L’ethnographie de quelques groupes d’artisans singuliers (les maîtres d’art, les compagnons du Tour de France), qui pensent explicitement la production de leur chef-d’œuvre à l’instar de l’écriture d’une thèse jusque dans les formes de la « soutenance », avait suggéré de prendre au sérieux ce rapprochement. Cette confrontation entre des régimes de vie de savoir a priori distincts a permis de mettre au jour, derrière la métaphore émique, une disposition intellectuelle commune : une réflexivité haut régime. Si elle appartient à tout individu, seuls quelques-uns (artisans, artistes, savants entre autres) offrent suffisamment de prise pour en déployer la palette vaste des formes qu’elle peut prendre et des effets qu’elle peut avoir sur l’existence de ceux qui la mettent en œuvre.
La prise en compte de cette diversité et les échos qu’elle suscite avec des phénomènes en apparence dissociés (la culture du projet, l’exigence à vivre sa vie, à s’optimiser, à se raconter, etc.) m’ont invité à requalifier les procédures réflexives au sein d’un ensemble plus vaste : la « vie-devant-soi ». Après en avoir décrit quelques-unes de ces manifestations à partir de cas concrets, je tâcherai de montrer les implications générales de cette requalification.
« Anthropologie à Nanterre » est un séminaire d’anthropologie généraliste, organisé par le Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative et le Département d’anthropologie de l’université Paris Nanterre. Le séminaire a lieu un mardi sur deux de 14h à 16h à la MSH Mondes, bâtiment René-Ginouvès, salle 308F (3e étage).
Le programme : semestre 2
Les séances sont ouvertes à toutes et tous.
Organisation : Estelle Amy de la Bretèque, Emmanuel de Vienne (semestre 1) ; Pascale Dollfus, Anne Yvonne Guillou (semestre 2)