[English version below]
Jessica De Largy Healy travaille depuis 2002 en Terre d’Arnhem, une région classique de l’anthropologie australianiste. Sa thèse (PhD Université de Melbourne-EHESS 2008), qui présente l’ethnographie d’un projet d’archivage aborigène, analysait les effets de la restitution numérique d'objets muséaux et de sources scientifiques sur la transmission des savoirs. Elle examine les façons dont le processus de restitution est réinvesti par différents acteurs et dynamise les pratiques sociales, artistiques et rituelles sur le terrain. S’intéressant aux mécanismes de transposition des images sacrées sur de nouveaux supports, ses travaux mettent au jour les sources contemporaines de la création aborigène, les innovations dans la figuration du sacré, la transformation rituelle et l’émergence de nouvelles formes de représentation y compris en ligne. Ses analyses de films de rituels ont montré comment ceux-ci apparaissent comme des nouveaux supports de médiation du sacré qui s’inscrivent dans des stratégies complexes de transmission.
Recrutée en 2017 au CNRS, son programme de recherche s'intitule "anthropologie de la restitution: archives, rituels création". Qu’elle concerne la numérisation des collections muséales et des archives scientifiques ou les demandes de rapatriement physique de certains objets à leurs communautés d’origine, la restitution génère des pratiques et des discours nouveaux liés à des politiques de reconnaissance et de justice sociale, au droit de pratiquer et de transmettre sa religion, à l’éthique de la recherche et de la représentation muséale, et à la revitalisation culturelle et la perpétuation des traditions. Son programme poursuit en l’actualisant une réflexion sur la restitution numérique et les archives autochtones, avec une attention portée à la catégorie du secret si prégnante en contexte aborigène australien, et ses effets sur les politiques d'Open Access. Une dimension comparative est développée grâce à sa participation au projet SAWA (savoirs autochtones wayana-apalaï, Guyane). Elle aborde également la restitution sous l’angle du rituel et des nouvelles formes cérémonielles qu’elle génère ouvrant la recherche à des questionnements transversaux.
Since 2002, Jessica De Largy Healy has worked in Arnhem Land, a classic region in Australian anthropology. Her thesis (PhD University of Melbourne – EHESS 2008), an ethnography of an Aboriginal archival project, analyses the effects of the digital repatriation of museum objects and scientific source on the transmission of knowledge. She examines the ways in which the restitution process is re-invested by different actors, and stimulates social, artistic, and ritual practices in the field. Focusing on mechanisms of transposition of sacred imagery on new mediums, her work sheds light on contemporary sources of Aboriginal creation, innovations in the figuration of the sacred, ritual transformation and emergence of new forms of representation including online. Her analyses of ritual films show how these rituals appear as new mediums of mediation of the sacred that are part of complex transmission strategies.
Recruited to CNRS in 2017, her research project is entitled “Anthropology of Restitution: Archives, Rituals, Creation”. Whether it concerns the digitization of museum collections and scientific archives or demands for physical repatriation of certain objects to their communities of origin, restitution generates new practices and discourses linked to the politics of recognition and social justice, the right to practice and transmit one’s religion, the ethics of research and museum representation, and cultural revitalisation and the perpetuation of traditions. Her project will continue through a reflection on digital restitution and aboriginal archives, with a special attention on the category of the secret, central to the Australian Indigenous context, and its effects on policies of Open Access. A comparative dimension is developed through her participation in the SAWA project (Indigenous Knowledges, Wayana-Apalaï, Guiana). She also addresses restitution from the angle of ritual and the new ceremonial forms that it generates, opening research to transversal questions.
Membre du Comité d’évaluation scientifique du musée du quai Branly-Jacques Chirac (2013-2017)
Membre du comité de rédaction Pacific-credo publications (Pcp) (2014-2020)
Membre du comité de rédaction de Terrain, co-responsable de la rubrique « Portraits » (2016-2020)
Membre du comité de rédaction des rubriques en ligne du Journal de la Société des Océanistes, co-respondable de la rubrique "Paroles"
Membre du comité d'acquisition des fonds audiovisuels et sonnores de la médiathèque, musée du quai Branly-Jacques Chirac
Membre du bureau de la Société des Océanistes depuis 2010. Secrétaire générale adjointe, responsable du Cinéma des Océanistes
Membre du Conseil Consultatif par Discipline (UPN) 2020-21
2020-2021 CARTOCOLL. Cartographie d'une collection : les peintures sur écorce de la collection Karel Kupka (Terre d'Arnhem, Australie)
co-responsable : Nicolas Garnier (mqb-jc)
Labex Les Passés dans le Présent
2016-2019 Savoirs Autochtones wayana-apalaï (Guyane) – Une nouvelle approche de la restitution et ses implications sur les formes de transmission
resp. Valentina Vapnarsky, EREA-LESC-CNRS
Labex Les passés dans le présent
http://passes-present.eu/fr/sawa-savoirs-autochtones-wayana-apalai-guyane-2591
2020-2022 Anthropen. Les frontières des données anthropologiques
resp. Monica Heintz (LESC-UPN)
ANR Sciences Ouvertes
https://anthropen.hypotheses.org
2020-2023 CINEMAF. Images animées en contextes mémoriaux controversés
resp: Monica Heintz (LESC-UPN), Damien Mottier (HAR-UPN)
Labex Les passés dans le présent
http://passes-present.eu/fr/node/44476
Dans cet entretien avec Baptiste Moutaud et Anthony Stavrianakis, anthropologues travaillant dans le domaine de la santé, Jessica de Largy Healy et Monica Heintz questionnent leur expérience internationale des comités d’éthique de la recherche, dans un contexte où les codes, institutions et protocoles éthiques nés dans le milieu anglo-saxon arrivent massivement en Europe et aussi dans la recherche anthropologique française. En réfléchissant collectivement aux enjeux, dilemmes posés et autres impératifs éthiques propres à leur champ d’étude auprès de patients et de personnel médical, Baptiste Moutaud et Anthony Stavrianakis réinterrogent les contours méthodologiques, scientifiques, déontologiques et légaux de la recherche contemporaine en anthropologie plus généralement. Dans cet entretien la notion de partage de savoirs entre chercheur et interlocuteurs est colorée par les conditions propres au champ de l’anthropologie de la santé, alors que celle de transparence dévoile des tenants institutionnels potentiellement contraires à son intention d’origine.
En août 1970, le cinéaste australien Ian Dunlop (1927-2021) et les hommes de loi du conseil aborigène de Yirrkala, une petite mission méthodiste nichée dans la baie Caledon, au nord-est de la Terre d’Arnhem, inauguraient une collaboration filmique au long cours passée à la postérité sous le nom de Yirrkala Film Project1. Parachevée en 1996, la collection complète de vingt-deux films fut éditée puis distribuée sous format VHS en accord avec les Great Old Men qui en avaient été les instigateurs et les acteurs principaux. Les Yolngu qui travaillèrent avec Dunlop étaient des figures d’autorité de l’ère missionnaire à Yirrkala, représentant les principaux clans yolngu de la baie et des territoires environnants. Issus d’une génération d’éminents dirigeants politiques et cérémoniels, ils avaient vécu les conflits de la « guerre noire » (1908-1940) et négocié en 1935 l’établissement de la mission sur leurs terres.
On peine à saisir, depuis l’Europe, l’intensité des controverses publiques qui secouent actuellement la recherche sur l’Australie précoloniale. On peine surtout à apprécier à quel point elles débordent du cadre étroit que les industries médiatique et culturelle réservent d’ordinaire à l’archéologie, comme aux Aborigènes. C’est sans doute le premier mérite du livre de l’écrivain australien Bruce Pascoe que d’avoir cristallisé des tensions qui travaillaient jusque-là en souterrain la réception de ces sujets, aussi bien auprès d’un large public que des spécialistes. Car sa lecture ne peut se faire indépendamment des réactions épidermiques qu’a provoquées, chez les uns comme chez les autres, l’énoncé iconoclaste selon lequel les Aborigènes auraient été des agriculteurs sédentaires avant l’arrivée des Européens. De toute évidence, Pascoe a touché un nerf. Et il l’a fait avec suffisamment de cohérence et de perspicacité pour éviter ce silence gêné que l’on accorde d’ordinaire au fabuliste...
Depuis une vingtaine d’années, des centres d’archives aborigènes ont vu le jour dans plusieurs communautés isolées du centre et du nord de l’Australie. Le recours au numérique a permis aux membres de ces communautés de retrouver les traces de leurs ancêtres dispersées depuis les années 1920 dans les archives ethnographiques et les collections muséales australiennes et étrangères. Bénéficiant d’une politique institutionnelle propice au rapatriement numérique des sources, ce tournant archivistique aborigène s’est accompagné d’une réflexion épistémologique d’experts locaux sur les processus légitimes de transmission de ces savoirs restitués. Des controverses initiales sur la centralisation des savoirs claniques sur un même serveur, au développement de politiques complexes d’accès et d’usages de ces données, modelées sur le système de parenté (gurrutu), la numérisation des savoirs aborigènes se fait le reflet d’enjeux sociaux qui n’ont rien de virtuels. En Terre d’Arnhem, elle a généré une formidable créativité et des pratiques artistiques nouvelles dont il s’agira ici de présenter quelques exemples.
Septembre 2011. L’université Paris Nanterre lance une invitation à participer à la construction d’un projet de « patrimoine numérisé en ligne » pour recenser et valoriser les fonds d’archives et les collections présents dans ses institutions et laboratoires : le Labex « Les passés dans le présent » se met en place. Numériser nos archives ethnographiques, bien sûr, nous avons commencé à le faire au Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc), bien que de façon ponctuelle, depu...
Le passé précolonial de l’Australie n’a longtemps semblé constituer qu’un champ mineur de la réflexion archéologique tant il paraissait acquis que le conservatisme social et technique des Aborigènes ne laissait guère de place au changement, sinon sous la forme d’une adaptation passive de chasseurs-cueilleurs itinérants à leur milieu naturel. Encore peu relayés en dehors de l’île-continent, les vifs débats provoqués par le succès de Dark Emu, un livre dans lequel l’écrivain Bruce Pascoe affirme l’existence de l’agriculture et de la sédentarité avant la conquête, permettent de mesurer l’importance inséparablement politique et épistémologique que revêtent les développements récents à cet égard. Aucun autre terme, dit en somme Pascoe, ne peut rendre compte de la réalité des modes de vie aborigènes et d’envisager leur intégration à un avenir postcolonial proprement australien.
Imagination DeclarationGarma Youth Forum, 5 août 2019 ; Gulkula, Territoire du Nord, Australie. Au Premier ministre & aux ministres de l’Éducation australiens,En 1967, nous demandions à être comptés.En 2017, nous avons demandé une voix & un traité.Aujourd’hui, nous vous demandons d’imaginer ce qui est possible.Le futur de ce pays est entre nos mains à tous. Nous ne voulons pas hériter d’un monde en souffrance.Nous ne voulons pas affronter ces immenses inégalités en nous sentant démunis face à...
Among the most striking images produced in north-east Arnhem Land today are the paintings given to young boys during their first initiation ceremony (dhapi). Skilfully applied on their chest over several hours, while singing and dancing proceeds on the ceremonial grounds nearby, these body paintings act as relational matrixes which locate the initiands within a socio-cosmic web of connections. At the other end of the male ritual life-cycle, the bodies of the deceased undergo a similar process of transfiguration, as they are made to resemble the groups’ most sacred objects, seen to instantiate the powers of specific ancestral beings. In the context of these rituals, the links between clans, places, and ancestral beings are expressed by being made visible on and around the body. Pragmatically composed and displayed for all to see, I suggest that Yolŋu ritual images appear as ‘matter(s) of relations’ par excellence, materialising various sets of social relationships. This paper examines the material logics behind this transfiguration process which, by turning people into ancestors, transform the relations between individuals and groups, between humans and non-human beings, and between the living and the spirits of the dead.
Dans la société yolngu du nord de l’Australie, les technologies audiovisuelles sont mobilisées depuis les années 1970 dans le cadre de politiques de transmission des savoirs rituels. Plus que de simples enregistrements destinés à consigner dans l’urgence des traditions menacées, les productions audiovisuelles permettent de nouvelles formes de médiation de l’expérience religieuse. L’accès à ces documents dans des centres d’archives numériques aborigènes a stimulé une importante activité créative dans la sphère rituelle. De nombreux dirigeants cérémoniels ont ainsi développé une réflexivité critique sur leurs propres pratiques, imaginant de nouveaux moyens de transmettre leurs valeurs religieuses sur des supports tels que la peinture sur écorce et la vidéo. Fondée sur une renégociation permanente du secret et de sa transmission, la diffusion de ces médias génère un mode de relation aux images interactif, non doctrinaire, propice à une multiplication d’interprétations., Since the 1970s in Northern Australia, the Yolngu have mobilized audiovisual technologies for the transmission of ritual knowledge. More than records made to salvage potentially threatened traditions, audiovisual productions give rise to new forms of mediation of religious experience. Access to these documents in community based digital archives has stimulated a significant creative activity in the ritual sphere. Many ceremonial leaders have developed a critical reflexivity on their own practices, imagining new ways to transmit their religious values on mediums such as bark painting and video. Based on a permanent renegotiation of secrecy and its transmission, the diffusion of these media generates a mode of relation to images that is interactive, non-dogmatic and conducive to multiple interpretations.
En 2007, la communauté aborigène de Yirrkala, située au nord-est de la Terre d’Arnhem, inaugurait le projet Mulka, une archive numérique locale doublée d’un centre de production de médias. Le court métrage Two Brothers at Galarra (21 min 19 s, 2008) est l’une des créations filmiques les plus audacieuses du centre. Il met en images trois chants enregistrés par un ethnomusicologue un demi-siècle plus tôt, relatant la résolution rituelle d’un conflit qui opposa deux frères, Binydjarrpuma et Nyepaynga. Il montre leur cheminement à travers le paysage jusqu’au site de Galarra, lieu de leur ultime affrontement. Figurant quatre générations d’hommes du clan des protagonistes, formes anciennes et nouvelles de narrations sont mises en abyme dans le film, transmettant une expression esthétique de la mémoire et de l’expérience du temps., In 2007, the Aboriginal community of Yirrkala, located in north-east Arnhem Land, inaugurated the Mulka project, a local digital archive and media production centre. The short film Two Brothers at Galarra (22’, 2008) is one of the centre’s most audacious filmic creations. It sets into motion three songs that were recorded by an ethnomusicologist half a century earlier, relating the ritual resolution of a conflict that opposed two brothers, Binydjarrpuma and Nyepaynga, showing their progression through the landscape towards Galarra, the site of their ultimate confrontation. Featuring four generations of men of the protagonists’ clan, old and new forms of narration are mises en abyme to transmit through the film an aesthetic expression of memory and of the experience of time.
What is the value of heritage? A source of explosive emotions which oppose the "value" of so-called Western expertise – history of social and human sciences and constant reevaluation of the heritage market – versus the values in "becoming" of the people who recognise themselves in this heritage and who claim it as a foundation for an alternative and better life? In this paper, we examine some of the ways in which different groups in the Pacific reinterpret their heritage in order to redefine their singular values as cultural subjectivities: individual, collective and national, diasporic or transnational in the case of some Indigenous networks (Festival of the Pacific Arts, Declaration on the Rights of Indigenous Peoples, etc).
Cet article décrit la relation entre les Yolngu, des Aborigènes du nord de l’Australie, et les Macassars, des pêcheurs musulmans venus de l’île Célèbes, en Indonésie. Y sont examinées certaines des interprétations mythiques et rituelles de ces contacts historiques, ainsi que les façons dont les réseaux d’échanges datant du xviie siècle ont été mobilisés afin d’apporter une réponse aux bouleversement sociaux, économiques et politiques liés à la colonisation. On y montre comment cette histoire est actualisée aujourd’hui dans l’ensemble Pacifique plus large., This article describes the relationships between the Yolngu, an Aboriginal people from northern Australia, and the Macassans, a Muslim fishing people from the Indonesian island of Celebes. It discusses some of the mythical and ritual interpretations of these historical contacts, and how trading networks dating back to the 17th century were called upon to make sense of the social, economic and political upheaval that was the mark of colonisation, in order to bring out current interpretations of this history across the larger Pacific region.
Cet article s’intéresse aux manières créatives dont différents groupes aborigènes australiens se saisissent d’interfaces en ligne pour présenter des images choisies de leur culture à une audience globale. Les Yolngu de la Terre d’Arnhem, dans le Territoire du Nord de l’Australie, ont commencé depuis quelques années à se filmer avec des caméras et des téléphones portables et à publier en ligne des vidéos de leur vie quotidienne, de cérémonies, d’événements communautaires, de clips musicaux, de courts-métrages et de déclarations politiques sur des sites de partage de contenus tel YouTube. A travers l’analyse d’un phénomène internet récent, une danse appelée « Zorba the Greek Yolngu style », j’examine les façons dont ces pratiques médiatiques autochtones remettent en question certains stéréotypes sur les cultures « traditionnelles » et donnent lieu à de nouvelles formes auto-produites de visibilité publique, This article concerns the creative ways in which some Australian Indigenous groups are engaging with online interfaces to display select images of their culture to a worldwide audience. The Yolngu of North-East Arnhem Land, in the Northern Territory of Australia, have recently started filming themselves with camcorders and mobile phones to broadcast images of everyday activities, ceremonies, community events, music clips, short fictions and political statements on content-sharing platforms such as YouTube. Through the analysis of a recent internet phenomenon, a dance performance called « Zorba the Greek Yolngu Style », I examine the ways in which online indigenous media practices challenge existing stereotypes about "traditional" cultures and give rise to new self-authored forms of public visibility., Este artículo se interesa en las formas creativas según las cuales diferentes grupos aborígenes australianos utilizan interficies on-line para presentar imágenes seleccionadas de su propia cultura dirigidas a una audiencia global. Los Yolngu del norte-este de la tierra de Arnhem, en el norte de Australia, empezaron hace ya unos años a filmarse con cámaras digitales y teléfonos móviles y a publicar vídeos de su vida cotidiana, ceremonias, acontecimientos comunitarios, clips musicales, cortometrajes y declaraciones políticas en plataformas on-line dedicadas al intercambio de contenidos, como Youtube. A través del análisis de un fenómeno reciente vinculado a Internet –una danza llamada "Zorba el Griego en el estilo Yolngu"– examino las formas a partir de las cuales estas prácticas indígenas ligadas o los media desafían los estereotipos existentes sobre culturas "tradicionales" y dan lugar a nuevas formas autoproducidas de visibilidad pública.
Dr Joseph Neparrŋa Gumbula (1954–2015) was an exceptional man. Born in the small mission settlement of Milingimbi, off the central coast of Arnhem Land, this Gupapuyŋu ceremonial leader spent the last 10 years of his life traveling to museums and archives in Australia and abroad to study, document and digitize expressions of his ancestral legacy. Widely recognized in academia for his knowledge of Arnhem Land material cultures and ceremonial performance, and for his inspiring role as a lecturer and educator, the research methodologies Joe Gumbula put in practice during his career had lasting effects on museum professionals and scholars internationally. They led to a myriad of innovative collaborations within the ‘relational museum’ paradigm and to a broader and finer appreciation of Yolngu systems of value. In this chapter, I draw on the Yolŋu concept of pathways (dhukarr, wayawu) to explore the nature of his engagement with collections and his contribution to value creation processes within and outside of the museum sphere.
Omniprésent sur la scène internationale depuis les années 1980, l'art aborigène australien a fortement contribué à une véritable mondialisation de l'art contemporain. Cet ouvrage propose une histoire de l'art non linéaire, confrontant objets anciens issus de l'art rituel et oeuvres contemporaines dans un même mouvement.
When I first arrived in the Yolngu township of Galiwin’ku to undertake fieldwork for my doctoral thesis at the University of Melbourne and the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, almost a decade ago to the day, a particular research question had been on my mind for some time. Over the past few years, I had been keenly following the development in Aboriginal Australia of several exciting projects making use of digital technologies – such as the Central Australian Ara Irititja interactive archive1 or Barbara Glowczewski’s Dream Trackers’ CD-ROM conceived with Warlpiri artists from Lajamanu (Unesco Publishing, 2000). Considering the secret-laden nature of Australian indigenous religions and the complex revelatory system that still governs access to knowledge in many parts of the continent, I was particularly intrigued by the ways in which the proliferation of new media may affect the status, circulation and perception of ritual images in contemporary Yolngu society. My ethnography focused on the activities of a newly established community organization called the Galiwin’ku Indigenous Knowledge Centre (GIKC), a pilot program which had just received seed funding from the Northern Territory government to develop its own "Yolngu friendly" digital archive. In a region that had been visited by a continuous string of researchers and collectors since missionary settlement in the 1920s, it had been a long time vision of many North-East Arnhem Land clan leaders to see their for [...]
« Baiame » ; « Banumbirr », « Bayini » ; « Djang’kawu »
En 1970, Ian Dunlop et les Yolngu de la mission de Yirrkala, au nord-est de la Terre d’Arnhem, débutaient une collaboration filmique qui allait se poursuivre pendant trois décennies. Dunlop avait été chargé de documenter l’impact des opérations minières récentes et de la nouvelle ville de Nhulunbuy sur la vie des Aborigènes de la région. En ces temps de changements et d’incertitude face à l’avenir, marqués par l’échec cinglant de leur procès contre un géant minier pour la reconnaissance de titres fonciers autochtones sur les terres concernées, les Yolngu virent dans la caméra le moyen d’enregistrer certains aspects de leur « Loi ancestrale » pour les générations futures, s’adressant parfois directement à elles à travers les images. La collection de 22 films du Yirrkala Film Project comprend de nombreuses séquences rituelles filmées sous la direction des dirigeants cérémoniels de l’époque et constitue une archive cinématographique unique en son genre. Loin de figer le rituel sous une forme supposée canonique, ce patrimoine filmique est aujourd’hui réinvesti par les Yolngu pour générer de nouvelles formes religieuses et créatives.
Suite à l'ouverture de l'exposition "Gularri" au Musée du Quai-Branly le 22 juin, les commissaires d'exposition Jessica de Largy Healy et Nicolas Garnier reviennent au micro de Marie Sorbier sur la manière dont la pandémie a modifié l'organisation des expositions internationales.
Au nord du nord de l'Australie : la Terre d'Arnhem, vivier de la culture aborigène. C'est là que, depuis 20 ans, l'ethnologue franco-australienne Jessica de Largy Healy pose régulièrement son sac à dos. Jusqu'à se faire adopter par ce peuple côtier. Découvrez les coulisses de ses aventures dans notre podcast Retour de terrain.
En 1997, en vacances dans les Terres d’Arnhem, au nord de l’Australie, Chloé se retrouve prisonnière d’un incendie… Elle cherche à fuir et croit trouver le salut dans un trou d’eau, quand elle tombe nez à nez avec un serpent… arc-en-ciel !
Jessica De Largy Healy, anthropologue au CNRS (Lesc UMR 7186 UPN-CNRS) et chercheur associée au Indigenous Studies Unit de l’Université de Melbourne, revient sur son parcours de recherche entre la France et l’Australie et sur son terrain de longue durée en pays aborigène yolngu, au nord-est de la Terre d’Arnhem. Depuis sa thèse en cotutelle (LAS-EHESS/UniMelb, 2008), qui portait sur la conception pionnière à l’époque d’une archive numérique des savoirs yolngu, ses travaux s’intéressent aux enjeux liés à la numérisation des savoirs autochtones et aux processus de restitution des collections muséales aux communautés. Ils portent sur les usages aborigènes des nouveaux médias ; sur les relations au patrimoine, aux matériaux anciens et aux musées ; sur l’art et la création contemporaine y compris dans ses formes cérémonielles. Son intervention revient sur le cadre éthique de la recherche australianiste, sur les conditions du terrain aborigène et des collaborations de recherche, notamment sous la forme d'expositions, ainsi que sur les questions de gouvernance des données autochtones.
Cet entretien s'inscrit dans le cadre du programme I-DEA (Illustration et Documentation audiovisuelles des Études Aréales) qui vise à documenter les langues et les thèmes de recherche des enseignant.e.s-chercheur.e.s en Études Aréales.