La thèse de Dimitris Gianniodis porte sur les pratiques musicales et dansées que les habitants des communautés villageoises de l'île grecque de Chios associent à leur « tradition » (parádosi) et mobilisent lors de situations spécifiques telles que les mariages, les fêtes de compagnie, les bals de villages et les festivités de Carnaval. L'hypothèse centrale de la thèse est que ces pratiques musicales et dansées peuvent s'envisager comme des techniques du corps permettant aux musiquants : 1) de s'inscrire dans l'espace-temps social pertinent à leurs yeux, en « sculptant » leur place au sein de leur monde social tant d'un point de vue synchronique que diachronique ; 2) de créer des espaces-temps performatifs en « sculptant » leur place sur la piste de danse par la reconfiguration de l'espace et du temps ; 3) de créer des espace-temps fictionnels et de coordonner leurs imaginaires afin de s'immerger ensemble dans des mondes parallèles et d'ainsi expérimenter des formes d'alternatives à la réalité.
2022-2023, Chargé de CM « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
2022-2023, Chargé de TD « Anthropologie de la musique et des mondes sonores » L2, Université Paris Nanterre
25/10/2022, "Une approche ethnomusicologique du rituel", intervention dans le cours "Controverses en ethnomusicologie", Master d'anthropologie, Université Paris Nanterre
2021-2022, Chargé de TD « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
2021-2022, Chargé de TD « Anthropologie de la musique et des mondes sonores » L2, Université Paris Nanterre
2020-2021, Chargé de TD « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
14/11/2019, "Les rituels de Carnaval à Chios. Jeux d'identités, brouillage des intentionnalités, pièges à pensée?", intervention dans le cours "Musique, langage et rituel", Master d'anthropologie, université Paris Nanterre
Membre du programme de recherche franco-grec « Musée Virtuel Hubert Pernot » dirigé par Christophe Corbier et Georges Kokkonis, Partenariat Hubert Curien (Institut Français de Grèce - Fondation Hellénique des Bourses d'Etat) (2024-2026)
Membre du programme « Les confins de la musique » dirigé par Christophe Corbier, Ecole française d’Athènes (2022-2027)
Cet article propose de réinterroger la nature des chants narratifs liés à l’épopée de Digénis Akritas et interprétés jusqu’à ce jour sur l’île grecque de Chios en les mettant en relation avec la danse chorale du « lié » ainsi que différents rituels carnavalesques. Les ballades épiques y sont envisagées comme des fictions dramatiques mélodisées et des mises en présence de subjectivités issues d’un passé mythique et leur dimensions musicales et choreutiques comme des techniques de « coordination des imaginaires » et des amorces permettant la mise en place de « feintises ludiques partagées » qui dialoguent avec les nombreuses autres fictions théâtrales mises en place durant la période liminale de Carnaval.
Sur l’île de Chios, dans le Nord-Est égéen, les connaisseurs jugent de la réussite d’une fête de compagnie en fonction notamment de la qualité et du nombre d’énonciations du manés. S’il n’est pas absolument nécessaire au bon déroulement de la fête, ce chant mélismatique improvisé aux parties vocales non mesurées et à l’accompagnement instrumental en 4/4 lui confère une dose d’émotions, un « supplément d’âme » très apprécié, et est le signe que la compagnie est bonne. Mais le manés est-il réellement un genre musical uniforme ? Comment ses diverses performances s’insèrent-elles dans le flux musical de la fête ? Selon quels critères les convives jugent-ils de sa beauté, de sa qualité, de sa rareté ? De quelle manière le manés déclenche-t-il l’empathie des convives et quel rôle joue-t-il dans la transmission et l’appropriation de savoirs relatifs au monde de la fête ? Dans cet article, nous prendrons pour point de départ diverses manifestations de cette forme de chant lors d’une fête de compagnie, afin d’analyser son déroulement-type, ses séquences, passages obligés et attendus, ses imprévus. Cette analyse nous permettra de mettre en évidence le statut fondamental du noceur (meraklís) qui, par la légitimité que lui confère son expérience de la fête et le pouvoir que lui reconnaissent les autres convives, est à même d’agir en tant que « passeur de vécus » et de contribuer à la continuation de la tradition musicale de l’île.
This master thesis focuses on the concept of tradition (parádosi) and on the way the inhabitants of the greek island of Chíos connect it to some of their musical and choreutic practices taking place during religious and secular feasts as well as during dance classes and shows. It questions the manner these practices are built during specific situations using the social constructionist perspective and Bourdieu's habitus and field theory. First an ethnography of these situations allows us to determinate which elements the actors consider to be traditional. It then sheds light on the paradox according to which specific musical and choreutic practices shoud be preserved while the actors continuously contribute to their transformation by acting the way they do. I argue that this paradox can be explained using the habitus theory : tradition (parádosi) is analyzed as a set of perception, judgement and action schemes activated during specific situations. Practice modifications are explained by the progressive modification of these schemes.