, Duke University, Press Books, 2009.
DASTON Lorraine, Things that Talk: Object Lessons from Art and Science, New York, 2004.
DOMINGUEZ Rubio Fernando, "The material production of the spiral jetty: A study of culture in the making", Cultural Sociology 6(2), p.143–161, 2012.
DOMINGUEZ Rubio Fernando, "On the discrepancy between objects and things: An ecological Approach", Journal of Material Culture, Vol. 21 (1) 59–86, 2016.
GELL Alfred, "Vogel’s Net: Traps as artworks and artworks as traps",  Journal of Material Culture 1 (1), p.15–38, 1996.
GELL Alfred, Art and Agency. An Anthroppological Theory, Oxford, University Press, 1998.
INGOLD Tim, "Toward an ecology of materials", Annual Review of Anthropology 41 (1), p. 427–442, 2012.
INGOLD Tim, "Being Alive in a World without Objects", in The Handbook of Contemporary Animism, ed. Graham Harvey, Routledge, p. 213-225, 2013.
LATOUR Bruno, Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La Découverte, 1991
LEMONNIER Pierre, Mundane Objects, Materiality and Non-Verbal Communication, Walnut Creek, Left Coast Press, 2012.
MILLER Daniel, Materiality, London, Duke University Press, 2005.
NÈGRE Valérie, L’art et la matière. Les artisans, les architectes et les techniques (1770-1830), Paris, Classiques Garnier, 2016.
YANEVA Albena, "Chalk steps on the museum floor: The ‘pulses’ of objects in an art installation", Journal of Material Culture 8 (2), p. 169–188, 2003.
YONAN Michel, "Toward a Fusion of Art History and Material Culture Studies", West 86th, A Journal of Decorative Arts, Design History and Material Culture, 18/2, p. 232-248, 2011.

Programme de la matinée

9h Introduction

Modération : 
Boris Pétric, directeur de recherche, Centre Norbert Elias, EHESS 
Francesca Cozzolino, enseignante chercheuse, EnsadLab-Université PSL / LESC

9h30 
Sandra Revolon, anthropologue, Aix-Marseille Université / CREDO-EHESS
Effets de matière. L’iridescence comme catégorie esthétique (Owa, îles Salomon, Océanie)

10h30
Alice Doublier, anthropologue (Ater, EHESS / CRJ-CCJ)
Des fabrications dissolues. Saisir les processus de création de céramiques par la description lente (Kyoto, Japon).

11h30
Brune Boyer, bijoutier-plasticienne, doctorante au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative LESC, UMR 7186, CNRS / Université Paris Nanterre
Interpréter l’art et la manière : que veut dire « tricher » dans un atelier  de bijoutier ?

Pause  12h30-14h00

Programme de l’après-midi

Modération : 
Pierre-Olivier Dittmar, maître de conférences, EHESS, Techniques&Culture
Thomas Golsenne, maître de conférences en histoire de l’art moderne et culture visuelle, Université de Lille
 
14h00 
Yaël Kreplak, post-doctorante au laboratoire SENSE (Orange Labs)
Quelle sorte d’entité matérielle est une œuvre d’art ?

15h00
Claire Le Thomas, historienne de l’art, Lahic, IIAC (CNRS-EHESS)
Le bricolage, une métaphore heuristique pour l’art

16h00
Jean-Marie Guillouët, Université de Nantes, Centre François Viète d’épistémologie et d’histoire des technique (EA 1161)
Processus techniques, virtuosités des savoir-faire et stratégies d’individuation artisanale à la fin du Moyen Âge

17h00
Antoine Picon, Directeur de recherches à l’Ecole nationale des Ponts et Chaussées, professeur à la Graduate School of Design de Harvard
La matérialité de l’architecture

  • Accueil
  • Laboratoire
  • Évènements
  • Journée d’études « Approches matérielles et processuelles de la création »
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
Flexicontent
Flexicontent
Accepter
Décliner