Une thèse qui traverse l’histoire de la philosophie politique moderne est qu’il existe un lien particulier entre l’État et l’agriculture. Tout État serait par définition agricole, idée sur laquelle repose celle de révolution néolithique qui a sous-tendu des études en archéologie, en histoire et même en anthropologie. Il s’agira ici de discuter deux propositions issues de travaux plus ou moins récents : 1) toute agriculture ne conduit pas à la sédentarisation et à l’État ; 2) toute agriculture n’est pas domesticatrice, au sens de productrice d’une dépendance reproductive des plantes à l’égard de l’homme.
Cette dépendance ne tient pas à l’agriculture en tant que telle, mais à sa forme intensive, maximisée dans le modèle de la plantation coloniale, qui conduirait à une sorte d’hyper-domestication impliquant un contrôle de certaines espèces végétales et passant nécessairement par le contrôle des corps et des populations, humaines et non-humaines. D. Haraway et A. Tsing ont défini le Plantationocène comme un autre nom pour l’Anthropocène, cette ère où les humains deviennent une force incontrôlable, menaçant la terre toute entière.
Si le Plantationocène est le royaume de l’hyper-domestication, y résister reviendrait à rechercher des pratiques de contre-domestication – pratiques qui ont toujours été mises en œuvre par les peuples amérindiens et marrons, précisément ceux qui ont été et continuent d’être expulsés de leurs terres et qui sont subjugués par les projets coloniaux et capitalistes. Pour poursuivre sur ce point, les cas amérindiens seront ici privilégiés.
Le Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) propose une réflexion sur les débats contemporains de l’anthropologie américaniste, en croisant les perspectives de l’histoire, de la politique, de la linguistique ou de l’ethnomusicologie. Alternant des aires géographiques et des contextes culturels diversifiés, il ouvre un espace de discussion entre enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants autour de recherches en cours. Sont ainsi exposées dans ce séminaire des thématiques variées touchant au rituel, à l’organisation sociale, aux changements sociaux et religieux, aux politiques publiques, aux processus de transformation des sociétés et de construction des savoirs.
Ce séminaire est organisé par :
Coordinateurs : Olivier Allard (EHESS, LAS), Anath Ariel de Vidas (CNRS, CERMA-Mondes américains), Isabelle Daillant (CNRS, EREA-LESC)
Il a lieu le troisième vendredi du mois de 10h à 12h à la Maison Suger – 16-18, rue Suger – 75006 Paris
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Cliché : © Anath Ariel de Vidas 1986