Coralie Morand

 
Coralie Morand
Jeune docteure
Coralie Morand
Du conflit armé aux conflits mémoriels. Les femmes maya ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala
Philippe Erikson et Valentina Vapnarsky
03/12/2021
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Domaines de recherche

Guatemala
El Quiché / Mayas Ixils
mémoire, conflit, génocide, femmes, traumatisme, viol de guerre, ixil

Parcours universitaire et professionnel

Coralie Morand s'intéresse aux modalités de mise en mémoire d'un génocide qui s'est déroulé dans les années 1980 dans la région ixil (Guatemala). Elle explore notamment les mémoires des femmes mayas ixil et les espaces dans lesquels cette mémoire s'exprime (construction sociale, corps, cour de justice, tourisme, militantisme, entre autres). Elle interroge la façon dont la mise en mémoire de cet épisode traumatique mène à une renégociation de la structuration sociale locale.

Depuis la fin de son doctorat, Coralie Morand travaille comme chargée d'enquêtes dans le domaine des sciences humaines et sociales. Elle a ainsi été chargée d'une enquête sur l'offre et la demande en langues étrangères au sein d'une université fusionnée afin de participer à la redéfinition de la politique d'enseignement et de formation en langues d'Université Paris Cité. Elle mène actuellement une étude sur les plateformes technologiques de gestion de corpus de données quantitatives au sein du Réseau national des Maisons des Sciences de l'Homme. Cette enquête est menée en collaboration avec le Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et l'IR* PROGEDO.

Membre du Conseil scientifique de LOBA Exprime-toi depuis 2023

2022-2023 DU Langue et Civilisation Françaises (DULCIF) : "Culture et société" (CM, 40h), Université Paris Cité

2024-2025 L2 Sciences de l'homme, anthropologie, ethnologie : "Introduction à l'ethnographie" (CM, 24h), Université Paris Nanterre

Morand, C., 2024, Contar la violencia: influencia del turismo en la narracion de episodios violentos en el area maya ixil (Guatemala), Études caribéennes, 57-58 [Tourisme, sécurité et violence multidimensionnelle en Amérique latine], en ligne : https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/30543.
De 1960 à 1996, le Guatemala a traversé un conflit armé interne particulièrement sanglant, laissant derrière lui une société durablement fracturée quant à la nature réelle de ce conflit. Au début des années 1980, la lutte contre-insurrectionnelle menée par l’État prend des accents génocidaires dans plusieurs régions du pays, notamment dans la zone maya ixil, située dans le nord du département du Quiché. Nichée au cœur de la cordillère des Cuchumatanes, cette région attire quelques rares touristes adeptes du trek ou du tourisme mémoriel, entraînant ainsi le développement d’initiatives visant à transmettre la mémoire du conflit à ces visiteurs d’un genre particulier. Se basant sur une enquête de terrain ethnographique de onze mois, cet article analyse les modalités de mise en langage de l’expérience de la violence en fonction du contexte d’énonciation. L’auteure s’attache ici à comprendre la façon dont la présence des touristes dans la zone influence ce qui est dit de la violence et la façon dont des femmes membres d’une coopérative artisanale narrent la mémoire d’épisodes violents.
Morand, C., 2024, Del teatro ritual al arte activista feminista: la Moronka - Chabela Ju maya ixil en Guatemala, L’Âge d’or, 17, en ligne : https://journals.openedition.org/agedor/7343.
En septembre 2017, un collectif de jeunes mayas ixil guatémaltèques, la troupe Ixi’m Chee, a récupéré un théâtre dansé rituel datant de la période coloniale et représentant l’enlèvement d’une femme ixil par les colons espagnols, mettant en scène la mémoire des viols de femmes ayant eu lieu pendant la période coloniale, ainsi que les spoliations de territoire dont les Ixil ont historiquement été victimes, par la métaphore du corps-territoire. Cet article interroge la didactique militante de cette œuvre présentée comme artistique et le type de féminisme qui est exposé dans le déroulé narratif de l’œuvre et dans les discours qui l’accompagnent.
Morand, C., 2023, Du conflit armé aux conflits mémoriels : les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala, La clé des langues, en ligne : https://hal.science/hal-04439315.
L'autrice étudie les espaces dans lesquels les femmes Mayas ixil (Guatemala) mobilisent la mémoire du génocide du début de la décennie 1980. En abordant le génocide comme un fait social brutal, l’autrice se propose d’étudier la mémoire comme un processus dynamique et comme un point de fracture qui divise profondément la société. Elle met en lumière le caractère profondément conflictuel de la mémoire du conflit armé interne en région ixil. En filigrane, l’autrice propose d’engager une réflexion sur les différentes voies de la résilience individuelle et collective dans un contexte de post-génocide.
Morand, C., 2023, Portraits anonymes : éthique et méthodologie en contexte post-génocidaire (Guatemala), Journal des anthropologues, 174-175 [Leçons de portraits] : 61-73, en ligne : https://hal.science/hal-04443872.
Cet article se base sur une enquête ethnographique de près d’un an dans la région maya ixil du Guatemala, zone ayant été le théâtre d’une politique génocidaire il y a une quarantaine d’années. L’auteure propose ici d’explorer l’usage ethnographique des portraits par un questionnement autour de l’anonymat. À partir de l’histoire de vie d’une figure politique et militante, elle soulève les enjeux méthodologiques et éthiques qui traversent l’étape de la restitution de données produites dans le contexte particulier du post-génocide. Qui doit-on laisser anonyme ? Quelles données peuvent être partagées publiquement ? Comment « brouiller les pistes » lorsque les interlocuteurs ont des profils particulièrement identifiables ? Avec l’essor d’internet et de la recherche en accès libre, ces questions sont devenues centrales pour les anthropologues, y compris lorsque les milieux d’enquête ne présentent pas des tensions aussi vives que celles du post-conflit.
Morand, C., 2022, Après-génocide : complicités et responsabilités chez les Ixil du Guatemala, Terrain. Anthropologie & sciences humaines, 77 : 182-183, en ligne : https://journals.openedition.org/terrain/23973.
À partir du cas particulier du génocide maya ixil au Guatemala, cet article interroge les différentes formes que revêtent les accusations et disculpations de complicité. Navigant entre les notions de responsabilité et de culpabilité, il propose d’analyser la notion de complicité comme contextuelle et soumise à des variables diverses. Ce propos est soutenu par des scènes ethnographiques qui interrogent de façon diverse ces différentes notions et qui nous emmènent tour à tour auprès d’un ancien guérillero, de paramilitaires, de militaires et de victimes, dans un contexte où la parole et le silence sont des facteurs clés de la reconstruction d’une société en contexte post-génocidaire.
Morand, C., 2018, Les femmes Mayas ixiles et les violences du conflit armé : entre traumatisme et résilience, Autrepart, 85 : 75-89, en ligne : http://www.cairn.info/revue-autrepart-2018-1-page-75.htm?ref=doi.
Les Mayas Ixils du Guatemala ont été particulièrement visés par une stratégie de guerre contre-insurrectionnelle totale entre 1981 et 1983, notamment caractérisée par des violences sexuelles quasi systématiques et publiques impactant les femmes à long terme. Ceci pose la question à la fois de la permanence du traumatisme et des processus de résilience mis en place par les femmes ixiles. Fondé sur une ethnographie de première main, cet article analyse les traumatismes des victimes en questionnant notamment les effets du témoignage. Est ensuite abordé l'engagement militant comme acte curatif, mis en parallèle avec les obstacles structurels à une réelle reconstruction individuelle et collective.
Morand, C., 2024, Le procès pour génocide dans la rue : analyse anthropologique d’une journée d’audience à l’extérieur d’une cour de justice guatémaltèque, Annuaire de Justice transitionnelle 2022 (Bayonne, Institut francophone pour la justice et la démocratie) : 157-171, en ligne : https://www.lgdj.fr/annuaire-de-justice-transitionnelle-2022-9782370324009.html.
De 1960 à 1996, le Guatemala a connu un conflit armé interne laissant plus de 250000 personnes mortes ou disparues, plus d’un million et demi déplacées et plus de 600 villages rayés de la carte. Entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, la région maya ixil (El Quiché) a été le théâtre d’actes génocidaires commis par le gouvernement dans le cadre d’une politique contre-insurrectionnelle totale visant à anéantir des guérillas marxistes et indigéniste. En 2013, un procès pour génocide s’est ouvert contre l’ancien dictateur Efraín Ríos Montt, concluant à sa culpabilité avant qu’une partie du procès ne soit annulée et que celui-ci ne reprenne quatre ans plus tard. À partir de la description ethnographique d’une journée d’audience qui s’est déroulée à Nebaj en 2018, cet article analyse la restructuration de la société ixil post-génocide autour des diverses mémoires du passé génocidaire. En s’ancrant dans l’anthropologie des conflits, l’auteure met en lumière la complexité de la restructuration d’une société en contexte de post-conflit en portant un regard plus particulier sur les tensions mémorielles et religieuses qui animent cette région du Guatemala.
Morand, C., 2021, Du conflit armé aux conflits mémoriels : les femmes mayas ixil et la reconstruction sociale post-génocide au Guatemala, thèse de doctorat (Nanterre, Université Paris Nanterre), en ligne : https://theses.hal.science/tel-03649650.
L'autrice étudie les espaces dans lesquels les femmes Mayas ixil (Guatemala) mobilisent la mémoire du génocide du début de la décennie 1980. Son travail s’appuie sur une enquête ethnographique d’un an au cours de laquelle elle a exploré des statuts et méthodes divers, lui permettant d’accéder à des réseaux de personnes aux profils variés. Une première partie de ce travail interroge les effets de la mémoire du génocide dans la structuration actuelle de la société. L’autrice s’intéresse également au phénomène du viol comme arme de guerre et à sa mise en récit dans une cour de justice. La deuxième partie de cette thèse se focalise sur la mémoire individuelle du conflit par l’analyse des espaces de mise en récit et par une étude du caractère corporel de la mémoire traumatique. La dernière partie de cette thèse prend comme fil rouge une performance de théâtre rituel afin de comprendre la façon dont la mémoire du conflit s’inscrit dans une temporalité longue, tout en mettant en avant l’utilisation de la mémoire du génocide par les réseaux militants et féministes contemporains. En abordant le génocide comme un fait social brutal, l’autrice se propose d’étudier la mémoire comme un processus dynamique et comme un point de fracture qui divise profondément la société. Plusieurs thématiques traversent ce travail afin de cerner au mieux le concept de la mémoire traumatique, telles que les questions de parole publique et privée, ou les notions de parole et de silence. L’ensemble de ces interrogations permettent de mettre en lumière le caractère profondément conflictuel de la mémoire du conflit armé interne en région ixil. En filigrane, l’autrice propose d’engager une réflexion sur les différentes voies de la résilience individuelle et collective dans un contexte de post-génocide.
Morand, C. et C. Solis, 2024, « Variaciones temporales en un teatro ritual : la Moronka-Chabela Ju maya ixil (Guatemala) », colloque international RITMO2 "Ciclos e historia en el discurso, en idiomas mayas y de Mesoamérica", Casa Herrera, Antigua Guatemala.
Morand, C., 2024, « Image and Language: When Individual Testimony Becomes a Collective Archive in the Post-Genocidal Mayan Ixil Context (Guatemala) », colloque international "Acts of witnessing on film", The American University of Paris, George and Irina Schaeffer Center.
Morand, C., 2023, « Théâtre rituel et intérêts politiques : la Moronka-Chabela Ju comme instrument militant chez les Ixil du Guatemala », Congrès annuel de l’Institut des Amériques, Universités Lyon 2 et Lyon 3.
Rejouée par Ixi’m Chee en septembre 2017 à Santa María Nebaj (El Quiché, Guatemala) après des années d’absence, la Moronka – Chabela Ju est un théâtre rituel ixil dansé et chanté, présenté comme représentatif de « l’art ixil » et dont les origines remonteraient à la période coloniale. Cette œuvre reprend, avec humour, l’arrivée des colons espagnols dans la région, tout en proposant une vision métaphorique de la spoliation de la terre à travers l’appropriation du corps des femmes. La performance de 2017 fut accompagnée du discours d’une femme de grand prestige local, dont l’objectif affiché était de sensibiliser le public au continuum de violences auquel les Ixil sont soumis, ainsi que de récits de membres de l’ancienne troupe évoquant leurs souvenirs liés à la pièce. L’objectif de cette communication est de comprendre les ressorts mis en place par des militants de la reconnaissance des crimes du passé et défenseurs des droits de l’Homme pour adapter une forme d’art traditionnel à des rhétoriques politiques particulièrement modernes telles que la lutte contre la corruption, l’éveil des consciences politiques, le rôle de la femme dans la société ou les violences policières. Ce questionnement passe par l’analyse des pratiques discursives d’une part, mais également par une étude de la mise en scène générale de la pièce, laquelle fait s’entrecroiser des temporalités diverses par le biais de références anachroniques au génocide dont ont été victimes les Ixil au début des années 1980.
Morand, C., 2023, « ¿Ciclos o rupturas? Temporalidad de la experiencia genocida en los relatos de vida de sobrevivientes maya ixiles (Guatemala) », Colloque international RITMO2 : « Repetición, crisis y cataclismo en Mesoamérica », Università degli Studi « La Sapienza » di Roma.
Morand, C., 2022, « Violences et déplacements de population : la migration comme enjeu de survie des femmes mayas ixil du Guatemala », Colloque international "Moving Maya. Circulations géographiques en espaces et en temporalités mayas", Musée du Quai Branly (Paris).
Morand, C., 2022, « Du théâtre rituel à l’art militant féministe : la Moronka – Chabela Ju maya ixil au Guatemala », Colloque international "Féminisme(s) en mouvement dans l’aire artistique hispanophone", Université Bordeaux Montaigne.
Morand, C., 2022, « Traduction et transcription en contexte judiciaire. Réflexions à partir d’un témoignage dans le cadre du procès pour génocide contre le peuple maya ixil (Guatemala) », Séminaire du GERM : « Les interprètes des langues mayas dans les tribunaux, Université Paris Nanterre.
Morand, C., 2022, « Vivir y relatar el trauma: el cuerpo de las mujeres maya ixiles en el post-genocidio guatemalteco" ("Vivre et raconter le traumatisme : le corps des femmes mayas ixil dans le contexte post-génocidaire guatémaltèque") », Colloque international "Las huellas de la violencia", UCA San Salvador.
Morand, C., 2022, « Narrativas de vida y repetición: efectos de la repetición y reactualización de los relatos de traumas en el contexto post-genocidio maya ixil (Guatemala) », Colloque international RITMO2 : « Imitación, adpoción e innovación en Mesoamérica », Colegio Nacional de México (Mexique).
Morand, C., 2019, « Théâtre mémoriel et militantisme politique : la "Moronka – Chabela Ju" maya ixil », Séminaire de recherche (EREA/GERM, LESC, Université Paris Nanterre), Université Paris Nanterre.
Morand, C., 2019, « Les conditions d’accès au terrain : impacts et contraintes », Institut des Amériques, Paris-Aubervilliers, Congrès annuel de l’Institut des Amériques.
Morand, C., 2018, « Sortir des violences faites aux femmes : les voix de l’autonomisation des femmes mayas ixil au Guatemala », Rencontres Amérindiennes de Brest, Université de Bretagne Occidentale.
Morand, C., 2018, Mujeres ixiles – Mujeres con poderes, , interview (Guatemala, radio La Voz de Nebaj).
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