Cette recherche s’intéresse à l’exercice de la parentalité dans des familles dont les enfants sont considérés comme étant en danger selon la protection de l’enfance et qui doivent se soumettre à ce qui est appelé une mesure éducative décidée par une juge pour enfant. Cette mesure se caractérise par des rencontres régulières avec au minimum un travailleur social, membre d’une équipe pluridisciplinaire. Une des particularités de cette étude est la place de professionnel-chercheur de l’ethnographe qui se construit au fil des quatre années d’enquête. La thèse cherche notamment à dessiner les contours de ce qui constitue une relation de parentalité entre un adulte et un enfant, à partir des attentes et des pratiques des différentes fonctions de la parentalité, selon et par les différents acteurs de la famille et les professionnels.
Le lien est fait, le lien s’impose, à partir des discours des interlocuteurs, entre place dans la parenté et exercice de la parentalité. Selon l’exercice de celle-ci, sans perdre ses repères de parenté, l’enfant positionne par exemple un parent biologique en dehors de sa parenté ou un adulte extérieur à la généalogie, y compris un professionnel, à l’intérieur. L’ethnographie permet de souligner les mouvements dans lesquels s’inscrivent ces familles, les configurations familiales qui changent, les attentes qui évoluent en fonction de l’âge des enfants et celui des adultes, et l’exercice de la parentalité qui varie dans le temps et dans l’espace.
En complétant les notions de parentalité et d’enfantalité par celle d’adolescentalité, l’étude montre notamment que certains interlocuteurs, les adolescents, prétendent tenter de modifier par des actes (des conduites à risques), la parentalité qu’ils reçoivent par leur(s) parent(s). Pour rendre cette dernière plus acceptable, ils souhaitent (re-)construire un récit de la parentalité dont ils sont le sujet depuis leur plus jeune enfance et qui pourrait s’ancrer dans une histoire familiale marquée par la migration, les discontinuités dans l’exercice de fonctions de la parentalité auprès d’eux et les ruptures de liens avec différents adultes.
L’idée d’un « chez-soi » entendu comme un espace refuge, lieu de sécurité et d’intimité, peut voir ses fondamentaux fragilisés dans des contextes de précarité où l’habitat serait cette fois associé à l’inconfort, au risque d’intrusion ou encore à la suroccupation. À partir de l’étude d’une configuration résidentielle marquée par la précarité d’une famille immigrée indienne vivant en France et accompagnée par un service judiciaire de protection de l’enfance, le présent article propose d’explorer les tentatives visant à définir l’intimité par et pour les membres de cette famille d’une part et les professionnelles d’autre part. Il est mis en évidence la flexibilité des usages d’une idée de l’intimité qui rend parfois difficile la compréhension entre familles et professionnelles. Cette souplesse autorise toutefois l’idée que, quel que soit le contexte, une intimité peut être pensée et possible.
La présence de jeunes enfants dans une famille nécessite l’engagement d’au moins un adulte auprès d’eux pour assurer leur protection et leur éducation. Cette condition peut se trouver menacée dans le contexte de familles transnationales dont les membres sont dispersés géographiquement. À partir d’une recherche anthropologique en cours et d’une série d’entretiens réalisés entre 2018 et 2021 dans un service judiciaire de protection de l’enfance en banlieue parisienne, cette contribution propose d’explorer les modalités pratiques de l’exercice du Care [1], à partir du cas d’une famille chinoise vivant en France au sein de laquelle la présence des adultes auprès des deux jeunes enfants n’est plus assurée en raison de la séparation du couple parental. L’article met en évidence la mobilisation d’un membre particulier du réseau familial, la grand-mère paternelle venue de Chine, et souligne l’inconfort de la place centrale du Care au sein du réseau familial qui nécessite des déplacements internationaux, des ruptures affectives et des changements de statut douloureux. Sont interrogés les enjeux d’une configuration dans laquelle prendre soin des jeunes enfants devient la priorité du réseau familial, ce qui pose également la question des ressources mobilisées pour prendre en charge les personnes âgées restées dans le pays d’origine.
Les membres du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (UMR 7186, Université Paris Nanterre/CNRS) réunis en Assemblée générale le 11 février 2025, expriment leur désaccord à la mise en place du label « Key Labs » que la Présidence du CNRS entend imposer.
Chercheur·es et enseignant·es-chercheur·es statutaires, personnels d’appui à la recherche, doctorant·es et docteur·es du Lesc, joignent leur voix aux nombreuses prises de position déjà exprimées à ce sujet, notamment par la Coordination des responsables des instances du Comité national de la recherche scientifique (C3N), la Conférence des présidents de sections du Comité national (CPCN), les Conseils scientifiques d’institut du CNRS, les sections (dont la 38), les présidences d’université, les directions d’unités de recherche, les sociétés savantes, associations et syndicats représentatifs de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Ils affirment leur désaccord avec la méthode employée et l’absence de concertation et de transparence dont fait preuve la direction du CNRS. Ils expriment leur opposition aux objectifs et conséquences de ce projet, visant à concentrer les moyens du CNRS sur 25% des UMR actuelles. En labellisant un quart des laboratoires, cette réforme tend à hiérarchiser les unités et leurs agents, à déstructurer les collectifs de travail au fondement d’une recherche collaborative, au sein des unités et entre unités, et met en péril le foisonnement et la diversité nécessaire de la recherche.
Face à l’importance de la contestation suscitée par ce projet, Antoine Petit a annoncé un moratoire de plusieurs mois jusqu’à « l’été 2025 ». Les membres du Lesc demandent que les « Key Labs » soient définitivement abandonnés. Ils invitent en outre le CNRS à engager une véritable concertation avec les universités sur le financement et l’appui à l’ensemble des UMR dans le but d’assurer les conditions d’une recherche pérenne, juste et indépendante.