[English version below]
Après avoir travaillé sur le traitement des demandeurs d’asile en France, à partir d’une ethnographie de l’attente au sein des centres d’accueil et d’une étude des pratiques de jugement à la Cour nationale du droit d’asile, la recherche actuelle de Carolina Kobelinsky porte sur les morts aux frontières de l’Europe. Elle interroge le devenir de ces morts « étrangers », bien souvent « inconnus », de même que les imaginaires de la mort de celles et ceux qui traversent les frontières. À partir d’une démarche ethnographique, Carolina Kobelinsky étudie la gestion des corps retrouvés aux frontières sud de l'Europe (Espagne, Italie) et elle explore les récits autour de la mort aux frontières auprès de migrant.e.s préparant/ayant réussi la traversée. Ce faisant, il s’agit de proposer une réflexion sur la violence du régime contemporain des frontières et de repenser le sens de la migration lorsqu’elle se fait au risque de la mort.
After having worked on the treatment of asylum seekers in France, based on an ethnography of waiting in asylum reception centres and a study on judgement practices at the National Court for Right of Asylum, Carolina Kobelinsky’s current research concerns deaths at the borders of Europe. She investigates the future of these “foreign” deaths, often “unknown”, as well as the the imaginations of death of those who cross the border. Using an ethnographic approach, Carolina Kobelinksy studies the management of bodies found at the Southern borders of Europe (Spain, Italy) and explores accounts of death at the border from migrants preparing or having already succeeded at crossing the border. In doing so, the study proposes a reflection on the violence of the contemporary regime of borders and rethinks the meaning of migration as a death risk.
2017-2021, Morts en contexte de migration (MECMI), programme financé par l'Agence nationale de la recherche et le Fonds de recherche Société et culture du Québec, co-dirigé avec Lilyane Rachédi (UQAM)
www.mortsenmigration.uqam.ca
À travers trois noyaux thématiques – gestion des morts ; imaginaires de la mort ; accompagnement des mourants et endeuillés – ce programme de coopération franco-québécoise a pour objectif d’interroger les dimensions matérielles, juridiques, institutionnelles, associatives, familiales, morales et émotionnelles de la mort en migration.
CORTEM- Sociologie politique du traitement des restes humains (dir. N. Fischer) https://cortem.hypotheses.org/
-ViDes- Vidas descontadas. Refugios para habitar la desapariciôn social (dir. G. Gatti)
-MoCoMi- Morts covid en migration (dir. M-C. Saglio-Yatzimirsky) https://www.icmigrations.cnrs.fr/mocomi/
-Migravilles- Sur les murs de nos villes: interventions visuelles sur les migrations (dir. K. Akoka)
2016-2018, Babels : ce que les villes font aux migrants, ce que les migrants font à la ville, programme financé par l'ANR, dirigé par Michel Agier
http://anrbabels.hypotheses.org/
Le programme de recherche Babels questionne l'actuelle « crise des réfugiés » en Europe à travers les formes d'hospitalité ou de rejet envers les migrant·e·s qu'elle a fait surgir. Fondé sur des ethnographies de villes européennes et méditerranéennes, ce programme cherche à analyser les situations de frontière contemporaines. Les frontières sont ici envisagées dans leurs dimensions géographiques – avec l'apparition de barrières et de murs – politiques et sociales – à travers les multiples mécanismes de mise à l'écart des migrant·e·s. Dans chaque contexte urbain, les frontières prennent une texture et une temporalité particulière permettant de distinguer trois formes de villes – les villes-carrefours, les villes-frontières et les villes-refuges – qu'il s'agira de décrire et d'analyser.
2018-2020, Programme Ecos-Sud Chili: La construction nationale à l'épreuve de l'"étranger” : Incarnation/incorporation, reproduction et déconstruction des héritages et traumas historiques de la colonialité à l’échelle de l'État, l'individu et la nation, programme financé par la coopération scientifique avec le Chili, dirigé par Véronique Bénéï
Sur le port de Catane, à l'est de la Sicile, des milliers de personnes en péril débarquent, accompagnées des corps de celles qui n'ont pas survécu à la traversée de la Méditerranée. Dans un contexte d'indifférence générale à cette hécatombe et un environnement politique marqué par la criminalisation des migrants, un petit groupe d'habitants et d'habitantes s'est mobilisé pour redonner un nom aux défunts et joindre leurs familles. L'ouvrage retrace cette initiative locale inédite, qu'aucune autorité nationale ou européenne n'avait entreprise jusque-là de façon systématique. Au cours des visites répétées au cimetière, des lectures de dossiers administratifs et des enquêtes conduites pour suivre les pistes susceptibles de relier un corps à une histoire, un attachement particulier à ces inconnus naît. Le livre raconte les vies des morts auprès de celles et ceux qui les accueillent sur l'autre rivage. Il explore les tentatives collectives et intimes menées pour tracer un chemin entre nous et les autres. Émaillé d'extraits de textes rédigés par des hommes et des femmes soucieux d'empêcher l'oubli, ainsi que des poèmes et des chansons qui donnent, à leurs yeux, sens à leur engagement, ce récit entend restituer la dimension sensible de leurs investigations. Il rend également perceptible la fragilité des liens invisibles et rarement mis en mots qui unissent des vivants à des morts dont ils ne savent (presque) rien.
Sept anthropologues se réunissent pour parler ensemble de la notion de nostalgie. Chacune d’entre elles, à sa manière, se retrouve confrontée à ce sentiment profondément ambivalent à mesure qu’elle pressent ou assiste à la disparition de son « terrain », ce territoire d’étude au long cours propre à chaque anthropologue. Mais d’où cette nostalgie peut-elle bien venir ? Est-elle légitime ? Et si, parfois, les anthropologues avaient de bonnes raisons d’être nostalgiques ? Tels les canaris au fond de la mine, sentiraient-elles « venir le grisou » ? Pour tenter de répondre à ces questions, elles ont choisi de faire un pas de côté par rapport à leur pratique habituelle : en optant pour la fiction, en renouant avec l’écriture créative, en faisant appel à leurs souvenirs, leurs lectures, et en mettant à l’épreuve leur subjectivité.
L’État est souvent représenté comme une entité bureaucratique abstraite et neutre. Or il se constitue à travers des discours, des pratiques et des relations qui en font une réalité concrète et située, s’incarnant dans le travail de ses agents et s’incrivant dans les enjeux de son temps. C’est ce que montre cet ouvrage, produit d’une enquête de cinq années, qui décrit et analyse le fonctionnement de la police, de la justice, de la prison, des services sociaux et de la santé mentale. Ces institutions ne sont certes pas tout l’État, mais elles ont affaire, en large part, aux mêmes publics issus de milieux populaires, d’origine immigrée ou appartenant à des minorités. Au fil d’une étude qui associe généalogie et ethnographie, il apparaît que la prise en charge de ces populations procède, au sommet du pouvoir comme dans le quotidien des interactions, non seulement de l’application de règles et de procédures, mais aussi de la mobilisation de valeurs et d’affects, de jugements formulés sur des groupes ou des personnes et d’émotions ressenties devant des situations ou des actes : elle exprime la morale de l’État. Nourrie des débats autour de l’immigration et de l’asile, de la délinquance et de sa répression, de la responsabilité des individus et du rôle de la solidarité, cette morale met en tension un État social en recul, un État pénal en expansion et un État libéral qui attend toujours plus de ses sujets. Comprendre cette raison morale si souvent refoulée, c’est ainsi repenser le politique.
Où être enterré quand on a fait sa vie entre deux pays ? Selon quels rituels ? Comment garantir la transformation d’un défunt en un ancêtre lorsque de nombreuses cérémonies ne peuvent pas être réalisées dans le pays de migration ? Traces et mobilités posthumes prolonge ces interrogations en explorant le rôle – important et à chaque fois singulier – joué par la prise en charge des défunts venus d’ailleurs, dans la façon dont les communautés migrantes se projettent dans l’avenir. Les huit chapitres qui composent cet ouvrage restituent l’épaisseur des expériences vécues face à la mort en contexte migratoire, en Amérique latine, au Japon, au Canada, mais aussi en Espagne, en Russie et au Sénégal. Aux contributions des chercheuses et des chercheurs en anthropologie, histoire et sociologie, fondées sur des enquêtes ethnographiques ou archivistiques, s’associent les voix des professionnels de l’univers de l’intervention sociale. Ensemble, elles éclairent la gestion quotidienne des morts « étrangers ». Traces et mobilités posthumes donne ainsi à voir les contours de nouveaux horizons, de futurs rêvés des défunts avec les vivants, qui se dessinent à travers le traitement de funérailles et de deuils en migration.
L’universitaire camerounais à New York, le trader français à Londres, l’ouvrier népalais à Doha… sont autant de figures contemporaines de la mobilité. Le numéro 3 de Monde commun met en évidence la dimension ordinaire, sans être anodine, de la migration. Au-delà de la singularité de chacune des situations, considérer ensemble cette multitude migrante – plus de 250 millions de personnes vivant hors de leur pays de naissance – invite à penser le monde à partir des sites et situations de rencontre, cohabitation, coprésence, conflit ou collaboration. Ce numéro intègre les migrations de travailleurs à l’intérieur d’un vaste pays, comme c'est le cas en Inde, ou la migration comme devenir qui traverse la vie de celles et ceux qui aspirent au déplacement. Tous ces mouvements redessinent les frontières, qu’elles soient géopolitiques, sociales, culturelles. Comment les migrations s’inscrivent-elles durablement dans le tissu social ? Comment les sociétés fonctionnent-elles avec l’ouverture au monde et la mobilité comme principe ?
Between 2015 and 2018, Catania (Sicily) was one of the main arrival points for border crossers trying to reach the European Union without the necessary authorization from nation-states. A small group of locals involved with the Red Cross in migrant reception in the port decided in 2017 to organize themselves in order to find a way of "respecting" the dead border crossers arriving on European territory, alongside the living, during the search and rescue operations that have formed part of the landscape around the Mediterranean for several years. The idea of respecting the deceased turned into a project to develop a database aimed at providing a name and a biography for the unknown bodies buried in the local cemetery. The team succeeded in convincing the institutions involved in dealing with these bodies of the value of cooperating, which enabled them to consult the files held about the deceased by various police agencies and municipal institutions. Drawing on ethnographic material, we explore here an unexpected effect of the project. Our interlocutors – Red Cross volunteers, employees of the civil registry office, undertakers, forensic police officers – who were all involved in constructing the database, and more broadly in dealing with the bodies, soon expressed an attachment to the deceased. In this essay, we aim to examine the social and emotional feelings of connectedness that are created through everyday acts, and sometimes quite trivial actions: visiting the dead in the cemetery, naming them, dreaming of them recurrently, or telling stories about them during family gatherings. Combining an ethnographic account of these relationships with anthropological scholarship on kinship, as well as on death studies, we intend to bring out some of the features of the new place created within Catania, and among some of its inhabitants, for border crossers who have died at sea.
Death during the journey to Europe is both a spectre hanging over border crossers and a concrete reality. It is also a very present issue within the society that finds itself forced to deal with these inert bodies. Drawing on a field study has been conducted since January 2018, we focus here on how the bodies found at sea and taken to the port of Catania (Sicily) are managed, exploring both their itinerary and how a small group of people from the city has become involved in a project to give them a name and a biography.
On a sunny Tuesday afternoon in May 2015, two young women walking by a lighthouse in Melilla, a Spanish enclave on the northern shores of Morocco’s Mediterranean coast, found the lifeless body of a young man. As the police quickly soon confirmed, the boy had died while trying to jump on a ferry that would take him "to the real Europe" (i.e., the Iberian Peninsula). Using ethnography, this article aims at mapping the afterlives of this dead young man, in their multiple dimensions. It traces the body’s trajectory through the judicial system and bureaucratic registration; it investigates attempts made by various agencies at identifying the corpse and carrying it to its final destination; finally, it analyzes the efforts made to pay him tribute. By tracing the dead boy’s itinerary, this article sheds light on the conflictual interactions between different actors (state and municipal institutions, civil society groups, and migrants themselves) involved in the treatment of deaths at the borders.
Les corps morts des personnes migrantes décédées aux frontières de l’Europe sont un objet en tension entre plusieurs façons de les considérer et de les traiter. Lorsqu’un corps est retrouvé, l’identité de la personne décédée est tout d’abord une quête. Pour la déceler, des habitants des lieux-frontières, des activistes et des personnes migrantes se mobilisent afin de recueillir des informations permettant de lui attribuer un nom et de contribuer à restituer au défunt une place parmi les siens (sa famille, ses pairs). Il n’existe en effet aucun protocole officiel spécifique visant à redonner un nom et une identité aux corps de celles et ceux qui sont morts aux portes de l’Europe. Le regard est ici posé sur la façon dont les compagnons de voyage s’occupent des morts et des disparus à la frontière entre l’enclave espagnole de Melilla et le Maroc. Fondée sur une démarche ethnographique, la trame narrative est construite autour de la mort d’un jeune homme d’origine malienne et du traitement de celle-ci. En filigrane, la notion de trace est mobilisée comme un outil permettant de saisir ensemble différentes dimensions de cette prise en charge.
Un article de la revue Diversité urbaine, diffusée par la plateforme Érudit.
Depuis des dizaines d’années, des migrant·e·s meurent aux frontières de l’Europe. On peut s’étonner de la différence de traitement réservé aux vivants et aux morts. Pour les premiers, les technologies les plus avancées pour identifier et garantir la traçabilité des nouveaux arrivants. Pour les seconds, le silence et l’anonymat. Objet anthropologique par excellence pour appréhender une société donnée, la mort pose d’autres questions dès lors qu’elle touche des personnes qui n’en sont pas membres.
Prévu dans le projet de loi sur l’asile en cours de discussion, l’élargissement de la prise en charge des demandeurs d’asile dans un centre pour demandeurs d’asile (Cada) – actuellement très insuffisante – constitue une avancée indéniable. Il s’accompagne cependant du renforcement d’un dispositif qui contraint et confine ces étrangers en situation d’attente. En contrepartie d’un accueil et d’un soutien matériel, social et juridique non négligeables, on assiste à une sorte de mise sous surveillance grandissante des personnes hébergées.
In this paper, I examine the decision-making process in the French Court of Asylum, which reviews appeals about decisions of the French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons, granting or refusing refugee status. I consider the relationship between the substantial refusals of the claims and the adjudicators’ con-ception of what asylum is. Drawing on data collected between 2009 and 2011 over 14 months of ethnographic fieldwork at the Court, I argue that refugee status is imagined as an ideal and that it is therefore very difficult to consider real claimants worthy of it.
A partir de una investigación etnográfica en la Cortefrancesa del derecho de asilo —institución que evalúa lasapelaciones de los solicitantes de asilo que ya han recibidoun primer rechazo de la administración francesa—,propongo una exploración de las emociones y sentimientosque se ponen en juego a la hora de evaluar la credibilidadde las peticiones de asilo y la sinceridad de lossolicitantes. El estudio de las emociones permitirá abordarla construcción de las figuras de víctima, militante ydel falso refugiado en sede judicial.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’asile a fait l’objet d’une institutionnalisation dans le cadre de la Convention de Genève de 1951. En France, la Cour nationale du droit d’asile examine les recours des déboutés de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides. Son activité se déploie dans un contexte où le discours public fait prévaloir le doute sur le bien-fondé de la majorité des demandes, le taux d’admission en première instance étant passé de neuf à un sur dix en trois décennies. Nous nous intéressons à la manière dont les transformations de l’économie morale de l’asile, de la confiance au soupçon, se traduisent dans les pratiques de justice locale, fondées sur des principes d’indépendance et d’équité. Nous appuyant sur une enquête par observation et entretien conduite pendant dix-huit mois, nous analysons les recommandations des rapporteurs et les décisions des formations de jugement. Nous montrons qu’au-delà de la diversité de leur profil sociologique les rapporteurs se distinguent peu dans leurs avis, tandis que, sous l’effet des logiques institutionnelles, les différences entre les formations de jugement se corrigent. La tension qui s’instaure ainsi entre les idéaux et les normes de la protection asilaire, d’une part, l’injonction des politiques et la routine des pratiques, d’autre part, se résout dans le sentiment que le principe de l’asile est d’autant mieux défendu que l’accès en est restreint., In the aftermath of the Second World War, the Geneva Convention of 1951 institutionalized asylum-granting. In France, the National Court of Asylum examines appeals from applicants whose requests have been turned down by the French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons. The Court operates in a context where public discourse is increasingly likely to cast doubt on the validity of applications and where the Office’s application acceptance rate has fallen from nine-in-ten to one-in-ten in the last thirty years. We examine how changes in the moral economy of asylum-granting and the shift from trust to suspicion are reflected in local justice practices founded on the principles of political independence and decision fairness. Using the results of an eighteen-month-long observation and interview study, we analyze Court asylum application rapporteurs’ recommendations and Court rulings. Despite sociological differences between rapporteurs, their recommendations differ little, while divergences in perspective between magistrates are attenuated by the overall pressure of institutional procedures. The tension that thus develops between the ideals and norms of protection through asylum and policy injunctions and routine practices may be summed up by the impression that the more limited access to asylum is, the more firmly the asylum principle is defended., Seit dem zweiten Weltkrieg wurde das Asyl im Rahmen der Genfer Vereinbarung von 1951 institutionalisiert. In Frankreich prüft die Cour nationale du droit d’asile [Staatlicher Gerichtshof für Asylrecht] die Regresse gegen die durch das Office français de protection des réfugiés et des apatrides [Französische Anstalt zum Schutz der Flüchtlinge und Staatenlosen] verweigerten Asylanträge. Die Arbeit des Gerichtshofs verläuft in einem Kontext, in dem der öffentliche Diskurs die Berechtigung des größten Teils der Anträge anzweifelt, was dazu führte, daß die Zulassungen in erster Instanz von neun zu eins auf zehn zu drei zurückgefallen sind. Wir befassen uns mit der Art, wie die Wandlung der Moralischen Ökonomie des Asyls vom Vertrauen zum Verdacht sich in der Praxis der lokalen Justiz umsetzt, die auf Unabhängigkeit und Gleichbehandlung gegründet ist. Wir stützen uns auf eine über eineinhalb Jahre geführte Beobachtungs- und Gesprächsforschung und analysieren die Empfehlungen der Referenten und der Entscheidungen zur Urteilsbildung. Wir zeigen auf, daß über ihre unterschiedlichen soziologischen Profile hinaus die Referenten nur wenig abweichende Ansichten vorbringen, während unter Einwirkung der Institutionslogik die Unterschiede in der Urteilsfindung korrigiert werden. Die somit zwischen den Idealen und den Normen des Asylschutzes einerseits, der politischen Vorschrift und der Praxisroutine andererseits auftretenden Spannungen lösen sich in dem Gefühl, daß das Asylrecht umso besser verteidigt ist, als es eingeschränkt wird., Desde la segunda guerra mundial, el derecho de asilo ha sido objeto de una institucionalización dentro de la convención de Ginebra de 1951. En Francia, la Corte Nacional del Derecho de Asilo examina los recursos de los desestimados de la oficina francesa para la protección de los refugiados y de los apátridas. Su actividad se despliega en un contexto donde el discurso público invoca la duda sobre lo bien fundado de la mayoría de las solicitudes, habiendo descendido de nueve a uno, sobre diez, la taza de admisión en primera instancia, en los tres decenios. Nosotros nos interesamos a la manera por la cual las transformaciones de la economía moral del asilo, de la confianza a la sospecha, se reflejan en las prácticas de justicia local, basadas sobre los principios de independencia y equidad. Apoyándonos en una encuesta de observación y de entrevista efectuada durante diez y ocho meses, analizamos las recomendaciones de los informadores y las decisiones de las formas de juzgamiento. Mostramos que más allá de la diversidad de su perfil sociológico, los informadores se diferencian poco en sus opiniones, mientras que, bajo el efecto de las lógicas institucionales las diferencias entre las elaboraciones de juzgamiento se corrigen. Así, la tensión que se instaura entre los ideales y las normas de protección del asilo, de una parte, la exhortación de las políticas y la rutina de las prácticas por otra parte, se resuelve en el sentimiento que el principio del asilo es con mayor razón mejor defendido si el acceso es limitado.
Omar è senegalese: di mestiere fabbro, è nato nel 1972; Abdoulaye Diarra, maliano, è invece un agricoltore ed è nato nel 1994. Non si conoscono tra loro. Eppure, un fatto li unisce: a circa dieci anni di distanza, entrambi hanno cercato di attraversare l'Europa attraverso il Marocco.
Les événements survenus en Méditerranée au cours de l’année 2015, communément qualifiés de « crise des migrants », ont bien constitué le révélateur d’une crise profonde en Europe. Mais de quelle « crise » parlons-nous ? Pourquoi le fait migratoire est-il aujourd’hui le plus souvent réduit, en Europe, à cette notion ? Pour les auteur·e·s de cet ouvrage, l’utilisation de ce terme reflète avant tout le refus des États européens d’intégrer les dimensions contemporaine et internationale d’un phénomène qu’il est illusoire de prétendre enrayer et qui ne peut au demeurant être qualifié ni de nouveau ni d’imprévisible. Cette attitude de déni se traduit par une gestion meurtrière des frontières et le renoncement au principe de solidarité entre États membres qui est supposé fonder l’Union européenne. Elle met en évidence la véritable crise, celle de l’accueil. Grâce à un éclairage pluridisciplinaire, cet ouvrage se propose de faire le point sur ce que la « crise » nous apprend, en termes de nouvelles pratiques et de logiques latentes.
« Le musée de l’invisible ». Cette inscription sur un mur, dans la rue, en français, a été prise en photo par Gabriel Gatti lors d’un séjour à São Paulo en 2018 (p. 95 de l’ouvrage). Personne n’a pu lui dire ce que c’était, personne n’avait entendu parler d’un tel musée. Bien plus tard, il apprend qu’il s’agissait d’un projet mobile pour exposer l’imperceptible et renvoie dans une note en fin d’ouvrage sur un site internet. J’ai essayé de le consulter pour savoir qui portait l’initiative, mai...
Depuis dix ans, près de 30 000 personnes sont mortes ou ont disparu en tentant de franchir la Méditerranée. Qui sont-elles ? Comment les identifier ? Des anthropologues et des activistes tentent de répondre.
Tout au long de leur parcours, les personnes migrantes sont soumises à différentes formes d’attente au cours desquelles elles apprennent que leur temps est jugé sans valeur.
Après avoir quitté sa maison près d’Abidjan en mai 2013, Adama Touré a traversé le Mali, l’Algérie, le Maroc. Un chemin surtout marqué par l'attente - et les quelques minutes où il a risqué sa vie pour "frapper la barrière" de Melilla. A travers l'histoire d'Adama, l'anthropologue Carolina Kobelinsky retrace le parcours des demandeurs d'asile.