De nombreux monastères ont abrité ou abritent une activité intellectuelle intense : l’abbaye de Cluny, au XIe siècle, nourrissait une bibliothèque de près de six cents manuscrits ; le monastère tibétain Shéchen, aujourd’hui au Népal, est le conservatoire en exil de manuels rituels et autres transcriptions des enseignements de grands maîtres. Si les religieux qui sont les garants de ces « savoirs monastiques » sont pour certains de véritables savants, philologues et théologiens armés de compétences scripturaires et exégétiques remarquables, ils sont aussi supposés posséder (à la différence des laïcs) un petit quelque chose en plus de l’ordre de la vertu, de la pureté, de la piété, de la dévotion (bhakti), de la grâce spirituelle (baraka) ou de l’accumulation de mérites (karma) qui leur permettrait d’accéder à une autre compréhension des différents corpus qu’ils ont en garde. Pour eux, la recherche du savoir n’est pas une fin en soi ; elle n’est que partie prenante d’une quête plus large et plus essentielle. Mobilisée à des fins de prière, de découverte mystique, de performance rituelle ou d’ascèse, elle dessinerait les contours d’une géométrie savante propre aux monastères.
Dans le sillage des Printemps arabes, la Syrie connait, à partir de début 2011, un soulèvement populaire sans précédent contre le régime Al-Assad régnant alors d’une main de fer sur le pays depuis 1970. Sans attendre, s’abat sur toute la société la féroce répression d’un pouvoir incapable de se renouveler, déclenchant un conflit armé particulièrement violent et meurtrier et impliquant de nombreux acteurs locaux, régionaux et internationaux…