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Chants et lamentations dans les rituels funeraires chez les Druzes du sud de la Syrie. Une approche ethnomusicologique
Cette these porte sur les expressions vocales feminines de lamentation durant les rituels funeraires des Druzes du sud de la Syrie. Je montre le role majeur, dans le rituel ordinaire, des femmes qui, avec ces pratiques vocales et musicales, theatralisent l’expression de la douleur et donnent un sens collectif a la mort, au nom de toute la societe. Je prends en compte les circonstances du deces, les espaces mobilises, les temporalites, les divers types de rituels en fonction du statut du defunt (ordinaire, shaykh, martyr) et, a titre comparatif, les autres rituels du cycle de la vie (naissance, mariage). Je m’attache surtout a decrire et analyser les pratiques sonores et musicales (seuls supports de la memoire collective des defunts), et ainsi le dialogue oral entre les vivants et les morts, l’intensite sonore, la poly-musique et la poly-vocalite. Par ailleurs, en raison de la croyance druze fondamentale en la reincarnation, etablissant une continuite entre mort et naissance future, on comprend l’importance des lamentations melodisees et des chants funeraires qui, en permettant une bonne separation de l’ame et du corps, favorisent cette renaissance a venir. Dans les funerailles d’un jeune martyr (depuis 2011), ce sont plutot les hommes qui prennent en charge les expressions poetiques, chantees et dansees (la jawfiyya), car ce qui entre en jeu et leur donne une dimension publique, c’est la solidarite complexe avec l’Etat syrien. Ainsi, les expressions orales et musicales dans les rituels funeraires permettent a la communaute de tisser de nouveaux liens en son sein et a l’exterieur en incluant les vivants et les morts, et en departageant les roles entre les hommes et les femmes.
Mots-cles : Druzes, Syrie, lamentations, rituel funeraire, femmes, intensite sonore.
Songs and laments in funeral rituals among the Druze of southern Syria An ethnomusicological approach
This thesis deals with the female vocal expressions of lamentation during the funeral rituals of the Druze of southern Syria. In it, I describe the leading role taken in conventional ritual by women who, through their music and vocals, dramatize the expression of grief and give a collective meaning, on behalf of society as a whole, to death. I consider the circumstances of death, the spaces mobilized, the perception of time, the various types of rituals according to the status of the deceased (ordinary citizen, shaykh, martyr), and, by way of comparison, other life-cycle rituals (birth, marriage). I have a particular interest in describing and analyzing the role of sound and music (the only means of expression of a collective memory of the deceased), and thus the oral dialogue between the living and the dead, sound intensity, poly-music and poly-vocality. Furthermore, because of the fundamental Druze belief in reincarnation, creating a continuity between death and future birth, we understand the importance of melodized laments and funeral songs which facilitate this future rebirth by allowing an effective separation of soul from body. In the case of a young martyr’s funeral (since 2011) it is rather the men who take charge of the poetic, sung and danced expressions (the jawfiyya), because a complicated solidarity with the Syrian state comes into play and adds a public dimension. Thus, oral and musical expressions in funeral rituals enable the community to forge new links within and outside the community by bringing together the living and the dead, and by determining the roles of men and women.
Keywords: Druze, Syria, lamentations, funeral rites, women, sound intensity.
Les membres du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7186, Université Paris Nanterre/CNRS) réunis en Assemblée générale le 11 février 2025, expriment leur désaccord à la mise en place du label « Key Labs » que la Présidence du CNRS entend imposer.
Chercheur·es et enseignant·es-chercheur·es statutaires, personnels d’appui à la recherche, doctorant·es et docteur·es du Lesc, joignent leur voix aux nombreuses prises de position déjà exprimées à ce sujet, notamment par la Coordination des responsables des instances du Comité national de la recherche scientifique (C3N), la Conférence des présidents de sections du Comité national (CPCN), les Conseils scientifiques d’institut du CNRS, les sections (dont la 38), les présidences d’université, les directions d’unités de recherche, les sociétés savantes, associations et syndicats représentatifs de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Ils affirment leur désaccord avec la méthode employée et l’absence de concertation et de transparence dont fait preuve la direction du CNRS. Ils expriment leur opposition aux objectifs et conséquences de ce projet, visant à concentrer les moyens du CNRS sur 25% des UMR actuelles. En labellisant un quart des laboratoires, cette réforme tend à hiérarchiser les unités et leurs agents, à déstructurer les collectifs de travail au fondement d’une recherche collaborative, au sein des unités et entre unités, et met en péril le foisonnement et la diversité nécessaire de la recherche.
Face à l’importance de la contestation suscitée par ce projet, Antoine Petit a annoncé un moratoire de plusieurs mois jusqu’à « l’été 2025 ». Les membres du Lesc demandent que les « Key Labs » soient définitivement abandonnés. Ils invitent en outre le CNRS à engager une véritable concertation avec les universités sur le financement et l’appui à l’ensemble des UMR dans le but d’assurer les conditions d’une recherche pérenne, juste et indépendante.