Table ronde autour du dossier « The Terms of Culture », Anthropological Quarterly, 2022 sous la direction de Anath Ariel de Vidas et Vincent Hirtzel
Depuis plusieurs décennies, les groupes autochtones d’Amérique latine ont été conduits à se présenter comme les détenteurs d’une « culture » – forcément authentique, voire « millénaire » – et se sont appuyés sur cette objectivation de soi pour faire respecter leurs droits collectifs. Si l’on a beaucoup écrit sur l'omniprésence d’un idiome culturel mondialisé, lié à une technocratie transnationale, aux agences d’État et aux ong ou encore à l’imposition d’une culture-marchandise, on s’est en revanche assez peu interrogé sur les emplois concrets et situés du terme de « culture » (ou d’autres de sens proches) tels qu’ils sont mobilisés par les Amérindiens, en étant attentifs aux circonstances de leurs usages plutôt qu’aux usages de circonstances. C’est à combler cette lacune qu’entendent contribuer les auteurs de ce dossier.
Soucieux de comprendre l’interface terminologique entre des mots imposés par les langues nationales tels que « culture », « tradition », « patrimoine » ou « coutume », et les ressources linguistiques vernaculaires mobilisées en acte par les Amérindiens, ce dossier permet de reconsidérer l’appropriation pratique du terme-concept de culture dans une perspective au croisement de l’anthropologie et de l’anthropologie linguistique. Que ce soit au prisme de problèmes de traduction, en s’intéressant à des processus historiques marqués par la christianisation ou encore à travers l’examen de subtilités grammaticales, il propose ainsi de nouvelles pistes d’analyse qui démontrent que les groupes autochtones d’Amérique sont loin de parler l’idiome mondialisé de la culture de la même manière.
Avec la participation de Bernard Formoso, Jean-Léo Léonard, Anne-Marie Lozonscy, modération Caroline Cunhill et les auteurs et autrices, Anath Ariel de Vidas, Vincent Hirtzel, Marie Chosson, Valentina Vapnarsky et Cédric Yvinec.
Le programme détaillé est disponible ici.
Les interventions seront en français.
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Le centre Erea, anciennement unité autonome du CNRS, fondée en 1986, regroupe des spécialistes des sociétés amérindiennes, sur une aire qui s’étend des basses terres d’Amérique du Sud, particulièrement l’Amazonie, aux Andes et à la Mésoamérique.
Développées dans le cadre de projets collectifs, les recherches explorent des perspectives comparatives et théoriques sur des thématiques diverses, tout en attribuant une place centrale à l’ethnographie. Impliquant souvent des approches interdisciplinaires, elles sont engagées dans les champs de l’anthropologie linguistique et cognitive, l’anthropologie politique, l’anthropologie visuelle ou encore l’ethnohistoire. Certains projets explorent d’autres formes de pluridisciplinarité, avec l’archéologie par exemple (Germ).
À partir de solides enquêtes de terrain, les membres du centre Erea entendent améliorer la connaissance des problématiques générales touchant ces sociétés mais aussi aux transformations contemporaines qui sont les leurs. Ils s’impliquent aussi auprès des communautés et des institutions locales (publications, enseignements, restitution de savoirs, etc.).
Le centre Erea assure un séminaire régulier et coorganise le séminaire d’anthropologie américaniste. Ses membres participent à la formation et à l’encadrement de la recherche dans plusieurs institutions en France (université Paris Nanterre, Inalco, EHESS, musée du quai Branly-Jacques Chirac) et à l’étranger, où l’Erea a noué des partenariats solides avec de nombreuses institutions en Argentine, au Brésil, en Colombie, en Équateur, au Mexique, au Pérou ainsi qu’aux États-Unis et en Europe.
Le centre Erea a constitué, au fil des ans, un réseau international de chercheurs associés, et accueille régulièrement des collègues et doctorants étrangers. Il est partenaire de programmes internationaux (ANR, GDRI, Pics) et impliqué dans l’organisation de nombreux colloques nationaux et internationaux. Depuis sa création, les membres de l’Erea sont par ailleurs très actifs au sein de la Société des américanistes.