Argument pour la rénovation de la muséographie anthropologique; décalage patent entre les modes d'exposition esthétisants ou encyclopédiques des objets "exotiques" et les acquis de l'anthropologie symbolique quant au sens et au mode d'usage de ces objets. Un des grands absents des muséographies habituelles est le lien que l'objet rituel entretient avec le corps rituel (initiatique, possédé, masqué, royal, chamanique…) qui l'utilise comme limite ou noyau, marqueur ou annonciateur, compacteur ou dilatateur… de son singulier espace corporel. Les trois types d'objets analysés- les rouleaux protecteurs éthiopiens (et leur sens de limite sacrificielle du corps), les statuettes divinatoires sénoufo (et la compacité de l'espace rituel généré par leur connexion au corps du devin), les masques nafara (et le caractère dilaté de leur espace de beauté mobile) sont décrits en action pour proposer des scénographies susceptibles de restituer les traits essentiels de l'expérience spatio-corporelle - et donc de l'espace propre- de ces objets. L'expérience corporelle du visiteur du musée devrait être un des media de la communication du sens des objets exposés, ce qui est tout autre chose que l'extériorité visuelle et discursive du film ou de l'"interactif".
Le laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc–UMR 7186, CNRS/Université Paris Nanterre), propose un dispositif de soutien aux candidat.es au concours 2025 au poste de chargé.es de recherche au CNRS se reconnaissant dans les perspectives scientifiques du laboratoire et souhaitant leur rattachement au Lesc en cas de recrutement. Plus d'informations ici