Ce terrain en cours me permet de recolter des données essentielles pour ma thèse, portant sur les pratiques relatives au transfert technologique au CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire). Ce laboratoire de physique des particules, dont les dimensions et les règlements internes ...
Ce terrain en cours me permet de recolter des données essentielles pour ma thèse, portant sur les pratiques relatives au transfert technologique au CERN (Organisation Européenne pour la Recherche Nucléaire). Ce laboratoire de physique des particules, dont les dimensions et les règlements internes lui valent plutôt le titre d'"organisation internationale" s'est en effet dès ses débuts intéressé exclusivement à la recherche fondamentale, à faire de la "big science" et de la "high-energy physics". En somme, il s'agit d'une recherche pour la recherche. Or, depuis plusieurs années, le CERN souhaite s'ouvrir à la mise en application de ses savoirs afin d'aider à la résolution de problématiques écologiques et sociales. De plus en plus de projets entre le CERN et des partenaires divers (communautés territoriales, entreprises...) fleurissent, souhaitant traduire des technologies d'abord conçues pour de la recherche fondamentale en outils pour, par exemple, la protection de l'environnement.
Le terrain étant difficile d'accès, je me suis d'abord focalisée sur ses alentours, en particulier sur le Pays de Gex, communauté d'agglomération réunissant douze communes dans le département de l'Ain et qui accueille la majorité des "puits" ou accès aux expériences du CERN afin de m'immerger dans le tissu local, où tous les habitants sont connectés d'une manière ou d'une autre au laboratoire : qui y travaille, y a travaillé, qui connaît quelqu'un ayant travaillé là-bas etc...
En Janvier, commencera pour moi le coeur du terrain : je serai admise au CERN en tant qu'anthropologue et, plus spécifiquement, au sein d'un sous-laboratoire focalisé sur le transfert des technologies du CERN. Je suivrai des jeunes chercheurs en physique ainsi que des ingénieurs dans leurs projets, de l'idéation à la mise en oeuvre en passant par les discussions et les débats afin de définir et d'analyser le parcours de vie d'une invention scientifique. Affaire à suivre !
Ce court terrain me permettra de retourner auprès de mes interlocuteurs principaux pour rendre compte du travail que j'ai réalisé l'année précédente avec eux
Mon ethnographie a prudemment démarré à partir de septembre 2021 d’abord pour une durée d’un mois, à la suite d’un concours de circonstances, près de Tactic dans les hautes terres de l’Alta Verapaz puis successivement, dans deux communautés paysannes mayas q’eqchi’ du municipe de San Luis du ...
Mon ethnographie a prudemment démarré à partir de septembre 2021 d’abord pour une durée d’un mois, à la suite d’un concours de circonstances, près de Tactic dans les hautes terres de l’Alta Verapaz puis successivement, dans deux communautés paysannes mayas q’eqchi’ du municipe de San Luis du sud-est du Petén. Si l’inscription en thèse remontait à septembre 2020, la situation de pandémie générait des inquiétudes quant à l’état de santé publique au Guatemala et rendait incertaines les possibilités de s’y rendre en raison des risques de contagion et des restrictions mondiales de déplacement. Une fois sur place en septembre 2021, les régions visitées étaient marquées par grande méfiance vis-à-vis d’autrui qu’avait engendré l’absence d’un système de soin solide et les confinements très stricts assurés par l’armée dans certaines zones rurales. Cette militarisation de la mise en place des restrictions sanitaires n’allait pas sans raviver les traumatismes de la guerre passée (1960-1996). Je m’installais alors auprès d’une famille visitée lors d’un terrain préalable en janvier 2020 qui acceptait de m’accueillir pour une durée indéterminée afin que j’y apprenne la langue. À partir de ce premier cercle de relations, la démarche ethnographique s’est progressivement développée de proche en proche. La ritualité fut un pivot majeur de la socialisation puisqu’à chaque fois les spécialistes rituels m’invitaient à prendre la parole en public et en q’eqchi’ pour me présenter et expliquer ma recherche : une aubaine ethnographique puisque s’en suivaient des commentaires sur l’importance des cérémonies et le caractère « sacré » des lieux.
La collecte des données a pu se mettre en place grâce à une intégration intime à la vie quotidienne de ces villages. Elle fut favorisée par : (1) la maîtrise de la langue en situation d’interlocution qui a eu un rôle clé dans l’avancée ethnographique ; (2) l’apprentissage de la vie au village en s’adaptant à ce que les habitants considèrent être des paramètres biologiques au fondement de l’altérité qui les distinguent des « Blancs », tels que l’alimentation, l’hygiène ou les modalités de sommeil ; (3) la compréhension lente et progressive d’une éthique locale ainsi que son respect par l’engagement dans diverses formes de contreparties à plusieurs échelles sociales, géographiques et temporelles. En outre, la confiance a pu solidement s’établir dans la relation ethnographique en s’inscrivant dans une certaine norme sociale puisqu’il s’agit d’un terrain mené de manière alternée en couple. Cette modalité ethnographique tendait à nous insérer dans la norme villageoise où être un adulte célibataire peut susciter la peur, la méfiance et la jalousie. De plus, cela offrait aux habitants du village un renversement de positions les conduisant à produire eux-mêmes un discours sur l’altérité par l’observation attentive des différences entre nos manières d’être, d’agir et d’interagir et les leurs. Les modalités de collecte des données ont donc logiquement évolué à mesure que la confiance s’épanouissait : il était possible d’élargir les frontières entre ce qui, aux yeux des villageois, était « ethnographiable » et ce qui leur semblait au départ plus ambigu voire inintéressant.
La recherche auprès de collectif de maromeros (danseurs de corde traditionnels) menée dans plusieurs régions du sud du Mexique a abouti en plusieurs projets. Le premier, intitulé "Correspondencias maromeras" (2016-2018) et porté par le CRESPIAL a réuni plus d'une centaine de maromeros des états ...
La recherche auprès de collectif de maromeros (danseurs de corde traditionnels) menée dans plusieurs régions du sud du Mexique a abouti en plusieurs projets. Le premier, intitulé "Correspondencias maromeras" (2016-2018) et porté par le CRESPIAL a réuni plus d'une centaine de maromeros des états d'Oaxaca, Guerrero, Puebla et Veracruz. Dans la continuité, nous avons fondé le Colectivo Plural e Independiente de Maromeros en México, Correspondencias maromeras A.C. et organisé la Seconde Rencontre Nationale de Maromeros à Santa María Tlahuitoltepec Mixe en décembre 2022, avec la participation de maromeros mixes, zapotèques, chinantèques, nahuas et mixtèques. Pour 2023, le projet "Maroma pluriversal", lauréat du programme "México en escena grupos artísticos MEGA du SAPC" contemple création de spectacles et rencontres transculturelles tout au long de l'année.
La multiplication de la diversité au sein de la Maroma m'a conduite à explorer davantage cette pratique dans la région du Guerrero, région réputée violente ne faisant pas partie de la première version de mon projet de thèse. Ces brefs terrains offrent de nombreuses perspectives pour de futures recherches.
À l'occasion d'une enquête de terrain qui a duré environ trois ans, de 2017 à 2020, je me suis intéressée au processus d'apprentissage de la médiumnité* dans le mouvement religieux du Spiritualism anglais. Il s'agit d'une approche phénoménologique pour décrire les aspects matériels et incarnés de ...
À l'occasion d'une enquête de terrain qui a duré environ trois ans, de 2017 à 2020, je me suis intéressée au processus d'apprentissage de la médiumnité* dans le mouvement religieux du Spiritualism anglais. Il s'agit d'une approche phénoménologique pour décrire les aspects matériels et incarnés de ce processus d'apprentissage, avec une attention particulière portée à la parole, mais aussi à la façon dont les corps et les affects des apprenants sont impliqués, à la fois individuellement et dans les interactions sociales.
La méthode d'enquête que j'ai utilisée croise des données à la fois issues d'entretiens formels et informels, d'une observation participante mais aussi d'une participation observante très active, puisque j'ai fait le choix de prendre part à un parcours de formation à la médiumnité spiritualiste proposé par le Arthur Findlay College (une sorte d'académie internationale de médiums basée à Stansted, aux alentours de Londres). Ce terrain d'observation a été complété par des workshops de médiumnité auxquels j'ai participé en me rendant régulièrement dans plusieurs églises spiritualistes de Londres et de sa banlieue, mais aussi par la participation à des « mentorships » de médiumnité en ligne, qui se sont déroulés sur plusieurs années, ainsi qu'à des cercles privés organisés par des particuliers de Londres, en présentiel et en ligne. Enfin, je me suis impliquée dans une participation active aux réseaux sociaux dans lesquels les apprentis médiums, que j'ai rencontrés à l'occasion de tous les ateliers de formation précités, avaient tenté de reconstituer implicitement une sorte de communauté.
*En utilisant le terme « médiums », je me réfère au terme inventé aux États-Unis en 1848 avec « son sens particulier d'intermédiaire entre les vivants et l'au-delà » (Edelman, 1995). Le terme « médiumnité » fera référence à la pratique de la communication entre ces deux mondes.
Des hautes montagnes humides caucasiennes aux plaines semi-arides et salées à la frontière de l’Azerbaïdjan, en passant par les villages des plaines limoneuses de la rivière Alazani, les Tushes transitent entre des lieux très distincts sur lesquels les manières de vivre varient fortement entre ...
Des hautes montagnes humides caucasiennes aux plaines semi-arides et salées à la frontière de l’Azerbaïdjan, en passant par les villages des plaines limoneuses de la rivière Alazani, les Tushes transitent entre des lieux très distincts sur lesquels les manières de vivre varient fortement entre eux, mais aussi d’un espace à un autre de ces mêmes régions (entre les fermes et les villages notamment). Mon analyse des modalités tushes d’habitation des lieux repose donc sur une étude des contextes relationnels qui mènent à des engagements perceptuels communs au sein d’un environnement partagé.
La composition dynamique des paysages des trois territoires que j’étudie dépend d’une socialisation des lieux, pour véritablement les rendre habitables, qui passe par de nombreuses pratiques. Ce sont justement les médiateurs de cette socialisation que j’ai recherchés sur le terrain : de l’aménagement, à l’ingestion des produits dérivés de ces lieux, en passant par le bornage du lieu par des morts, ancêtres ou divinités mais aussi le maintien d’une nostalgie voulue par la poésie et le chant. Autant de pratiques, de l’ordre de l’expérimentation (utiliser ensemble, consommer ensemble, arpenter ensemble, transformer, montrer etc.) et de l’évocation, avec l’entretien d’imaginaires partagés (par la poésie, les chants, les danses ou des produits des terroirs) qui influencent voire structurent les déplacements des humains, comme des animaux, au sein de ces espaces, non pas indéterminés, mais au contraire très fortement caractérisés par des qualités intrinsèques.
Pour comprendre comment, par un processus de ritualisation des pratiques agricoles, la Biodynamie permet de tenir ensemble l’idée d’une agriculture et d’une spiritualité alternatives, il m'a semblé essentiel de réaliser un terrain ethnographique en parcourant ce cycle premier de l'année solaire ...
Pour comprendre comment, par un processus de ritualisation des pratiques agricoles, la Biodynamie permet de tenir ensemble l’idée d’une agriculture et d’une spiritualité alternatives, il m'a semblé essentiel de réaliser un terrain ethnographique en parcourant ce cycle premier de l'année solaire afin de plonger dans les rythmes inéluctables de cette forme d'agriculture ritualisée. Une année de terrain, de l'automne 2019 à l'automne 2020, a été réalisée, pour traverser le cycle des saisons dans différentes fermes biodynamiques du paysage pyrénéen commingeois : de l'échelle du jardinier-vivrier à celle de la ferme d'associés labellisée Demeter, en passant par le maraîcher produisant ses paniers AMAP, ou encore chez le paysan-boulanger, etc... Le wwoofing m'a permis de faire l'expérience de la ritualité du quotidien dans laquelle s'inscrivent les pratiques agricoles: être nourrie et logée chez les paysan.e.s en échange de mon travail à leurs côtés dans la vie de tous les jours.
J'ai ainsi réalisé de nombreux wwoofing et stages, en tant qu'ouvrière agricole, de plus ou moins longue durée en fonction des lieux. J'ai découvert des modes de vie très engagés écologiquement, mais aussi politiquement et/ou spirituellement. J'ai appris à garder les vaches ou plutôt à "marcher dans leurs chemins d'âme", à "guider les brebis avec les ailes", à laisser le pain "lever par ses propres forces", à dynamiser les préparations et à les pulvériser dans les pentes montagneuses à l'aube et au crépuscule, etc... Autant d'expériences qui m'ont imprégnée des "gestes" de la Biodynamie, de ces allers-retours entre observations sensibles de la nature, intériorisations et expérimentations pratiques.
La mission a eu pour finalité de récapituler les résultats d’un chantier de plusieurs années sur la pertinence philosophique des systèmes chamaniques dans la Sierra Madre orientale (Mexique), et en particulier l’exploration des fondements d’une métaphysique otomi, portant sur la nature de la ...
La mission a eu pour finalité de récapituler les résultats d’un chantier de plusieurs années sur la pertinence philosophique des systèmes chamaniques dans la Sierra Madre orientale (Mexique), et en particulier l’exploration des fondements d’une métaphysique otomi, portant sur la nature de la réalité, la construction du monde, l’invention de l’humanité et les modalités des ontologies en miroir (à travers la question de l’alter ego animal), les rapports entre déterminisme, causalité, relations, en suivant l’enchaînement des circonstances, les équilibres corporels et les processus thermodynamiques.
L’enquête s’est appuyée sur des gloses en vernaculaire relevant du corpus chamanique et des énoncés issus du savoir partagé.