Organisation : Juliette Cleuziou (LESC, Université Paris Nanterre), Isabelle Ohayon (CERCEC, CNRS, EHESS)
Avec cette journée d’étude qui réunit des historiens et des anthropologues, nous souhaitons stimuler une recherche interdisciplinaire sur l’investissement politique et économique de la mort par les sociétés en Asie centrale aux XXe et XXIe siècles. Le rapport entre les pratiques rituelles et les idéologies funéraires est au centre de notre questionnement, depuis la création des rites soviétiques dans les années 1920-30 jusqu’aux récentes politiques qui limitent les cérémonies contemporaines dans les États indépendants. L’espace du funéraire constitue une arène de tensions entre les différentes manières d’encadrer la mort, qu’elles émanent des institutions ou des autorités religieuses. Interroger cette pluralité de sources d’autorité morale permet de saisir les processus de fabrication du sacré, des pratiques funéraires et des lieux dédiés aux défunts – cimetières et mausolées. Par ailleurs, la dimension économique de ces pratiques met en jeu les solidarités familiales et suscitent des formes de consommation ostentatoires, tant les sommes engagées lors des funérailles impliquent voire obligent les communautés. L’inflation des dépenses façonne les cérémonies des cycles de vie depuis les années 1970-1980, mais s’articule désormais aux revenus des migrations internationales. Qu’il s’agisse de commémorer « dignement » le défunt ou de le rapatrier depuis l’étranger, l’accès à des ressources immédiatement disponibles mobilise des réseaux d’obligation qui doivent s’adapter aux nouveaux contextes sociaux et économiques. De quelles relations entre les sociétés, les autorités politiques et les institutions ces logiques économiques sont-elles l’expression ?