Dans la continuité de ses recherches de master, le travail de thèse de Gwendoline Lemaitre se structure autour de l'étude des relations de plusieurs groupes de populations et de leurs manières de « faire société » en fonction des périodes de l'année et des territoires arpentés. Son objectif est d'analyser comment des animaux d'élevages (moutons, chèvres, vache) et des animaux auxiliaires (chiens, chevaux) participent aux dynamiques ethniques de différenciation reposant sur des critères notamment religieux, linguistiques et géographiques. Ce travail repose d'une part sur des enquêtes de terrain de longue durée dans l'est de la Géorgie, sur la participation aux activités pastorales quotidiennes et sur une connaissance précise des langues parlées localement, et d'autre part, sur un travail pluridisciplinaire réalisé en collaboration avec d'autres anthropologues, des éthologues et de mathématiciens spécialistes de l'analyse des réseaux. Elle se demandera dans quelle mesure les travaux récents d'éthologie et de philosophie sur les cultures animales peuvent venir enrichir la question classique en anthropologie de l'identité ethnique. L'analyse détaillée et précise des comportements animaux entre t- elle en résonnance avec les discours des éleveurs et de leurs familles sur eux-mêmes et leurs voisins, humains et comme bétail ?
Géorgie
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2022-2023: Nanterre Université
Chargé de TD en Anthropologie (24h). TD "Nature/Culture" dirigé par Emmanuel de Vienne
2024 – En cours. Participation au programme de recherche Relions-nous : “REtisser les LIens: le lOup, l’agNeau, l’âne, les pâturageS et NOUS” CNRS – MITI. TAURISSON-MOURET Dominique & GARNIER Edwige (GEOLAB – UMR 6042), Eric GARINE (Lesc-Cnrs), Cedric SUEUR (IPHC), Christine RAIMOND (Prodig), PENNEC Flora (UMR 7206); BLONDEAU DA SILVA Anne (E2Lim-Eau et environment), VILLERBU, Soazig (UMR 15507 CRIHAM), RIGA Paul (CREGENE-Race et variétés locales du Centre-ouest), CALLEDE Lucille (Conservatoire des races d'Aquitaine)
2020 – En cours. Participation au programme de recherché GéoMout :
“Géopolitique du mouton : une leçon de modernité ? Faire société avec le bétail dans les turbulences du monde actuel” CNRS – MITI. Eric Garine (Lesc-Cnrs), Cedric Sueur (IPHC), Christine Raimond (Prodig)
2020 – En cours. Participation à l’ANR PastoDiv :
Pratiques pastoralres et diversité des animaux domestiqués” ANR JCJC. Mattieux Salpeteur (Ird-Paloc) Charlotte Marchina (Inalco), Chloé Violon, Nicolas Lescureux (Cnrs), Christine Raimond (UMR 8586 Prodig), Eric Garine (Lesc-Cnrs)
2020 – En cours. Participation au GDR RésoDiv:
Approches méthodologiques des dynamiques de l'agrobiodiversité : terrains, réseaux, modèles. Cédric Sueur (éthologue - IPHC), François Massol (écologue, INEE), P. Barbillon, S. Caillon, S. Donnet, E. Garine, V. Labeyrie, C. Leclerc, F. Massol, C. Raimond, M. Thomas et N. Verzelen.
Dans la vie des Tushes, la laine est omniprésente bien que parfois discrète. Médiatrice, et même opératrice d’attachements aux lieux, cette fibre apparaît au sens littéral et au sens figuré comme un fil permettant de tisser des liens entre des personnes et des lieux éloignés les uns des autres et comme une trame pour aborder l’histoire des Tushes entre le xxe et le xxie siècle. C’est un élément à la fois anodin et absolument central, dont le cycle de production résume et met en relation les lieux, les temporalités et les acteurs qui participent de la vie sociale tushe – animaux, touristes, financeurs internationaux, parc national. En suivant la laine, du dos des moutons à celui des bergers, en passant par les ateliers féminins, je propose ici d’approcher la société tushe par des pratiques et par leur matérialité : de la difficulté de la tonte à la force impliquée dans le feutrage en passant par le port de maillots de corps rêches.
Pour se perpétuer, les sociétés pastorales dépendent de la reproduction de leur bétail. Or celle-ci ne repose pas uniquement sur le croît du troupeau ; elle est aussi régulée par des acquisitions extérieures qui permettent d’augmenter les effectifs, d’introduire de nouvelles races et de remplacer du cheptel improductif. Tout comme la mobilité spatiale qui aide à maximiser les ressources disponibles, cette circulation du bétail est – en permettant de faire face à la variabilité environnementale structurant le mode de vie pastoral – l’une des stratégies sociales de minimisation des risques. Au lieu de considérer les réseaux d’échange d’animaux et la mobilité des groupes pastoraux comme des facettes indépendantes du pastoralisme, nous proposons de réfléchir à la manière dont elles s’influencent mutuellement. À partir de deux études de cas (les éleveurs arabes du Tchad et touches de Géorgie), nous envisageons les liens entre les mobilités dans l’espace et la circulation socio-économique inter- et intracommunautaire des animaux. Étudier le nomadisme par le prisme de la circulation du bétail amène à le concevoir simultanément comme une adaptation efficace à des ressources inégalement réparties dans le temps et l’espace, et comme une histoire de liens entre groupes, entre lignages et entre individus.
There are few contemporary social scientific studies on the Caucasus, and fewer still that deal with pastoralism in its own right. Yet, as a gateway between Europe and Asia, this is a region of extreme cultural, linguistic and ecosystemic diversity. Pastoralism has played a central role here historically, the basis of many mythic tales known throughout the world (e.g., the Golden Fleece). Drawing on a case study of Georgian transhumance from my own fieldwork, the goal of this article is to amplify research on Caucasian pastoralism with a contemporary overview of the core issues.
De nombreuses études traitent, sur plusieurs continents, de l’intérêt d’un élevage multispécifique, que ce soit en terme de diversité de la production ou surtout de l’adaptation à des environnements peu prévisibles et aux ressources rare. Ce qui ressort de ces études, c’est généralement la séparation des espèces sur le territoire, vouée à peu se croiser, quitte à pâturer sur les mêmes espaces mais à des moments différents. C’est à ce peu que nous nous intéresserons ici en présentant des espace-temps de rencontre à la teneur ethnographique riche. Nos études respectives nous ont permis de mettre en avant les points d’eaux et les campements comme lieux de socialisation où se joue l’apprentissage de règles du vivre ensemble inter-espèces. Si la bibliographie, en anthropologie notamment, fait état de l’importance du rapport des humains avec de très jeunes animaux dans les processus de domestication (Artaud 2013 ; Tani 1996), il est plus rare de trouver des informations sur les régimes d’interactions entre espèces non-humaines. Nous proposons l’hypothèse selon laquelle l’étude des modalités de socialisation des espèces entre elles, lors de leur enfance, sur les campements pastoraux, permettrait de particulariser les formes et la texture de vivre-ensemble spécifiques à chaque collectif pastoral.Nos études donnent une place importante à diversifier, durant l’enquête, les dispositifs de recueil de donné (avec l’utilisation de loggers, GPS et capteurs Bluetooth), et dans un second temps, aux possibilités de représentations dépendant des qualités ontologiques de chaque médium (cartographie, photographie, vidéo). En vivant et travaillant dans les groupes pastoraux, nous en sommes tous les trois venus à connaitre intimement les individus qui les composent, et nous recherchons actuellement des moyens plastiques, véritables outils d’écriture anthropologique, qui permettraient de rendre compte à la fois de l’irréductible individualité des êtres qui composent un troupeau, et de la non moins irréductible diversité des formes prises par les relations entre espèces dans ces collectifs. Notre travail sur la cartographie autant que sur la photographie, les envisage comme des médiums en devenir, c’est-à-dire à transformer pour rendre compte précisément de dynamiques saisies par l’ethnographie.
In South Caucasus, despite complex and transhistorical pastoral cultures, studies on this theme remain locally partial, and rarely diachronic. Our respective interests in the relationship between transhumant pastoral mobility led us to collaborate on a mission in Khevsureti (Georgia) in July 2022. We will present here the stakes of this ethno-archaeozoological collaboration in order to elaborate methodological approaches in favor of the studies of extensive pastoralism in high mountains. Three themes will allow a progressive analysis of the relationships between contemporary transhumant cultures and the great diversity of traces that this way of life leaves or does not: consumption, production and habitation. This paper will therefore highlight the complexity of the modern Georgian pastoral system, in parallel with the methodological importance of taking into consideration the quantity of information lost over a long period of time, and finally discuss the methods used in archaeo(zoo)logy in order to get as close as possible to past lifestyles.
Pour se perpétuer, les sociétés pastorales dépendent de la reproduction de leur bétail. Or, celle-ci ne repose pas uniquement sur le croît du troupeau ; elle est aussi régulée par des acquisitions extérieures qui permettent d’augmenter les effectifs, d’introduire de nouvelles races et de remplacer du cheptel improductif. Tout comme la mobilité qui aide à maximiser les ressources disponibles, cette circulation du bétail serait – en permettant de faire face à la variabilité environnementale structurant le mode de vie pastoral – l’une des stratégies sociales de minimisation des risques. Au lieu de considérer les réseaux d’échange d’animaux et la mobilité des hommes comme des facettes indépendantes du pastoralisme, nous proposons de réfléchir à la manière dont elles s’influencent mutuellement. Les formes prises par cette circulation sont liées à l’utilisation et la connaissance du territoire par les pasteurs, mais dans quelle mesure la mobilité spatiale n’est pas aussi conditionnée par les manières dont ils font circuler leur bétail ? A partir de trois cas d’étude (les éleveurs wodaabe du Niger, arabes du Tchad et tushe de Géorgie), nous envisagerons les liens entre les mobilités humaines et la circulation des animaux au sein, entre, et à l’extérieur de ces groupes pastoraux. Etudier le nomadisme par le prisme de la circulation du bétail amène à le concevoir comme une histoire de liens entre groupes, entre espèces et entre générations