Évènements

Atelier doctoral : Réflexivité et méthodes visuelles en sciences sociales

Ateliers des doctorants

Vendredi 14 Juin 2024 15:00 - 17:00
Université Paris Cité
45 Rue des Saints-Pères, Paris

Présentation

Cette dernière séance de l’année est pensée comme une invitation à une réflexion collective sur les postures ethnographiques à partir des terrains respectifs des participant·es à la séance. Iels pourront présenter et discuter leurs enquêtes au prisme de la lecture d’un ou plusieurs des six textes de sciences sociales choisis pour articuler cette séance. Les textes choisis ont trait à la réflexivité, et notamment à la position de classe et de genre des ethnographes sur le terrain. Si nous ne connaissons que peu la littérature sur les positions de race ou de sexualité en ethnographie, nous ne fermons pas la discussion à ces problématiques. Au contraire, imbriquées au genre et à la classe, elles sont tout autant essentielles à une posture de terrain réflexive. Comment les corps et les habitus des chercheur.euses sont-ils perçus lors de la rencontre ethnographique ? Quels effets cette perception produit-elle et quelles conséquences en tirer dans le développement des relations ethnographiques, mais également dans la phase d’écriture ? Comment penser les blocages et les fermetures du terrain autant que les facilités et les ouvertures inattendues ?

Debos, M. (2023). « Genre, sécurité et éthique. Vade-mecum pour l’enquête de terrain », Critique internationale, 100 (3), p. 59-73.

Marielle Debos livre ici un outil qu’elle a élaboré en tant qu’enseignante pour ses étudiant·es en vue de leur départ sur le terrain : un vade-mecum de conseils relatifs au genre, à la sécurité et à l’éthique lors de l’enquête ethnographique. Cet outil est précédé d’une présentation critique qui relie les enjeux matériels liés à la pratique du terrain aux questionnements théoriques et éthiques. Le texte tire ainsi son intérêt du double apport qu’il propose : réflexif et théorique sur les méthodes et positions de terrain d’une part ; conseils pratiques et concrets quant au travail d’enquête, aux postures sur le terrain et aux risques qui peuvent y être attachés.

Delbos, G. (1993). « “ Eux ils croient... Nous on sait... ” », Ethnologie française, 23 (3), p. 367-383.

Geneviève Delbos interroge la manière dont les anthropologues se positionnent vis-à-vis des savoirs produits dans les systèmes de connaissance autres que scientifiques. A partir de l’exemple de deux populations construisant leurs savoirs par l’observation fine et personnelle de la nature, elle questionne les situations où ces systèmes se confrontent aux savoirs scientifiques et/ou experts. Loin d’aspirer à une méta-vérité, l’anthropologue devrait selon l’autrice chercher à étudier les conditions, les contextes et les rapports de pouvoir en jeu dans la production des savoirs pour comprendre les « modes de production de la vérité » (p. 373) qui sont également et toujours des réductions du réel.

Favret-Saada, J. (1990). « Être affecté », Gradhiva, 8 (1), 3-9.

Jeanne Favret-Saada revient sur son enquête sur la sorcellerie dans le bocage dans ce court article, où elle discute et critique la méthode classique en ethnographie : l’observation participante. Elle met en lumière l’impossible distance à son sujet et à son terrain pour y être véritablement impliqué·e, et la place nécessaire des affects et du sensible au cours de l’enquête ethnographique. Ceux-ci apparaissent ici non comme un frein mais comme un moteur de l’enquête qu’il s’agit de développer et de revendiquer.

Haraway, D. (2007). « Savoirs situés : la question de la science dans le féminisme et le privilège de la perspective partielle », in id., Manifeste cyborg et autres essais : sciences, fictions, féminismes, Essais, Paris : Exils, p. 107-142.

Dans ce texte de philosophie des sciences, devenu une référence des épistémologies féministes, Donna Haraway met en critique l’objectivité scientifique globale et la prétendue neutralité axiologique des chercheur·euses. Elle argumente en faveur des savoirs dits situés, produits hors des positions hégémoniques, et revendiqués tels. Elle met en lumière l’intérêt et le privilège des positions subjectives et partielles, seules à même, selon elle, de produire des savoirs véritablement objectifs car élaborés à partir d’un point de vue particulier.

Raveneau, G. (2016). « Connaître par corps. Prolégomènes à une anthropologie symétrique et réflexive », in id., In situ: situations, interactions et récits d’enquête, Mouvement des savoirs, Paris : l’Harmattan, p. 29-42.

Gilles Raveneau s’interroge sur la place du corps dans l’expérience partagée de l’ethnographie. Le corps apparaît comme un outil d’investigation permettant d’accéder à la compréhension des univers sociaux enquêtés à travers la pratique et les processus de catégorisation. D’une part, le corps étant mobilisé dans les processus d’apprentissage, il permet, en acquérant en compétence, d’articuler les savoirs théoriques et pratiques. D’autre part, le corps de l’ethnographe étant catégorisé par ses interlocuteurs, il devient un révélateur de normes, valeurs et représentations sociales.

Schwartz, O. (2012). « Chapitre 1. Questions de stratégie et d’attitude. Deuxième Partie », in id., Le monde privé des ouvriers, Paris : PUF, p. 35-57. /p>

Dans cet extrait du premier chapitre de son ouvrage sur l’intimité des ouvriers d’une cité minière du Nord-Pas-deCalais, Olivier Schwartz rend compte du développement de ses relations ethnographiques et de la manière dont il accède progressivement aux sphères privées de l’existence de ses interlocuteurs. Partant de la légitimité sociale qui lui est assignée, et du désir de reconnaissance qu’il suscite, Schwartz se demande est dépassé ce premier temps de l’enquête où les récits sont “lissés”. Dans un second temps, il interroge le cynisme qui caractérise les enquêtes ethnographiques. En mobilisant le paradigme du don, il interroge la réciprocité de la relation ethnographique. Enfin, il explore la manière dont ce cynisme peut pousser l’ethnographe à sous-estimer l’agentivité de ses interlocuteurs.

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