Cette séance tournera autour d'un exercice sur les Mots interdits, à partir d’une proposition de Sophie Houdart.
Dans leur introduction au numéro qu’ils consacrent à l’Estrangemental, nos collègues Pierre Déléage et Emmanuel Grimaud rappellent que William James (1916) désignait par « hypothèse vivante une véritable possibilité qui dispose à agir irrévocablement et [par] hypothèse morte une possibilité qui n’engage plus sur un mode viscéral ou qui a perdu sa capacité d’embrayage et ne résonne plus dans notre conscience ». [« Introduction. Anomalie. Champ faible, niveau légumes ». Gradhiva. Revue d’anthropologie et d’histoire des arts, 29 (2019)].
Dans son ouvrage L’hypnose entre science et magie, Isabelle Stengers invite, quant à elle, à fuir résolument les notions « fourre-tout », reconnaissables au fait que leur intervention « signale la possibilité d'un "revenir au même". Quoi que fasse le sujet, cela revient au même, "ce n'est qu'un jeu de rôle", "ce n'est que de la simulation". [...] Il importe de résister aux notions fourre-tout parce que ce sont elles qui donnent à l'aventure des savoirs scientifiques l'allure d'un progrès général et polémique, voire d'une épopée marquée par les démentis que la vérité scientifique ne cesse d'infliger à nos "croyances" » (p.58). Et implacablement elle poursuit : « Là où la création qui oblige le scientifique à penser et à risquer ne réussit pas, les notions fourre-tout qui l'autorisent à juger prennent le relais et assurent une continuité apparente » (p.60). La forme épique à laquelle conduisent les notions « fourre-tout » est ainsi opposée à « l’aventure » propre au risque de la pensée.
Chacun à leur façon, James comme Stengers (de manière tout à fait non exhaustive) ont ainsi pointé l’appauvrissement de la pensée quand elle tourne sur elle-même, se contente de « revenir au même », épuise un répertoire en l’utilisant à toutes les sauces. L’exercice consistera à se demander ce qui, dans nos affaires respectives, dans nos écritures, finit par occuper cette place-ci : le mot ou l’expression qui, décidément, vient conclure chacun de nos arguments ; la pirouette théorique qui nous épargne de relancer la pensée. Ce pourrait être une sorte de test, qui servirait à vérifier que nos propositions servent une « aventure » et non une « épopée ». Chacun.e est ainsi invité.e à identifier sa notion « fourre-tout », puis à l’escamoter pour y substituer autre chose…
Venez donc partager vos mots à bannir avec nous !
Pour obtenir le lien de la visioconférence, merci de nous écrire (adresses ci-dessous).
L’objectif de cet atelier est de créer un espace de travail, de réflexion et de discussion bienveillante autour des travaux en cours des chercheurs et chercheuses du laboratoire, confirmé-e-s ou doctorant-e-s. Il s’agit d’offrir un espace de discussion souple, adapté aux besoins et aux envies de chacun-e.
Depuis 2017-2018, l’atelier « chantiers » propose une nouvelle formule qui vise à expérimenter collectivement des formats d’écriture.
Pour chaque séance, un « meneur de jeu » est invité à transformer une obsession, un problème d’écriture ou un problème théorique, en une proposition d’exercice d’écriture : comment écrire un texte dont les notes de bas de page peuvent se lire indépendamment du texte ? Comment faire un portrait à la manière de Toni Morrison ? À quoi ressemblerait un texte en volutes ? Quels seraient les effets d’un texte sans ponctuation ?
Chaque séance est organisée autour d’une proposition/consigne d’écriture à laquelle les participants répondent à partir de leurs matériaux, ou en retravaillant un texte déjà écrit.
Appel, donc, à tous les meneurs de jeu potentiels qui souhaiteraient imaginer une proposition à partir de leurs propres préoccupations.
Nous reprécisons à l’attention des doctorants qu’ils sont plus que bienvenus, aussi bien à se proposer comme discutants pour un ouvrage, faire une proposition d’écriture, ou tout simplement comme participants fidèles et motivés.
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