Les voix de l'exil. À l'écoute des expériences musicales dans la diaspora tibétaine de la "Petite Lhasa" (Dharamsala, Inde)
Thése réalisée sous la direction d'Anne de Sales et Christine Guillebaud
Composition du jury :
Anne de Sales (directrice, LESC CNRS)
Christine Guillebaud (directrice, LESC-CREM CNRS)
Denis Laborde (président du jury, CNRS EHESS, Centre Marc Bloch)
Monika Salzbrunn (membre du CSI, Université de Lausanne, ISSR-ORS)
Nicolas Sihlé (membre du CSI, CESAH CNRS)
Isabelle Henrion-Dourcy (rapporteure, Université de Laval)
Nicolas Puig (rapporteur, IRD URMIS)
Résumé de la thèse :
Quel rôle joue la musique quand on a perdu sa place au monde ? C’est la question qu’explore cette thèse à travers une enquête centrée sur l’écoute individuelle des membres de la diaspora tibétaine en Inde. Cette étude est plus particulièrement menée à Dharamsala, capitale des réfugiés tibétains depuis la fuite du XIVe dalaï-lama en 1959 face à l’invasion du Tibet par la Chine. Elle se base sur plusieurs séjours ethnographiques effectués sur une durée de 13 mois entre 2018 et 2022. D’une part, l’environnement spatio-temporel et culturel dans lequel l’écoute prend place est exposé. Nous suivons le parcours quotidien de plusieurs habitantes des quartiers de Nyamlé, Gangkyi et TIPA Road grâce à une ethnographie spatialisée. D’autre part, l’évaluation d’une playlist musicale lors de Séances d’Ecoute Systématisées par dix participants permet d’accéder au sens musical et aux logiques d’attribution de la valeur. Des portraits d’auditeurs restituent les données recueillies et rendent compte de la diversité des expériences musicales. Combinant les approches ethnographique, phénoménologique ainsi que les études exiliques et celles du sonore, cette thèse tente de mettre au jour une des manières dont l’écoute musicale participe de l’expérience de l’exil. Il s’agit d’aborder le lien entre la musique et cette situation de crise en intégrant pleinement les enjeux existentiels du déracinement. Cette thèse entend dépasser les références aux notions de « bien-être » et d’intégration pour analyser le rôle actif des auditeurs tibétains dans leur manière d’être-au-monde en exil.