Photographies de Romain Rabier, en collaboration avec Estelle Amy de la Bretèque
De nombreux Êzidis vivaient autour du mont Shingal en Irak jusqu'à l'attaque du 3 août 2014 perpétrée par l'organisation État islamique. Ceux qui ont pu fuir ont d'abord cherché refuge dans la montagne de Shingal puis dans les camps du Kurdistan irakien. Certaines familles ont obtenu un visa d'asile pour la France avec l'aide d’associations françaises.
C'est ainsi que sont arrivés dans la Drôme, entre 2015 et 2019, une centaine de Êzidis. Dans leurs bagages, ils n’ont pu emporter avec eux que quelques objets personnels témoignant de leur culture : des bijoux, des pierres sacrées, des vêtements, quelques photos.
Ils ont également ramené de grandes couvertures polaires appelées « Betanî ». Dans les villages de Shingal, elles constituaient un bien précieux reflétant la richesse du foyer et utilisées comme dot pour les jeunes filles. Lors des mariages, les photographes professionnels tendaient ces couvertures devant les murs en terre des maisons pour s’en servir de fond pour les portraits.
Dans chaque foyer installé dans la Drôme, on peut voir encore aujourd’hui cette grande pile de couvertures soigneusement stockées et pliées. On les retrouve sur chaque lit, dans chaque chambre. Chaque Ézidi de la Drôme semble avoir ramené sa couverture d’Irak.
Le Betanî a été à nos yeux l’objet qui symbolisait le mieux leur histoire et leur parcours, de manière à la fois personnelle et collective. Le portrait posé face caméra, comme en studio, s’est ainsi imposé. Nous avons proposé ce dispositif à chaque membre de la communauté êzidie et nous avons visité chaque famille, apportant notre studio mobile de maison de maison, de Crest à Die, de Livron à Aouste, pour permettre à chacun de s’approprier sa mise-en-scène en choisissant sa couverture et la manière dont il voulait se présenter : vêtements, pose, attitude.
À ces portraits répondent d’autres images, des paroles et des objets qui questionnent les sujets qui façonnent leur exil en France : la relation à la terre, le paysage, le travail, la langue et les traditions.
Inauguration le mardi 14 mai à partir de 18h
Exposition du mardi au samedi, de 11h à 18h, Césure, 13 rue de Santeuil, Paris 5e
Cette exposition s’inscrit dans le prolongement de l’ouvrage Le collier de l'ange paon. Enquête auprès des Êzidis de la Drôme d’Estelle Amy de la Bretèque. Il retrace le parcours des Êzidis de la Drôme en leur donnant la parole.
L’ensemble du projet a été soutenu par Le Cpa, l'ethnopôle de Valence et le CNRS.