La thèse de Dimitris Gianniodis porte sur la manière dont musique et danse s'articulent durant les rituels de Carnaval (Apókries) sur l'île grecque de Chíos et suscitent chez les acteurs une expérience distincte du lieu et du temps. Son hypothèse centrale est que ces rituels, par les processus cognitifs qu'ils engagent et les interactions qu'ils impliquent, tendent à instaurer un espace-temps distinct du quotidien et caractérisé par ce qu'il conviendra d'appeler un « brouillage des intentionnalités ».
Son mémoire de Master basé sur une ethnographie de plusieurs villages de l'île consistait en une analyse des pratiques musicales et dansées lors des fêtes patronales (panégyres) et profanes (gléntia). L'hypothèse centrale était que la tradition, appelée localement parádosi, peut s'envisager comme un ensemble de schèmes de perception, d'appréciation et d'action activés lors de situations spécifiques et faisant l'objet d'une acquisition progressive au fil des occurrences. Parmi les schèmes classificatoires des pratiques traditionnelles, étaient notamment mises en évidence la catégorisation géographique et la « pensée aitiologique », la première assignant une origine aux individus et aux mélodies en les ancrant en un lieu (tópos) et la deuxième faisant de cette origine une cause des spécificités locales.
Cette manière d'envisager la tradition permettait d'expliquer le paradoxe selon lequel les habitants accordent une grande importance à la préservation de la tradition alors qu'ils contribuent sans cesse par leurs agissements à la transformer. Il s'agissait donc de proposer un renversement de perspective en posant l'hypothèse que les pratiques musicales et dansées des habitants ne sont pas une ressource qu'ils mobilisent dans l'affirmation d'une identité mais que ces pratiques sont cette identité dans la mesure où elles constituent des mises en formes et en actes de ces schèmes.
This master thesis focuses on the concept of tradition (parádosi) and on the way the inhabitants of the greek island of Chíos connect it to some of their musical and choreutic practices taking place during religious and secular feasts as well as during dance classes and shows. It questions the manner these practices are built during specific situations using the social constructionist perspective and Bourdieu's habitus and field theory. First an ethnography of these situations allows us to determinate which elements the actors consider to be traditional. It then sheds light on the paradox according to which specific musical and choreutic practices shoud be preserved while the actors continuously contribute to their transformation by acting the way they do. I argue that this paradox can be explained using the habitus theory : tradition (parádosi) is analyzed as a set of perception, judgement and action schemes activated during specific situations. Practice modifications are explained by the progressive modification of these schemes.
2022-2023, Chargé de CM « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
2022-2023, Chargé de TD « Anthropologie de la musique et des mondes sonores » L2, Université Paris Nanterre
25/10/2022, "Une approche ethnomusicologique du rituel", intervention dans le cours "Controverses en ethnomusicologie", Master d'anthropologie, Université Paris Nanterre
2021-2022, Chargé de TD « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
2021-2022, Chargé de TD « Anthropologie de la musique et des mondes sonores » L2, Université Paris Nanterre
2020-2021, Chargé de TD « Idées reçues sur la musique » (Introduction à l'ethnomusicologie) L1, Université Paris Nanterre
14/11/2019, "Les rituels de Carnaval à Chios. Jeux d'identités, brouillage des intentionnalités, pièges à pensée?", intervention dans le cours "Musique, langage et rituel", Master d'anthropologie, université Paris Nanterre