Helma Korzybska

 
Helma Korzybska
Doctorante
Helma Korzybska
Donner un sens au sens bionique. Réinitialisation sensorielle et apprentissage perceptif suite à l’implantation cochléaire et rétinienne
Emmanuel Grimaud
- Financement de recherche par le fonds de dotation Janssen Horizon (thèse sous contrat doctoral 2019-2021)
- Bourse du France-Stanford Center for Interdisciplinary Studies, Visiting Student Researcher Fellowship (2018-2019)
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Domaines de recherche

Etats-Unis, France
personnes aveugles, sourdes, et/ou appareillées (implant rétinien, implant cochléaire)
Anthropologie sensorielle, anthropologie des techniques, perception, corps, environnement

Parcours universitaire et professionnel

[English version below]

À l’ère annoncée de l’homme augmenté, les débats sont nombreux sur ce qui « fait » l’humain, et sur la coexistence possible du naturel avec l’artificiel, du biologique avec le technologique. Face aux fantasmes et aux prophéties de l’homme bionique, Helma Korzybska s'intéresse à la manière dont des individus ayant perdu la fonction d’un organe, adoptent des prothèses et reconfigurent ainsi leur rapport à l’environnement.

Son approche est centrée sur les expériences de personnes ayant perdu la vue ou l’ouïe, et les enjeux et l’impact de la substitution d’organes sensoriels par des systèmes d’appareillage (implant rétinien, implant cochléaire). Cette substitution qui a pour objectif de permettre au sujet de revenir à son corps « d’avant », l’entraîne vers une tout autre réalité. L'enquête de terrain suit ce (ré)apprentissage sensori-moteur au plus près, dans une perspective qui relève de l’anthropologie de la perception, des sens et des techniques. Elle se concentre plus particulièrement sur les représentations du corps incarnées par les interactions entre les rééducateurs, leurs patients et leur environnement.

Il s’agit de voir en quoi le rapport à la prothèse participe de divers débats éthiques et constitue un « problème de civilisation », permettant de questionner autrement l’héritage historique des Lumières affirmant la nécessité pour les êtres humains de se détacher d’un « état de nature ». Dans les techno-utopies (du genre « transhumanisme »), l’émancipation de la nature humaine devrait passer par le contrôle de la chair, mais aussi par une association du corps et de la machine. La technique devient le moyen favori pour agir sur l’être humain, et la déficience est le lieu même où s’expérimentent et se mettent en application de nouvelles conceptions de l’humanité. Sur le terrain le « naturel » et le « domestiqué » s’entrechoquent dans des configurations variées, la perte d'un sens permettant de repenser la sensorialité à la fois dans sa filiation au naturalisme (Descola) et dans ses rapports ambigus aux techno-utopies (Haraway).

 

Thesis entitled: Making sense of bionic senses. Sensory reinitialization and perceptual learning following cochlear and retinal implantation

In the era of the expanded man, there are many debates on what “makes” a human, and on the possible coexistence of the natural with the artificial, of the biological with the technological. Faced with the fantasies and prophecies of the bionic man, Helma Korzybska is interested in how individuals who have lost the function of an organ adopt prostheses and thus reconfigure their relationship to the environment.

Her approach centres the experiences of persons having lost their vision or hearing, and the challenges and impact of the substitution of sensory organs by equipment systems (retina and cochlear implants). This substitution, which aims to allow its subject to return to its body from “before,” in fact unleashes a completely different reality. The filed study follows this sensory-motor learning as closely as possible, in a perspective that draws upon anthropology of perception, anthropology of the senses, and anthropology of techniques. A strong focus is directed at the bodily representations embodied by the interactions between the therapists, their patients, and their environment.

Her research strives to understand how the relationship to protheses participates in various ethical debates and constitutes a “problem of civilisation,” allowing us to question the historic heritage of the Enlightenment philosophers affirming the necessity for human beings to detach themselves from a “natural state.” In techno-utopias (“transhumanist”), emancipation from human nature should overcome the body’s control, but also by an association between body and machine. Technique becomes the preferred means for acting on the human being, and deficiency becomes the place where we experiment and apply new conceptions of humanity. In the field, the “natural” and the “domesticated” collide in various configurations, the loss of a sense enables us to rethink sensoriality both in its filiation to naturalism (Descola) and in its ambiguous relationships to techno-utopias (Haraway).

Membre du comité scientifique des journées d'étude (jeunes chercheurs) "Sensibles ethnographies. Expériences et expressions des corps et des sens en anthropologie", les 29 et 30 novembre 2018, Maison Archéologie et Ethnologie René-Ginouvès, Nanterre

22 octobre 2019 : Intervention dans le séminaire de recherche "Anthropologie sensorielle", 2h, Master 2 (Université Paris Descartes)

sept.-déc. 2018 : Chargée de TD « Les théories en Anthropologie », 42h, Licence1 (Université Paris Nanterre)

Jan.-mars 2019, The Perceptual Experience in Brain-Machine Interface Technology, Stanford Visiting Student Researcher, Department of Neurosurgery, Stanford University.

2016-2017, participation à l'ANR PhantoMovControl, Franchir les limites des prothèses myoélectriques de bras : contrôle naturel par mouvements fantômes, CETCOPRA, EA 2483 - Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Calapi, Sisa, Helma Korzybska, Marie Mazzella Di Bosco et Pierre Peraldi-Mittelette (éds), 2022, Sensibles ethnographies : décalages sensoriels et attentionnels dans la recherche anthropologique (Paris, Pétra).
« Sensibles ethnographies ». Un ouvrage collectif qui entend rendre compte de la transversalité de l’approche sensible dans les processus de recherches en anthropologie. Ce livre s’inscrit dans une réflexion épistémologique qui conçoit l’ethnographie, et par suite l’anthropologie, comme une démarche intrinsèquement sensible, au sens large d’un vécu à la fois corporel, sensoriel et émotionnel. Dans ce volume, une nouvelle génération d’« anthropologues du sensoriel », pour reprendre l’élégante formule de David Howes, propose un panel d’études ethnographiques qui témoignent de la diversité de situations pouvant être analysées selon une approche sensible. Croisant cette dernière avec les perspectives de la biologie, de la psychologie ou de la géographie, les chapitres traitent tour à tour de recouvrer la vue, de danser en pleine conscience, d’appréhender les couleurs, mais aussi de sujets aussi variés que l’autisme, la migration, l’habitat, les danses cérémonielles ou les manières de ressentir la musique. Cet ouvrage propose d’interroger les façons dont corps, sens et ressentis s’entremêlent dans le social et permettent de façonner des outils d’analyse et des méthodes d’enquête créatifs et féconds, afin d’étudier l’articulation entre l’individuel et le social dans différents contextes socio-culturels.
Erickson-Davis, C. et H. Korzybska, 2021, What do blind people "see" with retinal prostheses? Observations and qualitative reports of epiretinal implant users, Plos one, 16 (2), en ligne : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0229189.
Introduction: Retinal implants have now been approved and commercially available for certain clinical populations for over 5 years, with hundreds of individuals implanted, scores of them closely followed in research trials. Despite these numbers, however, few data are available that would help us answer basic questions regarding the nature and outcomes of artificial vision: what do participants see when the device is turned on for the first time, and how does that change over time? Methods: Semi-structured interviews and observations were undertaken at two sites in France and the UK with 16 participants who had received either the Argus II or IRIS II devices. Data were collected at various time points in the process that implant recipients went through in receiving and learning to use the device, including initial evaluation, implantation, initial activation and systems fitting, re-education and finally post-education. These data were supplemented with data from interviews conducted with vision rehabilitation specialists at the clinical sites and clinical researchers at the device manufacturers (Second Sight and Pixium Vision). Observational and interview data were transcribed, coded and analyzed using an approach guided by Interpretative Phenomenological Analysis (IPA). Results: Implant recipients described the perceptual experience produced by their epiretinal implants as fundamentally, qualitatively different than natural vision. All used terms that invoked electrical stimuli to describe the appearance of their percepts, yet the characteristics used to describe the percepts varied significantly between participants. Artificial vision for these participants was a highly specific, learned skill-set that combined particular bodily techniques, associative learning and deductive reasoning in order to build a "lexicon of flashes" - a distinct perceptual vocabulary that they then used to decompose, recompose and interpret their surroundings. The percept did not transform over time; rather, the participant became better at interpreting the signals they received. The process of using the device never ceased to be cognitively fatiguing, and did not come without risk or cost to the participant. In exchange, participants received hope and purpose through participation, as well as a new kind of sensory signal that may not have afforded practical or functional use in daily life but, for some, provided a kind of "contemplative perception" that participants tailored to individualized activities. Conclusion: Attending to the qualitative reports of participants regarding the experience of artificial vision provides valuable information not captured by extant clinical outcome measures. These data can both inform device design and rehabilitative techniques, as well as grant a more holistic understanding of the phenomenon of artificial vision.
Calapi, S., H. Korzybska, M. Mazzella Di Bosco et P. Peraldi-Mittelette, 2022, Introduction, Sensibles ethnographies : décalages sensoriels et attentionnels dans la recherche anthropologique (Paris, Pétra) : 31-46.
Korzybska, H., 2022, Investir le « regard » des personnes devenues aveugles. De l’implantation rétinienne aux expériences mescaliennes, Sensibles ethnographies : décalages sensoriels et attentionnels dans la recherche anthropologique (Paris, Pétra) : 157-183.
Korzybska, H., 2022, Corps remplacés, corps réparés : des progrès médicaux en matière de prothèses rétiniennes et cochléaires, Évolutions : Évoluons-nous ? (Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre) : 85-107.
Calapi, S., H. Korzybska, M. Mazzella Di Bosco et P. Peraldi-Mittelette, 2018, « Organisation », journées d’étude "Sensibles ethnographies. Expériences et expressions des corps et des sens en anthropologie", Lesc, MAE, Nanterre.
Korzybska, H., 2021, « Représentations sensibles d’une transformation perceptive. Questions méthodologiques pour comprendre, représenter et restituer l’apprentissage de la vision par implant rétinien et de l’audition par implant cochléaire », séminaire "Anthropologie à Nanterre", visioconférence.
Korzybska, H., 2020, « Retina implant re-education: A case of sensory instrumentalization towards a certain perceptive type », conference "Body Image(s): what challenges from anthropo-technics?", University of Konstanz.
Korzybska, H., 2019, « Ethnographie d’un laboratoire de neurosciences dans la Silicon Valley : la fabrication d’un implant rétinien », Journées scientifiques des doctorant.e.s du LESC, MSH Mondes, Nanterre.
Korzybska, H., 2019, « L’Implantation cochléaire, une technologie pour retrouver l’ouïe ? », colloque international "De la portée d’un mot nouveau : l’audisme. Pratiques, savoirs et changement social", EHESS, Paris.
Korzybska, H. et C. Erickson-Davis, 2019, « The Perceptual Experience of Artificial Vision: Qualitative Reports of Epiretinal Implant Users », The Eye and the Chip World Research Congress 2019, The Henry Hotel, Dearborn, Michigan, USA.
Korzybska, H. et C. Erickson-Davis, 2019, « Subjective reports of visual prosthesis users », Stanford Artificial Retina Project Seminar, Stanford University (Gates 415), Palo Alto, Californie.
Korzybska, H., 2018, « Vivre avec une prothèse rétinienne : aspects médicaux et anthropologiques », séminaire « Implants et prothèses entre options techniques, médicales, sociales et usages », séminaires transdisciplinaires "Corps et prothèses : vécus, usages, contextes", Sorbonne Université, Campus Jussieu, Paris.
Korzybska, H., 2018, « Progrès médical et implants de substitution sensorielle. Tensions entre retour miraculeux au normal et fabrication du monstrueux », 15e colloque de la MAE "Évolutions, évoluons-nous ?", Muséum national d’Histoire naturelle, Paris.
Korzybska, H., 2017, « La voix et le corps du "coach" dans la rééducation des non-voyants », journée d’étude du LESC "Voix incarnées, voix désincarnées", Université Paris Nanterre.
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