Après une maîtrise d'Histoire à la Sorbonne (Paris 1), un DULCO de Chinois (INALCO) une maîtrise d'Histoire de la Chine ancienne (Université de Pékin, RPC), Sabine Trebinjac a consacré son travail de thèse (1993) aux collectes musicales en Chine et à la musique ouïgoure. Le concept de traditionalisme d'Etat en lieu et place de la tradition en Chine y a été largement argumenté et développé. Puis elle s'est orientée plus à fond sur la civilisation ouïgoure tant du point de vue musical que politique. Son Habilitation à diriger des recherches (2011) intitulée "Le despote et le musicien : analyse de modes d’autorité en Chine" en est la consécration.
Depuis Sabine Trebinjac est axée sur des questions plus politiques. En 2020, elle publie un article dans L'Homme dénonçant le colonialisme interne civilicide pratiqué par les autorités chinoises sur la population ouïgoure. Son empathie pour la science historique, marque son ouvrage consacré à l'Université communiste des Travailleurs de l'Orient de Moscou dans les premières décennies du XXe siècle. Enfin son article dans Ethnologie Française trace son parcours d'antropologue pendant 40 ans en RPC et 30 ans chez les Ouïgours.
This book focuses on the documents relating to the Uyghur classes that were organised in Moscow between 1925 and 1935, and the presentation of the University of the Workers of the East (KUTV). The book poses and answers three key questions relating to this: why was it deemed necessary to educate classes of Oriental workers, who was in charge of it and how was the pedagogical project developed? By studying the formation and circulation of elites, political elites of a revolution in the making, this book deems the project a failure. In the second part, reconstructed biographies of the KUTV students are presented, covering their living conditions, their ups and downs, their level of education, and their moral and physical conditions. After considering the causes and reasons for the failure of this Comintern enterprise, the book posits that it could have been brilliant if it had succeeded in setting itself up against both Chinese and Soviet control.
Dans cet article témoignage retraçant quarante ans d’enquêtes ethnographiques menées en République populaire de Chine, Sabine Trebinjac revient sur les conditions de collecte et de partage de ses données, ainsi que sur le souci constant de protéger ses interlocuteurs. Dans un contexte politique évolutif et imprédictible, l’élaboration de stratégies assurant la sécurité du présent et du futur des données ethnographiques est centrale pour la recherche en anthropologie. L’expérience de l’utilisation des données passées par les autorités chinoises constitue un rappel puissant de la responsabilité de l’ethnographe, parfois plus informé que ses interlocuteurs, et des possibles dangers que la mise à disposition des données appelle.
Les marchands sogdiens n'ont pas seulement contribué à l'importation de la soie chinoise en Occident ; ils ont aussi, à l'instar d'autres peuples centrasiatiques, comme les Ouighours ou les Tokhariens, participé à la reformulation du canon bouddhique avant son adoption par les Chinois. Les descendants de Gengis Khan n'ont pas seulement adopté la langue turque ; ils sont aussi passés au persan et ont établi la culture persane dans l'Inde du nord. Les Grecs nourris d'Aristote n'ont pas seulement rencontré à Aï Khanoum, dans l'actuel Afghanistan, les peuples de la steppe ; ils ont aussi laissé des traces dans les textes zoroastriens de la Perse. Les cinéastes russes réfugiés à Tachkent dans les années 1940 n'ont pas seulement apporté à l'Ouzbékistan des techniques nouvelles ; ils ont enrichi le cinéma soviétique de motifs centrasiatiques... La Route de la soie, cette invention du XlXe siècle, nous invite à aborder l'histoire du monde sans préjugés européocentristes. L'Asie centrale : lieu mythique, creuset exceptionnel d'influences lointaines, où les religions, les moeurs, les arts et les techniques se sont trouvés inextricablement mêlés. Ses territoires recouvrent l'ensemble des anciennes républiques soviétiques centrasiatiques et les territoires avoisinants du Xinjiang, de la Mongolie, de l'Afghanistan, de l'Iran, de l'Azerbaïdjan et de la Turquie. Ils offrent tous une stratification extrêmement complexe de transferts culturels aussi bien synchroniques que diachroniques. Un voyage dans le temps, à la rencontre de peuples et de civilisations qui se sont illustrés par une production artistique d'une richesse inouïe. Et la première synthèse accessible en français sur cette aire culturelle qui a depuis des siècles fasciné voyageurs et savants. [Source : 4e de couverture]
La répression des Ouïghour au sein de la République Populaire de Chine est désormais connue en Europe, parce que médiatisée depuis 2017. Mais elle remonte en réalité plus loin dans le temps. Les voix du crépuscule se proposent de faire un peu d'histoire mais aussi un peu de politique pour en saisir les raisons, et de l'anthropologie bien sûr pour en examiner les enjeux culturels et humains.
Un million de Ouïgours seraient internés dans des camps de rééducation chinois, les témoignages des rescapés sont insoutenables. La volonté de contrôle chinois sur le Xinjiang n’a cessé de s’intensifier, rappelant la sinisation du Tibet. Que reste-t-il de la culture ouïgoure dans le Xinjiang ?