[English version below]
Rédactrice en chef de la revue Terrain (2015-2018)
Membre du Conseil de rédaction de la revue Terrain (depuis 2019)
Membre du Conseil de rédaction de la revue Ethnologie française (2009-2015)
Responsable éditoriale de la collection « Europe » de la Société d’ethnologie (depuis 2016)
Membre élu du Conseil d’Administration de l’AFEA (Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie) (2009-2015)
Membre élu du Conseil d’Administration de la Société d’ethnologie (depuis 2013)
Membre élu du Conseil de laboratoire du LESC (UMR 7186) (2014-2016)
Membre nommé de la Commission (COMCIT) au sein du LESC (depuis 2014)
Co-responsable de l’axe 1 du LESC « Epistémologie et exercices de l’anthropologie » (depuis 2014)
2008-2009. Les hommes malades des animaux : anthropologie comparée de la grippe aviaire. Fondation FYSSEN. Membre du programme de recherche coordonnée par Frédéric Keck. Le collectif de recherche a travaillé sur différents terrains où la grippe aviaire a bouleversé le rapport habituel aux animaux : France, Égypte, Chine, Vietnam, Indonésie. Ce projet s’est développé selon deux axes : étudier la grippe aviaire dans la pluralité des contextes où elle apparaît, en fonction des relations hommes/animaux qu’elle met en lumière, et travailler sur la tension anthropologique qu’elle fait voir entre deux rapports à l’animal, l’animal qu’on protège et l’animal dont on se protège.
2012-2015. Influence de l'organisation des paysages sur la distribution et la dispersion des papillons. Projet LEVANA, programme Action Publique, Agriculture et Biodiversité, Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie. Membre du programme de recherche coordonné par Frédéric Archaux. Le volet socio-anthropologique de ce programme de recherche sur l’évolution des populations de papillon visait à comprendre les conditions, notamment sociales, de production des données, ainsi que les ressorts de l’engagement des amateurs dans la production naturaliste, et plus généralement, les enjeux (sociaux, identitaires, politiques, épistémologiques) liés au développement des « science participative » dans la connaissance de la biodiversité.
2017. ESCO Loup SHS. Les aspects sociologiques, culturels et ethnologiques de la présence du loup en France. Commande du Secrétariat d'Etat à la Biodiversité, Ministère de l'Environnement, de l'Energie et de la mer, auprès du muséum national d'histoire natutrelle. Membre du collectif d'experts coordonnée par Richard Dumez. La commission d'experts s’est attachée pendant 6 mois à produire un état des lieux des connaissances sur les relations contemporaines humains-loups en France, ainsi qu’une analyse des positions et des représentations des acteurs concernés. La situation française a été mise en perspective avec des exemples à l’étranger. De nombreuses auditions ont également été menées avec les acteurs concernés par la gestion du loup et un rapport final a été rédigé.
On a parfois l’impression que les espèces végétales et animales ont appris à se dissimuler au regard des humains. Est-ce le résultat de l’usage des pesticides et du réchauffement climatique ? Mais il faut d’abord savoir observer et noter les multiples changements en cours qui bouleversent notre environnement le plus proche. Vanessa Manceron s’est ainsi intéressée à une pratique scientifique très particulière, discrète et qui ne fait pas la une des journaux alors qu’elle apparaît de plus en plus indispensable : connaître et reconnaître les plantes, les oiseaux, les papillons et autres insectes, les mondes vivants, tout autour de nous. Pour cela, le mieux était d’aller en Angleterre, où existe une tradition naturaliste qui fait se côtoyer depuis longtemps professionnels, universitaires et amateurs comme nulle part ailleurs. Ce travail des amateurs n’est pas tenu pour un passe-temps marginal par les universitaires (leurs institutions, leurs revues, leurs bases de données), mais considéré comme indispensable. De quoi inspirer les habitudes françaises très différentes. Cette science écologique et participative s’apparente à une sorte de savoir déambulatoire qui se déploie selon ses propres règles, en s’immergeant dans un territoire précis, délimité, pour y documenter régulièrement et systématiquement les espèces présentes, montrer comment elles se développent, gagnent du terrain ou régressent, voire disparaissent. Comment bien interpréter leurs manières d’agir ? Il faut apprendre à repérer les moindres indices, à les photographier mais aussi à les dessiner. Cela suppose des qualités et des affects très particuliers. On suivra avec l’autrice les plantes, les papillons comme les multiples oiseaux présents dans nos champs. Les naturalistes amateurs doivent s’adapter aux saisons, à la temporalité des vivants, à leurs tentatives pour rester invisibles. Il faut apprendre une manière de regarder, de se rendre sensibles aux minuscules différences, aux sons, aux variations de couleurs. C’est aussi une autre manière de vivre et d’habiter qu’ils nous proposent.
Bourgeoisie terrienne, fermiers, pisciculteurs, chasseurs, écologistes, néo-ruraux peuvent-ils cohabiter sur un territoire dont ils se disputent l'usage ? Comment, en Dombes, autour de l’étang qui se cultive, se pêche, se chasse et se préserve, se tisse le lien social entre ces groupes antagonistes ? Par l’attention portée aux multiples et subtiles hiérarchies, aux rapports de pouvoir qui traversent la société dombiste, l’auteur nous amène dans ce livre au plus intime du fonctionnement complexe des sociétés rurales françaises d’aujourd’hui. Avec cette analyse fine d’un système social entièrement sous tensions, où les réseaux de solidarité et d’affrontement se négocient et se redessinent en permanence, l’ouvrage dévoile comment une société locale se structure et s’invente dans la confrontation, comment elle se forme et se transforme avec et sous le regard des citadins.
Approche ethnologique d’une population et d’un territoire en lien direct avec la batellerie du Centre et de la Seine en amont de Paris.
En décembre 1972, avec le lancement de la sonde Apollo 17, la Nasa mettait un terme à son programme d’exploration de la Lune. Lorsque cette même année et la suivante, elle envoya Voyager 1 puis Voyager 2 à destination de Jupiter, Uranus, Saturne et Neptune, l’astrophysicien Carl Sagan demanda de fixer sur les sondes une plaque aux dimensions réduites et très légère, qui a atteint la postérité sous le nom de Golden Record. Pour ce « message à destination de possibles civilisations extra-terrestres », Sagan et son équipe choisirent cent dix-huit photographies « de notre planète, de nous-mêmes et de notre civilisation », qu’accompagnaient encore « 90 minutes de la meilleure musique au monde, un essai audio sur l’évolution intitulé The Sounds of Earth, ainsi que des salutations dans une soixantaine de langages humains (et en langage baleine) ».Imaginons.Imaginons que l’occasion soit donnée à une anthropologue de rejouer ce geste. Que choisirions-nous d’envoyer dans l’espace ? Quel serait notre message ? Comment nous accorderions-nous sur son contenu ? Qu’est-ce qui, au regard de l’horizon qui est le nôtre aujourd’hui, mériterait d’être sélectionné, transmis ?
Que s’est-il donc passé dans les régions d’étangs françaises pour que le cloaque pestilentiel de l’eau sombre et insalubre qui prévalait au xviiie siècle et première moitié du xixe siècle se mue en eau miroitante et fertile à la fin du xixe siècle ? Les descriptions rompent radicalement avec celles produites une cinquantaine d’années plus tôt : les eaux mortes, territoires de désolation et de putréfaction, sont devenues vives, reflets d’une nature vivante, assagie et fertile. En s’intéressant à la manière dont les scientifiques et les ingénieurs se sont emparés diversement de l’eau des étangs pour en comprendre les effets délétères et tenter d’y remédier, cet article insiste sur l’importance de considérer les conceptions de la matérialité de l’eau - gaz ou fluide – pour éclairer ce changement historique. Les différents états de l’eau apparaissent en effet comme de puissants agents de transformation des manières d’observer, de percevoir et de faire avec les milieux exondés et la putréfaction., What has happened in the french areas of ponds to make that the dark and unhealthy water which prevailed in the xviiith century and first half of the xixth century moved into gleaming and fertile water at the end of the xixth century ? The descriptions of ponds, considered as marshes, break radicaly with those produced fifty years earlier. Died waters, lands of sadness and putrefaction, became lively and fertile environment. By focusing on the way in which scientist and engineers study the noxious effects of stagnant waters and try to remedy it, the paper emphasizes the importance to consider the materiality of water – gas or fluid – to light this historical change.
Cet article s’intéresse aux diverses manières dont la discipline anthropologique a objectivé la place des animaux dans ses objets de recherche durant les trente dernières années. Attentive aux renouvellements conceptuels et méthodologiques qui agitent actuellement l’ethnologie sous l’impulsion du tournant post-symbolique, l’auteur examine les changements en cours ainsi que les critiques adressées au passé de la discipline, en posant la question de ce que les ethnologues gagnent et perdent scientifiquement à considérer l’agentivité des animaux de manière symétrique.
Vanessa Manceron argues that when naturalists take part in monitoring programs on their "local patch," they are caught between two forms surveillance: care and control.
Pour comprendre, dans le cadre de kass, l’importance et la nature des liens de parenté en milieu urbain, l’enquête ethnographique a pris place dans un grand immeuble de la ville de Nanterre. Elle montre que, appuyées sur le système des aides publiques et fondées sur des relations affectives, les relations verticales relèvent d’une forme d’obligation morale et les relations horizontales de l’ordre de l’électif. En raison de l’histoire particulière de ce bâtiment, ces relations s’articulent à un solide réseau de voisinage. On ne dira plus que l’individualisme et le salariat contemporains ont fait disparaître les liens intergénérationnels, qui participent de la modernité urbaine en France.
Cet article retrace la chronique de la crise sanitaire déclenchée au printemps 2006 par l’arrivée, dans la région française de la Dombes, du virus de la grippe aviaire h5n1hp. Il y est question de la manière dont la maladie a mobilisé les hommes selon des modalités variables, mettant en jeu à la fois les rapports sociaux et les rapports à la nature. Les oiseaux contaminés et contaminants recèlent une charge sociale explosive, à la croisée de conflits qui ont valeur de langage sur les tensions contemporaines qui traversent la société locale et plus globale.
Quand le virus de la grippe aviaire (H5N1HP) s’est introduit dans la région française de la Dombes, en février 2006, les habitants ont été confrontés à une crise sanitaire majeure. Cet événement a été vécu comme une rupture temporelle, accompagnée d’un brouillage provisoire des catégories qui organisent leur environnement naturel et social. Cet article s’attache à décrire la perception locale de l’événement en portant attention aux récits produits à cette occasion et aux malentendus qui surgissent lors de l’instauration d’un zonage sanitaire.
La profusion des savoirs et des représentations sur la région de la Dombes (France, Ain) donne à voir sa constitution laborieuse et progressive comme territoire spécifique. Les décalages et contrastes avec les descriptions passées de la contrée montrent que le « pays » s’est finalement construit sur ce qu’on l’a accusé de ne pas être. Le vocabulaire et les catégories usitées localement pour le définir disent l’archéologie de cet espace. Celles-ci ont changé au cours du temps : de terroir vide associé à une nature inculte, la Dombes est devenue un havre paysager, un espace naturel dont l’exemplarité se construit autour du motif de l’eau, de la faune et de la flore qui lui sont associées. Cette définition récente du « local » sur une base géographique et paysagère s’élabore en opposition avec la proximité urbaine, tout en s’appuyant sur le tourisme écologique et sur le politique pour que ses frontières soient moins des barrières que des portes ouvertes. Ce processus témoigne d’une instrumentalisation de la notion « d’identité locale » et de la difficulté qu’éprouvent les Dombistes à penser la région comme un patrimoine culturel.
Le décryptage des logiques d’appropriation de l’eau, dans une région d’étangs française (Dombes, Ain) permet d’analyser ce que localement les exploitants piscicoles appellent une crise hydraulique, associée à l’arrivée de nouveaux propriétaires d’étangs. Entre loi et usage, entre contrat et échange, entre mauvais procédés et bons arrangements, la logique des agissements dévoile que les difficultés de gestion de l’eau sont aussi un prétexte à la dispute, un objet dont les individus se saisissent pour défendre une position au sein de la société locale. Les conflits construisent et assurent que les groupes et les individus restent cloisonnés et hiérarchisés et permettent dans le même temps des points de passage entre eux. De même, ils témoignent d’une résistance au changement en même temps qu’ils rendent possible son assimilation.
Tensions sociales et logiques antagonistes d’une société composite et hiérarchisée Si l’attention est portée au niveau national et européen sur l’intérêt patrimonial des zones humides, les sociétés ayant contribué à les modeler sont trop souvent oubliées de nos disciplines. Vingt ans après les premiers travaux sur la Dombes (Ain, Rhône-Alpes), ayant notamment porté sur le fonctionnement technique des étangs, il me restait à explorer de larges pans du social restés méconnus et ceci dans un con...
À l'heure où la Dombes est le théâtre d'une polémique sur l'assèchement des étangs et que sont discutés les principes de droit qui régulent l'appropriation de ces derniers, une élite citadine éprise d'agronomie et de chasse asseoit son emprise locale par l'entremise du foncier. L'étang apparaît comme l'une des pièces maîtresses de ce processus historique quand, passant d'une propriété collective indivise, il est remembré et aménagé à la faveur du nouvel adage local, selon lequel il convient d'«être maître de l'étang». Cette évolution, qui marque une rupture dans les modes de mise en valeur de l'étang, entérine et confirme une forme de hiérarchie sociale intimement liée aux modalités d'accès à l'eau.þ
L’observation des usages et pratiques téléphoniques d’un ensemble de jeunes citadins parisiens (âgés de vingt à vingt-cinq ans), caractérisés par une certaine marginalité sociale et liés par des relations d’affinité, révèle l’importance du rôle joué par les outils de communication dans l’organisation et le fonctionnement du groupe. La littérature sociologique, psychosociologique et, dans une moindre mesure, ethnologique, s’est attachée depuis les années 1930 à penser les modes d’organisation ...
The observation of uses of the telephone and related practices in a group of young Parisians sharing a degree of social exclusion and linked by a sense of affinity reveals the importance of this communication tool in the organization and functioning of the group. This network of friends is built on a foundation of leisure activities and shared interests (music, parties, fashion, etc.). The very regular telephone contact reflects their need for strong cohesive relationships. It also attests to the adhesion of each member to the group and to his or her ability to use the network of friends to organize daily activities.
Le propos principal de cet article est de réfléchir sur la manière spécifique dont un groupe itinérant, celui des mariniers berrichons, s'inscrit dans l'espace, fait valoir une identité régionale et se constitue malgré la mobilité et la dispersion de ses membres. Lorsque les batelleries étaient régionalisées, les mariniers du Berry restaient alors cantonnés sur les voies navigables du Centre. Les origines communes, conjuguées à la fréquentation d'un espace professionnel spécifique, délimitaient leur territoire. Aujourd'hui, ils continuent de s'y référer et de se regrouper en des lieux appropriés par l'ensemble du groupe. L'espace familier, constitué en territoire, répond au besoin des mariniers berrichons de rester en interaction et compenser le phénomène de dispersion. Il correspond à un espace de communication et révèle leur besoin de rester entre eux, seule véritable condition pour se sentir chez eux. « Space, its extent, the territory, belong to semantics which reveal the social and is revealed to us through it » (Cadoret, 1991, p.47) The main aim of this article is to offer some thoughts about the specific way in which an itinerant social group, the bargemen of Berry, inscribes itself in space and puts across a regional identity, constituting itself as a group despite the movements and dispersal of its members. When inland water transport was regional in scale, the Berry bargemen remained within the navigable waterways of the Centre. The boundaries of their territory were marked off by common places of origin and by the fréquentation of a specific professional space. Today they continue to refer to this space and to assemble within it at points appropriated by the group as a whole. The familiar space, constituted as a territory, corresponds with the Berry bargemen's need to stay in interaction and to compensate for the phenomenon of dispersal. It corresponds with a space of communication and reveals a need to stay amongst themselves, with their own, the only real condition for feeling « at home ». « Raum, Weite und Territorium gehören zu einer Semantik, die das Soziale ans Licht bringt und vom Sozialen ans Licht gebracht wird. » (Cadoret, 1991, S. 47) In diesem Artikel geht es hauptsächlich darum, über die spezifische Weise nachzudenken, wie eine umherreisende Gruppe, nämlich die der Flußschiffer des Berry, sich im Raum einrichtet, Anspruch auf eine regionale Identität erhebt und sich trotz der Mobilität und der Verstreuung ihrer Mitglieder aufbaut. Als die Flußschiffgesellschaften noch nach Regionen gegliedert waren, beschränkten sich die Flußschiffer des Berry auf die schiffbaren Wege der Region « Centre ». Gemeinsame Herkünfte, zu denen sich der Verkehr in einem eigenartigen beruflichen Raum gesellte, grenzten ihr Gebiet ab. Heutzutage berufen sie sich immer noch darauf und gruppieren sich immer noch an Orten, die die gesamte Gruppe sich aneignet. Der familiäre Raum, der als Territorium organisiert wird, entspricht bei den Flußschiffern des Berry dem Bedürfnis, in Wechselwirkung miteinander zu bleiben und das Phänomen der Verstreuung auszugleichen. Er entspricht einem Kommunikationsraum und zeugt davon, daß sie das Bedürfnis empfinden, untereinander zu bleiben, denn nur dadurch können sie sich wirklich zu Hause fühlen.
Compte-rendu de « Biodiversité », Ethnographiques.org, n° 27, décembre 2013, coordonné par Anne Sourdril et Meredith Welch-Devine Le succès du néologisme « biodiversité » s’est imposé dans les années 1980. Il marque le moment où la nature à protéger devient nature à gérer et à piloter, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Patrick Blandin (2009). Alors que la diversité n’était jusqu’alors qu’un attribut des communautés biologiques pour rendre compte du fonctionnement du vivant, l’adoption du vocable Biodiversité indique un changement de perspective, le vivant et ses formes plurielles d’existence devenant un objectif à atteindre, relevant d’une problématique politique et globale. Cette nouvelle acception de la nature qui repose sur des tentatives de quantification et de mesure, avec l’appui du monde scientifique et des institutions en charge de l’administration de l’environnement, est un récit sentimental sur la vulnérabilité de l’environnement sous l’effet de l’industrialisation (Lousley, 2012), de telle sorte que se met en marche une communauté globale penchée au chevet d’une nature tout aussi globale qui se meurt. Dans le même temps, la diversité impose la cohabitation des différences — différents organismes dans différents milieux en prise avec différents individus dans différentes sociétés humaines. Par-delà les grands récits et les narrations sur la diversité comme un en soi global, surgissent alors les relations, les malentendus, les cloisonnements, les intérêts contr
Natures Sciences Sociétés, traite de tous les aspects de l interface homme-nature, la science faisant elle-même partie de cette interface
Comment les oiseaux vivent-ils en société, communiquent-ils en vol, nourrissent-ils leurs besoins affectifs, peuvent-ils nous enseigner plus de sagesse ?
Deux livres nous parlent de l'observation du vivant. Comment le regarder, le reconnaître, l'écrire ? Un voyage à travers le vivant dans les pas des naturalistes, des écrivains, des anthropologues, des ethnographes, des designers, des artistes et des observateurs en tout genre.
Connaître et reconnaître les plantes, les oiseaux, les papillons et autres insectes, les mondes vivants, tout autour de nous : cette pratique discrète est de plus en plus indispensable à la science.
Depuis le XIXe siècle, les naturalistes amateurs britanniques jouent un rôle décisif dans la reconnaissance, au double sens du terme, de la campagne, entendue comme une intrication de nature et de culture. L'anthropologue Vanessa Manceron a mené l'enquête.
Le Livre France de la semaine s'intéresse à une pratique scientifique discrète, mais de plus en plus indispensable : l'observation du monde du vivant. Une science participative qui n'est pas un passe-temps, mais un véritable maillon de la chaîne en Angleterre, où Vanessa Manceron a mené l'enquête.
Qui sont les naturalistes amateurs ? Et pourquoi s'intéresser à leurs observations du vivant? Bonnes feuilles.
Une anthropologue a suivi des naturalistes amateurs. Elle souligne la valeur de leurs savoirs
Entretien réalisé par Roméo Bondon avec Vanessa Manceron (Les veilleurs du vivant Avec les naturalistes amateurs, Paris, La Découverte, 2022) et Romain Bertrand (Le Détail du monde. L’art perdu de la description de la nature, Paris, Seuil, 2019.)
Apprendre à voir le monde pour mieux le comprendre : proposition qui semble évidente mais cette activité est minutieuse, méticuleuse et demande un certain savoir. Vanessa Manceron a suivi des naturalistes amateurs·ices dans leurs pratiques scientifiques quasi quotidiennes afin de comprendre leur rapport à la nature. Dans son livre, Les Veilleurs du vivant (La Découverte, 2022), l’anthropologue interroge le travail des naturalistes en les observant de la même manière dont ils et elles scrutent la nature. À quoi peut donc servir la connaissance des plantes, des oiseaux et des insectes ? Qui sont ces naturalistes qui sillonnent leur jardin, ou des contrées plus éloignées afin d’observer la nature sauvage ? Comment peut-on définir leur travail ? L’autrice, spécialiste du rapport au vivant, analyse pour Politika la sensibilité développée par ces naturalistes qui essayent de comprendre la nature pour mieux vivre avec elle et montre l’importance de ce travail « de fourmi » pour documenter la sixième extinction.
Nous devons une reconnaissance à tous ceux qui cheminent dans les campagnes ou parfois dans les villes, pour observer les vivants et enregistrer leur présence sous la forme de listes destinées à l’élaboration d’atlas et d’inventaires. Ils forment la cohorte des amateurs qu'on baptisait autrefois, « naturalistes ». Et sans lesquels on ne mesurerait pas la disparition des espèces avec en toile de fond l’idée même de Sixième extinction.