Publication
Parenté sans papiers
Présentation
Préface de François Héran
Prologue sur Hal
Anthropologue au CNRS et membre de RESF, Frédérique Fogel accompagne à Paris depuis dix ans des femmes et des hommes, étrangères et étrangers en situation administrative irrégulière, qui demandent un titre de séjour au motif de leur situation familiale, des relations de parenté, de conjugalité, de filiation. Dans ce livre, elle présente l’ethnographie co-produite avec ces actrices et acteurs de leur régularisation en rapportant l’analyse du cadre législatif et réglementaire de l’accès au séjour à des récits de vie et de migration et à des situations concrètes, des paroles et des actes des personnes concernées, des échanges à différentes étapes du parcours administratif, des interactions vécues et observées au guichet préfectoral, commentées à plusieurs voix…
Il s’agit d’une contribution à une anthropologie des migrantes et des migrants, abordée à partir des liens de famille et des relations de parenté qui déterminent les pratiques migratoires, et qui sont cadrées dans le même temps par le dispositif juridique et administratif français. Comment les personnes sans papiers parlent-elles parenté et font-elles famille dans l’immobilité qui leur est imposée ? Comment la condition sans papiers influence-t-elle les liens et les relations entre les personnes qui vivent ensemble ici ? Et comment impacte-t-elle les liens et les relations avec les autres proches qui vivent là-bas ? Puisque leur régularisation dépend de leur « Vie privée et familiale », comment le juridique (l’esprit de la loi) et l’administratif (la pratique au guichet) leur imposent-ils de manières d’être et de se penser, en tant que personne, en tant que membre d’un couple, d’une famille, famille nucléaire cohabitante parisienne et famille étendue transnationale ?
En toile de fond, cette recherche questionne les modalités et les réalisations de cette « Vie privée et familiale » qui est cadrée et contrainte par des textes et des pratiques spécifiques. Elle fournit des éléments de compréhension pour mesurer l’écart entre la famille sans papiers hétéronormative ou monoparentale féminine et la famille sociologique « française » qui dépasse les normes depuis les années 1970.