Cette thèse propose une étude ethnomusicologique des chants de flûtes carrizos et des danses des Cubeo, du Haut Rio Negro, en Amazonie brésilienne et colombienne.

Le travail ethnographique portera sur les fêtes de boissons et les autres événements au sein desquels les flûtes carrizo sont jouées, tel que les cérémonies dabucuris, qui constituent des espaces d’échange rituel entre différents groupes tukano dans un contexte plurilingue. Ces instruments, joués par les hommes selon une technique musicale complexe, sont accompagnés de danses auxquelles participent les femmes. La musique et la danse semblent jouer un rôle crucial dans la transmission, l’apprentissage et l’affirmation des identités ethniques. Cette dynamique entre ces pratiques pourra être interrogée à l’aune des relations de genre et d’interdépendance.

L’objectif principal est de comprendre comment cette pratique musicale et dansée, centrée autour des flûtes carrizo, participe au façonnage des identités ethniques et aux relations interethniques dans cette région marquée par un fort multilinguisme.

L’analyse portera sur plusieurs aspects de cette pratique musicale et sociale. Les flûtistes intègrent des mélodies ayant des versions spécifiques à chaque groupe tukano, témoignant ainsi d’un apprentissage interculturel. Les chants des carrizo participent-ils à la construction des relations interethniques ? Quels messages sont transmis et comment sont-ils compris dans ce contexte multilingue ? Cette recherche interroge la manière dont les mélodies et les façons de souffler varient selon les groupes tukano, tout en interrogeant la relation entre la musique instrumentale et les paroles associées aux chants des flûtes.