Ce séminaire vise à rendre compte de recherches menées entre 2008 et 2019 chez les Ashaninka et chez les Nomatsiguenga, groupes parents de langue arawak, tous deux fortement impliqués dans les épisodes de violence tragique qu’a traversé le Pérou à l’époque. Après l’évocation du cadre conceptuel de l’anthropologie de la violence posé par Françoise Héritier (la violence en tant que négation de l’humanité de l’Autre qu’on extermine), j’aborderai le passage de l’état de paix à l’état de guerre, en soulignant que la guerre interne péruvienne fut aussi une guerre civile dans les épicentres du conflit (Ayacucho, Huancavelica, Apurímac, Huánuco et Satipo). Selon la Commission de Vérité et Réconciliation (CVR), il y eut plus de 70 mille morts et plus de 22 mille disparitions. Sendero Luminoso fut responsable de 54% des décès.
Dans un deuxième temps, seront évoquées les caractéristiques de la guerre déclenchée par Sendero Luminoso chez les Ashaninka et Nomatsiguenga dans le contexte national. Comme ailleurs, les natifs se sont divisés en camps ennemis et ont été tout à la fois victimes et perpétrateurs. Or, cette réalité est encore niée par la plupart de nos collègues. On insistera sur les faits d’extrême violence qui restent peu connus. En effet, en dehors des massacres, des exécutions, de tortures, des violations sexuelles, des recrutements d’enfants-soldats et de filles esclaves sexuelles perpétrés par les subversifs et par les militaires contre les natifs, Sendero Luminoso a réussi à réduire en captivité des milliers d’autochtones dans des camps totalitaires ‘senderistes’. Il s’agit du fait le plus important de la guerre chez les Ashaninka et les Nomatsiguenga, qui n’a été identifié ni par la CVR ni par les chercheurs.
Le séminaire de l’EREA (Enseignement et recherche en ethnologie amérindienne) est un espace de discussion, ouvert à tout public, flexible et modulable, qui a pour vocation de stimuler les échanges entre la formation américaniste du département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre et les chercheurs du Centre ainsi que des invités extérieurs. Tout en étant un foyer de réflexion sur les recherches américanistes en cours, il sert également de plate-forme pour la divulgation des travaux des doctorants, post-doctorants et chercheurs associés.
Sous forme de présentations individuelles, de cycles thématiques ou de demi-journées d’étude, il apporte ainsi un espace de recherche complémentaire aux réunions du Séminaire d’anthropologie américaniste (SAA) et au Groupe d’enseignement et de recherche sur les Mayas et la Mésoamérique (GERM).
Certaines séances sont disponibles en replay sur la chaîne Erea de Canal U.
Organisation : Valentina Vapnarsky, Aline Hémond, Philippe Erikson et Vincent Hirtzel
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