Grâce à l’ethnographie des activités qui lient les humains (éleveurs, chasseurs), leurs auxiliaires (chiens de garde, de protection, de chasse), les animaux d’élevage (ovins, caprins, bovins) et les animaux chassés (sangliers, cerfs, lièvres) dans le Conflent (Pyrénées-Orientales) et l’Alta Garrotxa (Catalogne), Fionella Bourez cherche à comprendre les manières dont se construisent des savoirs sur et au sein d’écosystèmes affectés par la pénurie d’eau. Dans ce contexte climatique marqué par la sécheresse, elle s’intéresse aux changements environnementaux vécus, aux effets de ceux-ci sur les interactions entre les différentes espèces présentes ainsi qu’à la perception des risques sanitaires. Depuis une approche ethno-historique des paysages à partir de ce qu’en disent – et font – les éleveurs depuis plusieurs générations, elle questionnera les visions de l’évolution des milieux en lien avec les pratiques. En travaillant avec et à partir des savoirs des éleveurs-bergers sur la faune, la flore, le climat, elle explorera les dynamiques d’interactions entre les habitants qui partagent les pâturages pastoraux – notamment en termes de transmission de pathogènes. Ainsi, elle étudiera les connaissances sur les maladies et leur étiologie afin de mettre en lumière les conceptions émiques de la santé et les liens éventuels avec les changements observés. Elle se demandera quelles représentations du futur et quelles émotions génèrent l’observation des transformations environnementales en interrogeant les visions futures des interactions écologiques et sanitaires entre espèces dans la formulation discursive de l’à-venir et dans l’orientation pratique des actions quotidiennes d’adaptation, d’anticipation. Sa recherche s’inscrit au sein du programme de recherche Prezode ARCHE qui vise, à travers une approche One Health transdisciplinaire, à évaluer les risques d'émergence du virus hémorragique de Crimée-Congo dans le sud de la France.
Les membres du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7186, Université Paris Nanterre/CNRS) réunis en Assemblée générale le 11 février 2025, expriment leur désaccord à la mise en place du label « Key Labs » que la Présidence du CNRS entend imposer.
Chercheur·es et enseignant·es-chercheur·es statutaires, personnels d’appui à la recherche, doctorant·es et docteur·es du Lesc, joignent leur voix aux nombreuses prises de position déjà exprimées à ce sujet, notamment par la Coordination des responsables des instances du Comité national de la recherche scientifique (C3N), la Conférence des présidents de sections du Comité national (CPCN), les Conseils scientifiques d’institut du CNRS, les sections (dont la 38), les présidences d’université, les directions d’unités de recherche, les sociétés savantes, associations et syndicats représentatifs de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Ils affirment leur désaccord avec la méthode employée et l’absence de concertation et de transparence dont fait preuve la direction du CNRS. Ils expriment leur opposition aux objectifs et conséquences de ce projet, visant à concentrer les moyens du CNRS sur 25% des UMR actuelles. En labellisant un quart des laboratoires, cette réforme tend à hiérarchiser les unités et leurs agents, à déstructurer les collectifs de travail au fondement d’une recherche collaborative, au sein des unités et entre unités, et met en péril le foisonnement et la diversité nécessaire de la recherche.
Face à l’importance de la contestation suscitée par ce projet, Antoine Petit a annoncé un moratoire de plusieurs mois jusqu’à « l’été 2025 ». Les membres du Lesc demandent que les « Key Labs » soient définitivement abandonnés. Ils invitent en outre le CNRS à engager une véritable concertation avec les universités sur le financement et l’appui à l’ensemble des UMR dans le but d’assurer les conditions d’une recherche pérenne, juste et indépendante.