Évènements

Être tué. Oui, mais, ni ... ni. Entre jour et nuit en Inde, Olivier Herrenschmidt (université Paris Nanterre, LESC)

Anthropologie de la nuit

Vendredi 01 Juin 2018 10:30 - 12:30
Salle 304F du LESC (3e étage)
MSH Mondes (bât. Ginouvès)
21, allée de l’Université, Nanterre

Présentation

herrenschmidt nuit 1erjuinL’hindou de « bonne caste » – entendons par là celui qui est « deux-fois-né », à qui il est réservé de connaître les textes révélés, le Veda – doit se conformer aux prescriptions que lui enseignent ces textes normatifs que sont les traités de Dharma – comme les Lois de Manou – pour mener une vie conforme à l’ordre du monde et de la société, s’il veut vivre cent ans, comme il est écrit. Tous les moments, tous les actes, toutes les pratiques de sa vie quotidienne sont ainsi rigoureusement inscrits dans le temps et l’espace. Ceci est le modèle idéal qui concerne, avant tout, les Brahmanes ; mais, aussi théorique soit-il, il n’en est pas moins présent à l’esprit et n’en marque pas moins les pratiques quotidiennes de tout hindou bien né – et, dans une moindre mesure de tous les autres hindous, basses castes et ex-Intouchables. Les prescriptions essentielles concernent le temps :  ce qui se fait, ou ne peut se faire, de jour ou de nuit. Seules deux activités sont uniquement nocturnes : dormir et faire l’amour – il faudra donc prêter attention au Kâmasûtra. Mais il y a deux moments absolument essentiels pour la pensée brahmanique : les crépuscules, du matin et du soir. Il y a un rituel qu’aucun brahmane ne peut se permettre de négliger, c’est le sandhyâ vandanam : une invocation au soleil, à son lever et à son coucher. Mais ces moments de transition sont marqués bien au-delà de l’activité religieuse. C’est pourquoi ce seront ces crépuscules que nous considérerons. Tout d’abord, nous verrons les réflexions brahmaniques très anciennes sur ces crépuscules, puis nous raconterons comment Vishnu, dans son quatrième avatar surgit comme Lion-homme, Narasimha afin de tuer l’asura (« démon ») Hiranyakasipu qui se croyait immortel ayant obtenu du dieu Brahma de ne pouvoir être tué ni de jour, ni de nuit, ni dans la maison ni à l’extérieur, ni sur terre, ni au ciel. Enfin, ce « ni  … ni » nous renverra sans doute à cette forme de raisonnement très spécifique des logiques brahmanique et bouddhique qu’est le tetralemme, bien contraire à notre pensée qui ne peut guère sortir du dilemme quand une question se pose.


image nuit 07102011 iceberg devant Mittimatalik webLe séminaire de recherche « Anthropologie de la nuit » réunit des chercheurs de plusieurs disciplines ayant pour objectif de contribuer à la construction de l’objet « nuit » en anthropologie. Phénomène physique dont la durée varie selon la position géographique et le moment de l’année, la nuit est l’objet de perceptions et de représentations culturelles diverses ; celles-ci impliquent des constructions du temps, de l’espace, des êtres et de leur agentivité, qui sont jusqu’à présent moins étudiées en elles-mêmes que comme complément du savoir et des activités diurnes.

Abordée depuis plusieurs disciplines, la nuit se révèle bien davantage que le cadre du sommeil ou des activités non diurnes. Ce champ de recherche concerne l’ensemble des objets et des processus étudiés par l’anthropologie (le corps et ses techniques, la notion de personne, la culture matérielle, les échanges économiques, les croyances et les représentations du monde surnaturel, les conceptions de l’espace et du temps).

Deux questions sont au cœur de ce programme : les organisations spécifiques de la nuit sont-elles soumises à des contraintes physiologiques qui régulent leur fonctionnement ? Limitent-elles l’espace d’autonomie des acteurs, ou à l’inverse l’institution de ces ordres collectifs parvient-elle à reconfigurer les rythmes biologiques des individus ? Comment la cognition, les techniques au sens large, la gestion de l’espace et du temps dans le groupe étudié, sont-elles affectées par les contraintes particulières liées à des activités instaurées dans le temps nocturne ?

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