Publication
Quand l’enfant (de sans-papiers) fait le parent (en règle)… La filiation inversée comme argument de régularisation. Paris, années 2010
Présentation
Alors que l’anthropologie classique de la parenté privilégie l’observation des relations interpersonnelles à partir du positionnement des adultes vis-à-vis des enfants, il est question dans ce texte de situations juridiques ethnographiées où le sens de la filiation s’inverse : soit l’examen administratif assigne une personne étrangère majeure à son statut « d’enfant de » ; soit le droit français des étrangers considère, dans certains cas, l’enfant comme l’opérateur central de l’accès au séjour de son parent et le parent dépend alors de l’enfant (par exemple, en tant que « parent d’enfant scolarisé » ou « parent d’enfant français »). Deux propositions procèdent de l’étude de ces dispositifs de régularisation fondés sur la vie privée et familiale : d’une part, la procédure se fonde sur l’alternative entre filiation descendante et filiation ascendante ; d’autre part, les deux sens de la filiation corroborent, pour les personnes étrangères, la hiérarchie entre la loi et l’infra-droit. Mon analyse pointe ici la double contrainte : l’injonction paradoxale d’être, à la fois, « enfant de… » et « parent de… ».