Ethnologue, chercheur au CNRS depuis 1992, Pascale Dollfus (bibliographie 2020) travaille sur les populations de langue et de culture tibétaine de l’Himalaya occidental indien : au Ladakh, au Spiti, ainsi que dans les régions voisines du Kinnaur et du Lahaul où bouddhisme et hindouisme s’interpénètrent.
Au Ladakh, terrain de sa thèse, elle s’est intéressée aux agriculteurs sédentaires dont elle a décrit l’organisation sociale, les croyances, la vie quotidienne et les rituels qui la rythment. À partir de 1993, elle a également mené des recherches chez les pasteurs nomades qui vivent à plus de 4000 m d’altitude sur les hauts plateaux balayées par le vent qui jouxtent le Tibet, analysant les territoires, sans cesse réinventés, qu’ils habitent ou revendiquent comme leurs. Elle a également étudié les changements provoqués par leur migration massive dans la vallée.
Au Spiti, dans la vallée de la Pin ou « vallée des Nuages », ses travaux portent sur la religion, ses spécialistes et les différentes fonctions que ces derniers occupent, notamment en tant que médiateurs entre les villageois et leurs dieux.
Depuis 2010, elle se rend par ailleurs chaque hiver à l’autre extrémité de la chaîne himalayenne, dans le Nord-est indien, chez les Shertukpen : une population de langue tibéto-birmane comptant quelque 4000 habitants et occupant un vaste territoire s’étendant des moyennes montagnes au nord jusqu’aux plaines de l’Assam au Sud.
L’Himalaya et « ses terrains éloignés » ne sont, cependant, pas ses seuls lieux d’enquête. Ainsi à l’occasion de programmes interdisciplinaires, Pascale Dollfus a été amenée à mener des recherches en Europe (Sicile, Piémont italien, Alpes, Bucovine et Moldavie notamment), et à confronter son approche aux méthodes et techniques d’autres disciplines.
2017-2020 - collaboratrice de la MAFIL (Mission Archéologique Franco-indienne au Ladakh)
2012-2019 - représentante du CEH (Centre d'Etudes Himalayennes) au sein du Consortium Archives des ethnologues (ADE)
2013-2017 - membre du GT-GED (Grand Equipement Documentaire) Campus Condorcet
2013-2016 - co-directrice du Centre d’Etudes Himalayennes
Membre de la commission de recrutement pour un poste de Maître de Conférence en ethnologie, Université de Nanterre (2015)
Musées -Expositions-Collections
Expertise scientifique pour l’exposition Le monde en tête, la donation Antoine de Galbert, Musée des Confluences, Lyon (2019)
Expertise scientifique (identification des photographies) du Fonds Alexandra-David Néel, Musée A. David Néel, Digne (2019)
Commissaire scientifique de l’exposition de photographies d’Angèle et Jacques Mayeux, Zanskar : en haut du monde, Musée des Beaux-Arts, Cambrai (2011)
Membre des projets européens NECEP (Non european components of european patrimony) et ECHO (European Cutural Heritage on Line)( 2002-03)
Membre de la mission de préfiguration du Musée de l'Homme, des Arts et des Civilisations - Quai Branly (1998-2000)
1997-2007 – Ethnologie du Tibet (INALCO)
1989-2007 – Géographie du domaine himalayen (INALCO)
1996-1998 – Technique et Environnement, enseignement doctoral (Museum National d’Histoire Naturelle de Paris)
1991-1992 – Anthropologie de la santé pour les élèves infirmiers et assistants sociaux de l’Hôpital psychiatrique de Ville-Evrard, Neuilly-sur-Marne.
1988-1990 – Anthropologie des systèmes de santé, formation permanente à destination du personnel soignant de l’Hôpital Psychiatrique du Havre
1988-1989 – Cours d’ethnologie à l’Institut International de la Communication
2009-2012, ANR - HIMALART - Parcours d'objets : création, circulation, transformation à travers l'Himalaya et au-delà, avec Gisèle Krauskopff
2008-2009, Histoire et géographie de la couleur : faits de langue et systèmes de communication, avec F. Jacquesson et M. Pastoureau, financé par l’ISCC du CNRS
2013-2016, Narrativité : paroles, textes, images (coord. F . Jacquesson), PRES Sorbonne Paris Cité
2007 -2011, ANR Autour du Brahmapoutre : Langues, cultures et territoires dans le Nord Est indien (coord. F . Jacquesson)
2000-2003, Lignages, médiums et territoires. Approche ethno-historique de la culture Khas en Himalaya Occidental (coord. M. Lecomte-Tilouine ) financé par une ACI du Ministère de la Recherche
2000-2001, Les facteurs physiques, historiques et culturels dans la formation des territoires et paysages du Népal occidental” (coord. J. Smadja et M. Lecomte-Tilouine)
1995-1999, Histoire et devenir des paysages en Himalaya (coord J. Smadja) financé par le Programme Environnement du CNRS
This book, written by two French researchers after three winter trips among the Shertukpens, depicts Khiksaba, one of the most fascinating tribal festivals in the Himalayas. This colourful performance has never been described before. It is detailed here with maps, drawing and photographs. The Shertukpens (or Sherdukpens) are a rather small but important population living in the Indian state of Arunachal Pradesh (West Kameng District), close to Bhutan and Tibet, in the eastern Himalayas.
En écho aux écrits publiés sur le jeu et les jeux par Philippe Sagant, cet article propose de mettre en lumière le lancer de dés (et son double langage), tel qu’il est pratiqué aujourd’hui chez les pasteurs nomades du Ladakh, aux confins du plateau tibétain. Lancer les dés, un geste qui s’accompagne toujours de phrases équivoques, susurrées ou criées à pleine voix, n’est pas seulement sur ces hautes terres une méthode de divination, un divertissement et un jeu d’argent, mais aussi le moyen par lequel sont prises toutes les décisions relatives à la bonne marche de la communauté : élection du chef et de ses adjoints, répartition des pâturages, choix des hommes envoyés chercher les animaux égarés, etc. Ce jeu, ouvert à tous les hommes quels qu’en soient l’âge et le statut (laïc ou religieux, marié ou célibataire), est interdit aux femmes, lesquelles ont en revanche l’exclusivité de reproduire le dessin de dés sur les tapis de laine et les couvertures qu’elles tissent, une illustration du proverbe « homme du dehors, femme du dedans » qui régit la société.
Among Buddhist religious specialists in Ladakh, there were until recently people called manepa, the Ladakhi pronunciation of the Tibetan word manipa, literally ‘the one [who recites] mani’. In the western Himalayas the repertoire of these non-monastic practitioners not only contains the famous mantra dedicated to the Great Compassion Bodhisattva Chenrezi (Skt. Avalokiteśvara), but also dozens of biographies which imply liberation in the Buddhist sense of the word and which praise the victory of Dharma over heretics. The Masters of the mani mantra are tantrists who regard the fourteenth-century Tibetan saint Thangtong Gyalpo as their founding preceptor. Among other skills, they perpetuate a fascinating ritual known as pho ba rdo gcog (or rdo gshag), ‘breaking a stone [placed] on the stomach’, which is believed to have been performed for the first time by this great yogi to ward off evil and to avert misfortune. Though the manepa tradition is still alive in the Pin valley in Spiti, where these religious specialists are called buchen (literally ‘great son’), it died out a few decades ago in Ladakh when the last representatives of the two existing manepa lineages passed away without an heir to carry on the family tradition. Recently, however, Tsewang Dorje, the grandson of one of them, decided to revive the tradition. In this article, I trace his life story and, more broadly, the barely known history of the manepa of Ladakh.
Dans plusieurs collections européennes et sur le marché de l’art, on trouve de belles coiffes cousues de pierres semi-précieuses et estampillées Ladakh. Or s’il est vrai que de telles parures sont proposées par plusieurs marchands à Leh, les recherches menées depuis trente ans dans cette région de l’Himalaya et ses confins, ainsi que dans les archives, n’ont pas permis d’en retrouver trace. D’où proviennent donc ces créations atypiques vendues aux côtés de coiffes sans mystères sinon ordinaires ? Comment les qualifier ? Endossant l’habit du détective, je tente de reconstituer le parcours de ces objets mystérieux, m’intéressant au marché et à ses circuits, et m’interroge sur la notion d’authenticité et les critères qui la fondent en matière d’art dit tribal ou primitif.
Transformation Processes In Nomadic Pastoralism In Ladakh Today, Ladakh, a region of Jammu and Kashmir, the northernmost state of India, is home to only 1,200 nomadic pastoralists, representing less than 0,5 per cent of the total population. Three distinct communities – Kharnak, Rupshu (or Samad) and Korzok – live near each other, but own their own territory. Changes have always occurred, but over recent decades, they have been particularly dramatic and fast moving. Our aim in this paper is to briefly outline the history of nomadic pastoralism in Ladakh, and then to examine in more depth the transformation processes which have taken place over the last fifty or sixty years, taking as a case-study the nomadic community of Kharnak where I have been working for the past 20 years.
F. Jacquesson et P. Dollfus, dans une enquête faisant écho à celle menée sur les Vies du Bouddha en Himalaya, brossent un panorama des Vies de Jésus en Europe. Les représentations de la Vie de Jésus, pendant des siècles ont été difficiles à comprendre : les épisodes célèbres occultaient le fil de la biographie – sauf si on la connaissait. La Renaissance a conçu des images « intégratives », assemblant des moments distincts d’une histoire dans un seul espace. Sur les Portes du Paradis (1425-1452), Ghiberti utilise la perspective florentine pour indiquer des épisodes successifs d’une histoire biblique complète. Mais dans les Scènes de la Passion du Christ (vers 1470) Memling place les différents épisodes dans le décor d’une Jérusalem « reconstituée », et c’est le décor qui organise l’histoire. Comme pour les Vies du Bouddha, on trouve souvent des Vies de Jésus ou des Passions racontées en cases successives. Les églises peintes de Bucovine comme les chapelles de l’arrière-pays niçois ou les iconostases d’Orient en offrent de nombreux exemples, détaillés dans l’article. La question centrale demeure : comment les visiteurs « lisent-ils » ces images en série ? Parfois, en effet, des épisodes ont été déplacés avec des intentions… qui n’apparaissent plus. Mais l’ordre suffit-il ? Le long des chemins de croix ou, en Italie dans les monti sacri, chaque station ou chapelle est numérotée, mais cela permet-il aux pèlerins de comprendre la logique des scènes rejouées devant lui ? La conclusion est que le talent des peintres ou des sculpteurs, la beauté de certaines de ces images, tend à faire oublier qu’elles étaient commentées, le sont encore même dans les musées, et que ces commentaires discrets, parfois disparus, accompagnent en sourdine le « récit en images ».
Au Spiti, dans « la Vallée des nuages », il existe des hommes appelés buchen (litt. « grands garçons »), qui exercent leur art en marge du clergé bouddhique et se réclament du grand yogi tibétain Thangtong Gyalpo (1361-1485 ?). Comme ce « saint fou », maniant paradoxes, excès et rire, ils dispensent un enseignement profond mais accessible à tous. Ainsi se rendent-ils, de village en village, pour raconter des histoires édifiantes, déroulant devant leur auditoire des rouleaux peints qui servent à la fois de support à leur narration mais aussi d’aide-mémoire. Dans cet article, après avoir décrit l’une de ces peintures, épisode après épisode, scène après scène, en s’aidant du texte qu’elle illustre et l’avoir comparée avec d’autres relatant la même histoire, nous retraçons une séance en nous intéressant à la façon de conter des buchen ainsi qu’à l’attitude du public venu les écouter.
Au Kinnaur, ces dernières décennies, pour tenter de contrer l’influence grandissante de l’hindouisme, nombre de temples bouddhistes ont été rénovés, voire reconstruits, et leurs murs couverts de peintures murales aux couleurs vives racontant en images successives, accompagnées de légendes et alignées sur plusieurs registres, la Vie du Bouddha ou celle d’autres personnages célèbres comme Milarépa. Cet article propose de comparer deux représentations contemporaines de la Vie terrestre du Bouddha avec leur source d’inspiration – un livret d’une trentaine de pages imprimé en noir et blanc dans les années 1980 à Bodhgaya et diffusé à des milliers d’exemplaires – et de questionner les choix faits par les deux artistes parmi les images et les textes proposés dans ledit livret. Nous nous interrogeons par ailleurs sur le caractère pédagogique, souvent mis en exergue, de telles peintures. En effet, malgré leur allure de bande dessinée, ces dizaines d’images, centrées sur elles-mêmes et sans véritable lien entre elles, ne forment pas un récit intelligible sans l’aide d’un guide pour raconter la trame dans laquelle elles s’insèrent.
Au Ladakh, le bouquetin est l’animal de loin le plus représenté sur les pétroglyphes. Chassé à l’arc, puis au fusil, c’était – jusqu’à l’interdiction de sa chasse en 1978 – un gibier très convoité, tant par les populations locales que par les Britanniques au temps du Raj: les premières appréciant sa chair goûteuse, les seconds en collectionnant les trophées. Animal de bon augure, associé à la fécondité, le bouquetin occupe par ailleurs, au sein de la faune ladakhi, une place prépondérante sur le plan symbolique: ses cornes sont présentes sur les autels dédiés aux divinités locales, des chants en font l’éloge, des danses le mettent en scène, des figurines de pâte à son effigie sont offertes lors de la naissance d’un enfant com
Sédentaires ou nomades, les hommes ont habillé ou créé leurs lieux de vie à l'aide de textiles. Les fonctions des étoffes se combinent en de multiples variations pour compléter l'architecture, protéger, montrer ou cacher, réchauffer, décorer... Quels sont les matériaux employés, pourquoi certain...
...
Le laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Lesc–UMR 7186, CNRS/Université Paris Nanterre), propose un dispositif de soutien aux candidat.es au concours 2025 au poste de chargé.es de recherche au CNRS se reconnaissant dans les perspectives scientifiques du laboratoire et souhaitant leur rattachement au Lesc en cas de recrutement. Plus d'informations ici